Une fois arrivé dans la partie sud, on pouvait voir le palais. J'y suis entré d'un pas lent. Il était bondé de jeunes écoliers sans doute en voyage scolaire et de touristes qui regardaient tout à travers leur caméra vidéo en fermant un oeil. Les appareils photographiques japonais ont pratiquement disparu, la mode est maintenant à la caméra vidéo. C'est la gourde de Jinny. Elle avale tout : le palais du Belvédère, le lac devant le palais. Dans la mémoire de ces gens-là, le Belvédère se réduit à une image vaguement esquissée dans un carré bleuté. En cherchant l'immortalité du souvenir, ils sacrifient le présent. C'est désolant mais c'est comme ça.
Je fais très attention aux gens qui se plongent dans les autoportraits de Van Gogh. Ce sont des solitaires. Ils ont regardé au moins une fois à l'intérieur d'eux mêmes. Ils savent à quel point cette expérience est périlleuse mais aussi quel plaisir intime elle procure.
"M. Kim a un don certain pour brouiller les pistes : loin de l’autodestruction, son roman expose plutôt, avec talent et cynisme, l’art de détruire autrui. Même si les victimes sont consentantes". - Avant-propos GILLES BAUD BERTHIER
Ce qu’il aime, c’est révéler leur pulsion de mort à ses cibles, « jusqu’au stade où la personne devient digne d’être mon client ».
Les humains ont toujours eu peur de l’espace vide qui niche au fond de leur âme.
Ceux qui ne savent pas condenser sont impudents, tout comme ceux qui laissent leur vie minable se traîner. Ceux qui ne connaissent pas la beauté de la réduction meurent sans comprendre le sens dramatique de la vie.
C’est ainsi que je deviens petit à petit un dieu parfait. À notre époque, il n’y a que deux voies pour ceux qui aspirent à être un dieu : la création ou le meurtre.