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Critique de coincescheznous


Mea Culpa! Pendant longtemps, j'ai été stupide. Je dédaignais les livres de cet immense auteur américain.

Les couvertures criardes, le succès international, les histoires d'horreur, la production pharaonique ( 56 livres en 40 ans tout de même), tout cela me semblait louche.

Stephen King écrivait de la littérature de genre pour ne pas dire de gare, comme Marc Lévy pond des histoires romantiques…Bref, il produisait des livres commerciaux, mais sans la moindre ambition littéraire. Mea Culpa!

J'avais quelques excuses néanmoins. J'ai découvert la littérature et son pouvoir aspirant par les livres fantastiques et d'horreur ( Lovecraft, K Dick, Huxley, Poe, Bradbury…) J'avais lu le meilleur jusqu'à l'overdose, pourquoi m'ennuyer avec d'autres récits de genre ? Je voulais autre chose que des histoires de monstres et d'au-delà.

Mais voilà, souvent au détour d'une conversation littéraire, ce nom revenait à mes oreilles auréloé de superlatifs. Et puis j'avais vu quelques unes des adaptations de ses livres comme Carrie, Shining, Stand by me, Misery… comme tout le monde ou presque. Elles étaient inégales, mais certaines excellentes.

Alors un jour, il y a quelques années, pour ne pas mourir idiot, pour ne pas rester sur de bêtes préjugés, j'ai ouvert Duma Key du dit Stephen King. Depuis, je prends régulièrement rendez-vous avec ce monsieur pour de délicieux moments de lecture.

Disons-le tout de suite, rarement, ai-je lues d'histoires aussi prenantes, aussi bien maîtrisées sur plus de 500 pages (voire bien plus pour certains de ses ouvrages), rarement la densité des personnages ne s'est aussi bien mariée à une intrigue prenante et addictive, rarement ai-je été à ce point épaté par autant de dextérité dans la conduite d'un récit à rallonge et ai-je pris autant de plaisir à le dévorer.

Au delà de la simple maîtrise et l'aspect purement ludique et jouissif de ses romans, King dissèque avec une rare maestria la violence des hommes et du monde. Il y a quelque chose de brut, de sauvage dans ses récits, où les os se brisent, le sang gicle et les pires atrocités sont commises. Il nous dit là quelque chose sur l'Amérique et plus largement, je crois, sur notre propre nature, bien au-delà des histoires de spectres, des fantômes ou d'extra-terrestres, qui au final ne sont que des prétextes à explorer la face sombre de l'humanité.

22/11/63, l'une de ses dernières grosses productions, est une magnifique illustration de cela.

Il part bien sûr d'une situation fantastique: une faille temporelle permet à un homme de 2011 de revenir dans le passé, en 1958. Il se met en tête de changer la face du monde, en évitant l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Et nous voilà partis tambours battants pour un passionnant récit de plus de 1000 pages, aussi fou qu'haletant.

22/11/63 est autant une histoire voyage dans le temps, qu'une magnifique radiographie des années 60, qu'une histoire d'amour intemporelle, qu'une passionnante uchronie, qu'une enquête sur l'une des plus grandes énigmes du XXème siècle, qu'une réflexion (comme toujours) sur la brutalité du monde et des hommes.

Au fil de ce merveilleux pavé, dont ne peut se défaire et qui vous trotte dans la tête toute la journée, nous découvrons également l'un des plus incroyables et puissants croque-mitaines du bestiaire kingien et peut-être même de toute la littérature : le passé. Mais je ne vous en dirais pas plus, sauf à ajouter que cette idée est absolument géniale et aurait, si j'ai un petit reproche à faire, pu être encore plus exploitée, tellement elle est bonne! Mais dans ce travail de virtuose, il n'y a pas grand chose à redire, au contraire, il suffit de se délecter d'une telle richesse, d'une telle force d'attraction et de jouir du plaisir d'y passer des heures et des heures.

C'est avec tristesse que j'ai refermé 22/11/63. J'aurais voulu que jamais il ne se termine, mais l'autre grand bonheur avec King, c'est que vue l'étendue de sa production, il y en a toujours un autre à lire! Alors monsieur King, on remet cela quand?

Tom La Patate
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