A partir de ce jour-là, jamais - au grand jamais - je n'ai réussi à dire "papa" à mon père. Non pas que je l'en aie jugé indigne, mais quelque chose, que je ne m'explique pas aujourd'hui encore, s'était définitivement contracté dans ma gorge et empêchait le vocable le plus chéri des enfants de sucrer mon palais.
Je n'ai rien oublié; j'ai tout pardonné. A aucun moment je n'ai jugé utile de lui rappeler le mal qu'il nous avait fait. Je pense que je n'ai jamais réussi à lui en vouloir vraiment. C'est mieux ainsi, et c'est merveilleux. Mon bonheur et ma fierté viennent de là. Pour vivre heureux, il faut vivre sans rancune.
La femme que j'aimerai
Me donnera sa vie entière
Pour une poignée de blé
Et arrachera ses chairs
Pour en panser mes plaies
Je veux qu'elle soit forte
A détourner le destin
Et sur les années mortes
Retracera mon chemin
... La vie étant ce qu'elle est, on ne choisit pas sa mère, pas même ses amis .. On croit créer son monde alors que l'on s'en accommode .. On n'est jamais que l'instrument de sa propre chimère .. Que l'on subisse ou que l'on se réjouisse, le dénuement affligeant de l'hiver n'empêchera pas le printemps de pavoiser .. Le sage négocie les volte-face des saisons avec philosophie .. Le moins sage n'y pourra rien changer .. Il faut un peu de tout pour faire un monde, et beaucoup de courage pour s'y creuser un trou.
La lecture était notre principale forme d'évasion.Elle nous parlait du monde qui nous faisait défaut, de gens auxquels nous aurions aimé nous identifier, de contrées lointaines et de civilisations; nous racontait les guerres, les drames et les aberrations d'une humanité en perpétuelle remise en question;...
Il faut savoir tolérer ce qu'on ne peut empêcher.
Les jours de classe se suivaient et se ressemblaient. Ils s'encordaient en une fastidieuse kyrielle de déjà-vu, inextricable et frustrante. Je m'ennuyais, la tête tournée vers la fenêtre, à contempler le même arbre, le même pan de ciel, la même partie de la cour déserte et grise.
Nous eûmes pour professeur de français un Algérien d'El Asnam, un certain Kouadri; un formidable pédagogue dont les cours en apothéose transformaient la classe en salle des fêtes.
“Aucune force ne peut retenir un enfant qui court retrouver sa famille.”
...je n'aimais pas la poisse qui me collait aux trousses comme si elle avait peur que je m'envole , je n'aimais la rage qui me consumait de l'intérieur sans m'immoler une fois pour toute , je n'aimais pas qu'on me prenne pour un charmeur de serpent alors que j'essayais seulement de jouer de la flûte...