Ça ne sert à rien de rester ici. Les morts sont morts et finis, quelque part ils ont purgé leurs peines. Quant aux vivants, ce ne sont que des fantômes en avance sur leur heure…
Je ne t'ai pas humilié pour la forme. Je n'aime pas humilier. Je l'ai été, et je sais ce que c'est. Tous les drames sont possibles lorsqu'un amour propre esst bafoué. Surtout quand on s'apercoit qu'on n'a pas les moyens de sa dignité, qu'on est impuissant.
Encore une chose, docteur : entre s'intégrer et se désintégrer, la marge de manoeuvre est si étroite que le moindre excès pourrait tout fausser.
Il est des matins qui se lèvent sur d'autres nuits.
Je dois remonter la pente. Le fond ne sied à personne.
La vie est une perpétuelle vacherie, un long tunnel miné de trappes et de crottes de chiens. Que l'on se relève d'un bond ou que l'on reste à terre n'y change pas grand-chose. Il n'y a qu'une seule possibilité pour aller au bout des épreuves : se préparer tous les jours et toutes les nuits à s'attendre au pire.
Celui qui t'a dit qu'un homme ne doit pas pleurer ignore ce qu'homme veut dire.
L'homme a inventé la guerre; la femme a inventé la résistance.
On croit savoir. Alors on baisse la garde et on fait comme si tout est au mieux. Avec le temps, on finit par ne plus prêter attention aux choses comme il se doit. On est confiant. Que peut-on exiger de plus ? La vie nous sourit, la chance aussi. On aime et on est aimé. On a les moyens de ses rêves. Tout baigne, tout nous bénit... Puis, sans crier gare, le ciel nous tombe dessus. Une fois les quatre fers en l'air, nous nous apercevons que la vie, toute la vie - avec ses hauts et ses bas, ses peines et ses joies, ses promesses et ses choux blancs ne tient qu'à un fil aussi inconsistant et imperceptible que celui d'une toile d'araignée. D'un coup, le moindre bruit nous effraie, et on n'a plus envie de croire à quoi que ce soit. Tout ce qu'on veut, c'est fermer les yeux et ne plus penser à rien.
Mais comment accepter d’être aveugle pour être heureux, comment tourner le dos à soi même sans faire face à sa propre négation ? On ne peut pas arroser d’une main la fleur qu’on cueille de l’autre : on ne rend pas sa grâce à la rose que l’on met dans un bocal, on la dénature ; on croit embellir son salon, en réalité, on ne fait que défigurer son jardin.