Sac d'os

J ai lu ce livre il y a bien des années !! Je suis en train de faire une relecture et franchement, je me souviens de beaucoup de passages ce qui veut dire qu il m avait déjà marqué à l époque !! Du grand Stephen King !!

Il y a quelque chose d'étrangement réconfortant dans le fait de parler à un conseiller juridique, une fois que le compteur à billets verts a commencé à tourner; on a franchi le stade magique au-delà duquel un avocat devient votre avocat. Votre avocat est chaleureux, votre avocat est sympathique, votre avocat prend des notes sur des blocs de papier jaune et hoche affirmativement la tête quand il le faut. Vous êtes capable de répondre à la plupart des questions qu'il vous pose; et si vous n'y arrivez pas, votre avocat vous aidera à trouver le moyen de le faire, nom d'un petit bonhomme. Votre avocat est toujours de votre côté. Vos ennemis sont ses ennemis. A ses yeux, vous n'êtes jamais de la merde, votre personne lui est toujours sacrée.

J'ai tendance à penser que l'humour est presque toujours de la colère dissimulée sous du maquillage, mais dans les petites villes, la couche a tendance à être légère.

Le chagrin a tout de l'invité beurré qui revient cent fois de suite pour une dernière embrassade avant de partir.

Les gens doués d'une grande tolérance à l'ennui peuvent beaucoup réfléchir.

Elle se retourne vers lui; elle a peur mais ne le montre pas. Elle en est à sa trente-sixième année sur cette terre, elle sait ce qu'ont les hommes et où ils veulent le mettre depuis qu'elle a onze ans, elle sait aussi que lorsque des hommes sont ainsi en groupe, bien imbibés de gnole (elle la sent d'ici), ils renoncent à penser par eux-mêmes et se transforment en une meute de chiens. Si on laisse voir sa peur, ils vous tombent dessus comme une meute de chiens et ont des chances de vous mettre en pièce comme des chiens.
En plus, ils l'attendaient en embuscade. Il n'y a pas d'autres explication à leur soudaine apparition.

Peu de territoires domestiques sont aussi poussiéreux que le Royaume du Sousplumard.

C'est ainsi que nous fonctionnons un jour à la fois, un repas à la fois, une souffrance à la fois, une respiration à la fois. Les dentistes ne vous insensibilisent qu'une dent à la fois; les charpentiers de marine ne construisent qu'une coque à la fois. Quand on écrit un livre, on avance une page a la fois. Nous nous détournons de tout ce que nous savons et de tout ce que nous redoutons.
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Cette idée en appela une autre. Fais ce que tu veux, avaient-elles dit toutes les deux. Fais ce que tu veux. C’était une réplique que je connaissais. Pendant mon séjour à Key Largo, j’avais lu un article de fond sur la pornographie, dans l'Atlantic Monthly, écrit par je ne sais plus quelle féministe - ni Naomi Wolf ni Camille Paglia, en tout cas. Sally Tisdale, peut-être ? Ou bien mon esprit me renvoyait-il en écho déformé le nom de Sara Tidwell ? Toujours est-il qu'elle y prétendait que « fais ce que moi je veux » constituait la base de l'érotisme pour les femmes, et que « fais ce que toi tu veux » était la base de la pornographie pour les hommes. Les femmes s'imagineraient prononçant la première réplique dans les situations sexuelles ; les hommes s'imagineraient qu'on leur dirait la deuxième. Et, ajoutait-elle, lorsque le sexe tournait mal dans la réalité, devenant parfois violent, parfois humiliant ou tout simplement raté, du point de vue de la femme, la pornographie serait le coupable méconnu. L'homme aurait tendance à s'en prendre à la femme et à lui hurler: « Tu voulais que je le fasse! Arrête de mentir et reconnais-le ! C'est toi qui as voulu ! »
L'auteur de l'article affirmait qu'à cela se réduisait tout ce que les hommes espéraient entendre dans chambre : fais ce que tu veux. Mords-moi, sodomise-moi, lèche-moi entre les orteils, bois du vin dans mon nombril, brosse-moi les cheveux, tends-moi ton derrière que je te mette une fessée, n’importe quoi. Fais ce que tu veux. La porte est fermée a clef, et nous sommes ici, mais en réalité il n'y a que toi ici, je ne suis que l'incarnation de tes fantasmes et toi seul existes. Je n'ai aucun désir propre, aucun besoin propre aucun tabou. Fais ce que tu veux de cette ombre, de ce fantasme, de ce fantôme.
Je m'étais dit que l'auteur de cet essai racontait pas mal de conneries, qu'affirmer qu'un homme ne peut trouver de satisfaction sexuelle qu'en transformant une femme en une sorte d'accessoire à branlette en disait plus sur l'observatrice que sur ce qu'elle observait. Cette dame maniait le jargon du sujet avec dextérité et ne manquait pas d'esprit, mais en fin de compte, elle ne faisait que répéter ce que Somerset Maughan, l'auteur préféré de Johanna, faisait dire à Sadie Thompson dans « Pluie », une nouvelle écrite quatre-vingts ans auparavant : les hommes ne sont que des bêtes, des bêtes égoïstes, tous tant qu'ils sont. Mais nous ne sommes pas des bêtes, en règle générale ou du moins, nous ne le sommes pas tant que nous n'avons pas été poussés dans nos derniers retranchements. Et dans ce cas, il s'agit rarement de sexe mais bien plutôt de territoire. J'ai entendu des féministes affirmer que pour les hommes le sexe et le territoire étaient interchangeables, ce qui me parait très loin de la vérité.
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Les objets faits a la main, comme les choses de l'esprit, ne peuvent jamais être tout a fait identiques, même quand on fait de son mieux pour cela, car nous ne sommes jamais les mêmes d'un jour à l'autre, voire d'un moment à l'autre.
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