La première réflexion qui m'est venu au bout de quelques pages de lecture, cela a été : mais pourquoi donc ne l'ai-je pas lu avant, comment ai-je pu passer à côté pendant près de quarante ans ?
La forme choisie par David Keyes, le journal-compte-rendu de Charlie, est une idée brillante, c'est ce qui en fait une oeuvre touchante, avec toutes ces évolutions de Charlie perceptible dans le texte même jusque dans son orthographe, dans l'espacement des comptes-rendus, dans la longueur des textes. La description des états d'âme de Charlie est fine, on sent ce qui compte pour lui, avant comme après l'opération : avoir des amis, devenir intelligent et apprendre plein de choses. On le voit évoluer, on suit son impatience, ses interrogations, on perçoit toutes les difficultés qu'il a avoir des amis tant quand il a un QI de 70 (mais il est heureux alors et croit avoir des amis) que quand il a un QI de génie (les autres le trouvent arrogant, mais dans son journal, on s'aperçoit que ce n'est pas le cas). Il faut dire que son intelligence émotionnelle n'a pas suivi, mais il progresse quand même en ce domaine, mais douloureusement. Son attachement pour Algernon est ce qui le rend dès le début sympathique, ainsi que son refus d'être un cobaye, ou plus précisément le refus d'être nié dans ce qu'il était avant l'opération. C'est un roman qui aborde avec finesse quantité de questions, il n'y répond pas forcément, mais ouvre quantité de pistes, d'interrogations. le seul bémol, c'est qu'il lie systématiquement mémoire et intelligence, alors que le lien est ténu : on ne peut apprendre sans mémoire, certes, mais, d'une part il y a différentes formes de mémoire, d'autre part il y a bien des gens qui ont beaucoup de mémoire sans être particulièrement intelligents.
J'avais déjà placé 6 livres dans le top 6 de 2021, du coup j'en ai déplacé un pour faire une place à
Des fleurs pour Algernon.