Essential Captain America, tome 1

En novembre 1964, Marvel accordait enfin à son héros étoilé de la seconde guerre mondiale le droit d'avoir ses propres histoires. Elles furent publiées dans le magazine « Tales of Suspense ». Les histoires ne faisaient que 10 pages et le Vengeur au bouclier partageait la vedette avec Iron Man. En avril 1968 « Tales of Suspense » disparaissait au n°99 et cédait la place au magazine Captain America qui commençait par le n°100 (Iron Man récupérait aussi son propre magazine mais commençait par le n°1, « mais ceci est une autre histoire », dirait Franck Ferrand).

Le présent Essential contient toutes les histoires parues dans « Tales of Suspense » plus les 3 premières publiées dans Captain America. Je n'en avais pas lu beaucoup et c'est pour l'essentiel une découverte.
La découverte est très mitigée malheureusement. On sent d'emblée que Stan Lee et Jack Kirby ont du mal à trouver une accroche valable pour ce personnage dès lors qu'il est privé de ses copains Vengeurs. Il commence par affronter des bandes de gangsters ou des soldats Vietnamiens - justifiant par là son rôle d'incarnation non seulement de la liberté mais aussi de l'impérialisme américain – puis on le remet en scène à l'époque de la seconde guerre mondiale. Petit à petit les auteurs finissent par trouver un positionnement qui tient la route : Captain America aidera Nick Fury et le Shield à combattre les puissants groupes à la technologie létale comme Hydra ou l'AIM. Il tombera amoureux de l'agent 13 alias Sharon Carter et commencera à essayer de l'empêcher de faire son boulot pour la « protéger ». En ajoutant un Crâne Rouge par-ci, par-là ça passe. Mouais !

Quelques bonnes choses tout de même. D'abord l'apparition du vilain français Batroc, champion de la savate au visage tout droit sorti des années 1920 et à l'accent très prononcé : « Sacre bleu ! » « Zut alors ! » « Nom du chien ! » « Indeed, eet shall be for zee last time, mon ami ! »
Ensuite la création de quelques personnages et objets emblématiques de l'univers Marvel : l'AIM, Modok, le Super-Adaptoïde, et surtout le Cube Cosmique dont le cinéma s'est récemment emparé.
Enfin, il y a les dessins magistraux de Jack Kirby, toujours fantastique dès qu'il s'agit d'inventer des designs d'armes technologiques furieusement futuristes. Il ne dessine malheureusement pas la série en continue, probablement débordé.

Cela suffira-t-il à me donner envie de poursuivre avec Essential Captain America vol.2 ? Hmmm ! Pour l'instant je n'en ai pas envie.
Mais je peux changer d'avis.

J'ai attendu si longtemps… déception !
Trop jeune lors de la publication de l'éphémère revue Marvel en 1971, je n'avais jamais eu l'occasion de lire les premières aventures de Captain Marvel (version Marvel Comics), un héros que j'adorais jusqu'à sa fin tragique pour cause de cancer. J'étais donc ravi d'acquérir cet Essential pour combler cette lacune. le plaisir n'a pas été à la hauteur de l'attente malheureusement.

Suite à la destruction de leur sentinelle et la défaite de Ronan l'Accusateur (par les 4 Fantastiques, dans Essential Fantastic Four vol. 4 par exemple), l'empire extra-terrestre Kree décide d'envoyer une escadre sur Terre. le capitaine Mar-Vell est chargé d'infiltrer l'humanité, de découvrir ses faiblesses pour mieux la supprimer de l'Univers si besoin. Mais il va éprouver une inexplicable sympathie pour notre race dont il va sauver de nombreux représentants, dont la belle Carol Danvers qui deviendra bien plus tard Ms Marvel, de dangers mortels à plusieurs reprises. le Colonel Yon-Rogg, chef de l'escadre Kree d'infiltration, essaiera de profiter de ces traîtrises pour supprimer son rival. Car tous deux sont amoureux de la magnifique Una, médecin de l'escadre Kree.

La série n'arrive pas à trouver un rythme crédible. le personnage de Mar-Vell n'est qu'un soldat Kree armé d'une sorte de rayon à tout faire à l'époque. Il peine à affronter les menaces véritablement dangereuses qu'on lui oppose. le triangle amoureux prend beaucoup trop de place et fait tourner les histoires en rond. Pire, scénaristes et dessinateurs n'arrêtent pas de valser, signe que les éditeurs eux-mêmes ne savent pas comment gérer la série. Gene Colan, le créateur coté dessin, n'est pas adapté aux « personnages à rayon ». Il laisse la place à Don Heck qui, je l'ai déjà dit souvent, est à mon avis un des pires dessinateurs de comics de tous les temps. D'autres suivent, sans plus de talent.

Le public ne suit pas. Les éditeurs essaient de transformer Mar-Vell. Il gagne un don de téléportation et une force surKree. Un complot de Ronan contre l'Intelligence Suprême, qui est la plus haute autorité des Krees, dans lequel Mar-Vell est un pion est dévoilé. Una meurt tuée par Yon-Rogg. Mar-Vell ne pense plus qu'à se venger.

Et c'est la deuxième transformation du personnage, qui devient celui que j'ai connu : masqué, costume bleu et rouge avec une grosse étoile dorée sur la poitrine mais exilé dans la Zone Négative. Grâce à une paire de de néga-bracelets il peut échanger de place avec le sidekick de service de Marvel Comics : j'ai nommé Rick Jones, et agir sur Terre. Dessiné par l'excellent et presque surréaliste Gil Kane, le duo fonctionne bien mais les histoires manquent encore de sel. A la fin du volume, les éditeurs remettent le sort de Mar-Vell entre les mains des lecteurs.

Heureusement la série continuera pour le meilleur. J'en reparlerai à l'occasion de Essential Captain Marvel vol.2.