Lorsque l'horreur frappe, c'est toujours le cœur qu'elle vise en premier.
Il n'y a rien, absolument rien au-dessus de ta vie... Et ta vie n'est pas au-dessus de celle des autres.
Jamais je ne me suis senti impliqué, de quelque manière que ce soit, dans le conflit sanglant qui ne fait, en vérité, qu'opposer à huis clos les souffre-douleur aux boucs émissaires d'une Histoire scélérate toujours prête à récidiver.
Grâce à lui, alors que je grandissais sur une terre tourmentée depuis la nuit des temps, je refusais de considérer le monde comme une arène. Je voyais bien que les guerres se succédaient aux guerres, les représailles aux représailles, mais je m'interdisais de les cautionner d'une manière ou d'une autre. Je ne croyais pas aux prophéties de la discorde et n'arrivais pas à me faire à l'idée que Dieu puisse inciter ses sujets à se dresser les uns contre les autres et à ramener l'exercice de la foi à une absurde et effroyable question de rapport de forces.
"Celui qui t'a dit qu'un homme ne doit pas pleurer ignore ce qu'homme veut dire", m'avoua mon père en me surprenant effondré dans la chambre mortuaire du patriarche. "Il n'y a pas de honte à pleurer, mon grand. Les larmes sont ce que nous avons de plus noble."
Car l'unique combat en quoi je crois et qui mériterait vraiment que l'on saigne pour lui est celui du chirurgien que je suis et qui consiste à réinventer la vie là où la mort a choisi d'opérer.
On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise - il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué.
Je n'étais pas fils de sultan, mais c'est un prince que je revois, les bras déployés en ailes d'oiseau, survolant la misère du monde comme une prière les champs de bataille, comme un chant le silence de ceux qui n'en peuvent plus.
On ne peut pas arroser d’une main la fleur qu’on cueille de l’autre ; on ne rend pas sa grâce à la rose que l’on met dans un bocal, on la dénature ; on croit embellir son salon, en réalité, on ne fait que défigurer son jardin
- Que te dire, Amine ? Je crois que même les terroristes les plus chevronnés ignorent vraiment ce qu'il leur arrive. Et ça peut arriver à n'importe qui. Un déclic quelque part dans le subconscient, et c'est parti. Les motivations n'ont pas la même consistance, mais généralement, ce sont des trucs qui s'attrapent comme ça, dit-il en claquant des doigts. Ou ça te tombe sur la tête comme une tuile, ou ça s'ancre en toi tel un ver solitaire. Après, tu ne regardes plus le monde de la même manière. Tu n'as qu'une idée fixe : soulever cette chose qui t'habite corps et âme pour voir ce qu'il y a dessous. A partir de là, tu ne peux plus faire marche arrière.