Deux femmes dans un monde d'hommes. Dans un bled perdu («un village en passe de devenir une petite ville»). Avec, tout autour, plein d'hommes mâles vivant les relations inter-genres comme si le monde alentour n'avait pas évolué depuis des siècles. Bien sûr, la révolution de Novembre 54 avait bouleversé les rapports, la femme devenue combattante pour la libération du pays mais, hélas, la décennie noire, avec ses islamistes et ses terroristes (d'un autre temps et d'un autre monde) avait ramené la société au plus bas de son évolution.
Donc, deux femmes, l'une quelque peu âgée, Aïcha (en fait Nedjma) devenue assez vite en raison de son humeur irascible et au caractère d'une insolence insupportable (rebelle et féministe, déjà ! mais on disait aussi qu'elle était hermaphrodite), donc «au corps infréquentable», et vivant sans peur et sans reproches : surnommée «Ycha-rajel»; l'autre, Zina, a réussi son bac et compte bien aller à l'université. Mais, hélas, orpheline très tôt, recueillie par ses grands-parents, elle s'est trouvée sous la coupe d'un vieil «ami» de la famille («Jeddi Larbi»), habitant sous le même toit avec sa vieille femme, «qui ne rate pas une seule prière quotidienne», lequel, de violence en viol, va la mettre enceinte. Obligée de partir pour avorter, elle se retrouve dans une «maison de passe» clandestine (à noter qu'en Algérie, ces endroits sont interdits mais elles pulluleraient). Revenue bien plus tard au village, elle est enlevée par le GIA qui l'offre en captive sexuelle à l'émir du groupe. Elle rencontrera au maquis son futur mari, un enseignant «égaré». Elle arrivera à s'évader avec lui. Elle sera accueillie par Aïcha. Deux destins de femmes
insoumises qui ne vont plus se quitter, faisant face ensemble -avec certes l'aide de l'époux- aux hommes de main de l'émir, et ce même après la «Concorde nationale».
Un ouvrage écrit comme un scénario de film : un thème, peu de sujets, deux personnages principaux. Que de plans ! Et une fin (presque) heureuse sur fond de drame. Lecture parfois trop hachée.