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Critique de candlemas


Attention, déclaration d'amour...

De Joseph Kessel, François Mauriac a écrit : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d'abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l'univers sans avoir perdu son âme. » Pour moi, un grand écrivain, de la tempe de Cendrars ou Hemingway... aventurier, reporter, aviateur, résistant... un héros de roman à lui tout seul... qui, mieux que lui, aurait pu nous révéler l'âme des cavaliers afghans et écrire leur épopée ?

Les Cavaliers est un chef-d'oeuvre, et pour moi une évidence parmi les évidences :
Quand on aime Saint Exupéry, comment ignorer ses compagnons et amis et l'aérospatiale, Mermoz et Kessel ? Quand on s'émeut de la lecture du Lion, comment ne pas approfondir l'univers psychologique si riche de son auteur, suivre la piste du lion ? Quand enfin on découvre que l'on est aussi fan du neveu, Maurice Druon, on se dit que décidément c'est là un auteur avec lequel on pourra longtemps cheminer sans s'ennuyer...
Les Gardiens des monts pakistanais, livre imagé, m'avait fait rêvé, enfant, de voyages et de reportages auprès de ces montagnards rudes et fiers ; jeune homme, Kessel m'y a transporté, comme tant d'entre nous, avec son oeil de reporter, qui capte et déroule non seulement sous nos yeux, mais aussi sous notre nez et sous nos pieds nus, la beauté rude de ces contrées, de ces modes de vie, de ces personnalités burinées.

Je ne parlerai pas de la trame des Cavaliers. C'est une grande épopée dramatique, qui se déploie sur 570 pages ; un grand roman plein d'émotions fortes et complexes, révélatrices d'une connaissance riche des hommes et des aléas de la vie ; une mise en scène intelligente et sensible de destins croisés, dont le seul élément fixe serait l'amour du cheval, de l'afghanistan, d'un mode de vie authentique.

Dans Les Cavaliers, comme dans ses autres romans, Kessel est bien ce "barbare au coeur sensible", qui hésita enfant entre l'écriture et la boxe. Comme Monfreid, comme Conrad, il conte, sans grandiloquence et sans dissimuler leur part sombre, l'aventure et l'héroïsme. Trop concret pour se faire moraliste ou philosophe, il nous ouvre pourtant toute sa sensibilité quand il s'agit de décrire les tourments passionnels des hommes et les souffrances des faibles.

Un livre inoubliable donc, un must ; l'aïeul de tout le monde, Jeol, Ouroz et Zere hanteront encore longtemps mon imaginaire, quand toute connaissance sera évanouie : comme le disait Kant, "imaginer c'est tout, savoir ce n'est rien du tout...." Merci, donc, Joseph, pour ce supplément de vie.

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