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Le vrai monde de Natsuo Kirino renverse, à  sa manière, le concept "Cool Japan". de même, pour les principes confucéens de respect dû à ses parents, on repassera... surtout quand on a tué sa mère...

L'auteure nous convie à une chorale noire (rien à voir avec le gospel). Les voix de quatre adolescentes et d'un jeune homme (surnommé le lombric et qu'on voit sombrer dans une sorte de folie croissante et fantasmatique), tous en dernière année de lycée, se font entendre. Si chacune a sa propre tonalité, selon son passé, toutes se rejoignent dans une absolue noirceur. La vision de la vie de ces cinq Tokyoïtes se nourrit de constats blasés et de désespoir. Alors que tous jusque là se débattaient surtout avec la perspective des sessions de concours à venir pour les inscriptions en universités (et ce n'est pas pour rien que les Japonais surnomment cette période "l'enfer des concours"), à coup de cours en "juku", boîtes de bachotage ("de gavage", selon Toshiko), le meurtre de la voisine de Toshiko par son propre fils va entraîner le groupe de quatre amies dans une spirale folle, comme s'il s'agissait d'un jeu un peu spécial.

A travers les voix de ses personnages, Natsuo Kirino interroge le monde contemporain, la société japonaise actuelle consumée par le consumérisme exacerbé - tout particulièrement pour les adolescents, la course aux meilleures places et la définition de la réalité. Est-ce que les expériences que l'on vit, les actes hors norme que l'on commet, ne nous conduisent pas dans un monde autre, différent de celui des braves gens qui restent dans le rang?
Un véritable coup de pied dans l'apparente harmonie qui transcende et formate, à nos yeux occidentaux, la communauté nippone. Un peu à l'image de Murakami Ryû, la romancière retire les filtres du consensus pour mettre à nu le mal-être d'une jeunesse en perte d'identité et la violence latente qui, faute de soupape, conduit ici au matricide.

Il émane de ce roman une violente noirceur mais aussi une profonde solitude; chacune des voix exprime l'impossibilité d'être comprise par autrui, y compris par ses amies. Y compris par soi-même. Qui sont-ils finalement ces cinq jeunes, embrigadés par la consommation et le paraître. Leurs rapports aux adultes, parents y compris, sont marqués par la méfiance. Il faut dire, pour les filles, qu'être confrontées dès le début du collèges par le problème de mains baladeuses lubriques dans les transports en commun bondés, par l'acharnement permanent des sondeurs prêts à tout pour présenter les produits de leurs boîtes, des pères absents et rentrant tard et souvent saouls ou fleurent l'odeur de leur maîtresse, etc, ça n'aide guère à voir ces adultes sous un angle positif.

On est vraiment loin dans le vrai monde (et quel titre!) de la happy school girl en uniforme jupe plissée-marinière de nombre de mangas et animes. Chez Natsuo Kirino, le vrai monde est froid, dur, noir, éprouvant, désespérant et source de solitude. Une autre image du Japon, c'est certain...
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Natsuo Kirino décrit les adolescents japonnais comme des adolescents état-uniens, comme les décrit Gus van Sant ou Richard Russo.Les adolescents sont à la dérive, à la recherche d'eux mêmes, sans communication avec leurs parents.
Habituellement, les adolescentes japonaises font parler d'elles à travers " Japan Expo". Ici Natsuo Kirino donne une autre vision de l'adolescence japonaise.
Ce qui m'a plu dans le roman, c'est que les adolescentes sont curieuses du lombric (= Jeune voisin, surnommé " le lombric ) bien qu'elles savent que le lombric est dans une voie sans issue.
Le titre " le vrai monde" décrit bien l'enjeu pour ces adolescentes.
Les personnages sont bien vivants, l'ambiance est bien noire.
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Bienvenue dans le vrai monde de Natsuo Kirino ! Un monde cruel qui impose, et cela dès leur plus jeune âge, à ses écoliers japonais d'être toujours les meilleurs, un monde où la pression du système éducatif mais aussi des parents est constante, un monde où de dociles adolescents, qui finissent par exécrer ce système, se muent en dangereux petits criminels.
Telle est l'histoire de Ryo plus connu sous le surnom de "Lombric", adolescent complexé et mal dans sa peau également étudiant dans un lycée d'élite, qui commet soudainement l'irréparable en assassinant violemment sa mère (et le mot est faible car il y va à coups de batte en fer). En l'espace de quelques heures il devient le héro fascinant de quatre jeunes lycéennes qui directement et indirectement vont se retrouver liées à son crime : Toshiko, Yuzan, Terauchi et Kirarin, toutes les quatre issues de la bonne société japonaise et formatées selon le modèle idéal éducatif qui est l'excellence. Mais l'excellence a un prix...
Natsuo Kirino nous livre un roman audacieux aux voix multiples puisque chacun des cinq personnages s'approprie intégralement un ou plusieurs chapitres. La polyphonie narrative a pour effet d'accentuer leur caractérisation psychologique et permet ainsi au lecteur d'entrer dès le début du récit dans leur intimité profonde. L'auteure leur donne la parole, elle alterne leurs points de vue, leurs humeurs par rapport aux faits et au crime.
Natsuo Kirino nous offre aussi la vision d'une jeunesse désenchantée dans un Japon ultra moderne où le système éducatif est particulièrement strict. Les élèves subissent la pression de la réussite dès leur plus jeune âge, leur temps libre se résume aux gavages et aux jukus (cours intensifs et stages de révision). Elle traite aussi le sujet de l'identité sexuelle, de l'homosexualité plus précisément, qui, tant qu'elle n'empiète pas dans son champ de vision, commence tout juste à être tolérée dans la société japonaise.
Vous l'aurez compris j'ai apprécié la lecture de ce roman même si la traduction m'a laissée un peu perplexe par moment (surtout la première partie du roman) mais cela n'a en rien gâché ma lecture et je n'oublierai pas de sitôt le portrait plutôt effrayant de ces cinq adolescents qui abordent la mort finalement comme un jeu et subiront les conséquences de leurs actes tels des dommages collatéraux.
Je remercie mh17 pour m'avoir conseillée la lecture de ce roman et j'en profite pour faire une dédicace spéciale au Yeux de la momie qui a décidé de voguer vers d'autres horizons et dont les critiques vont nous manquer (Jean Pat' si tu me lis...).


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Un monde glaçant et dérangeant.
L'auteur se sert d'un matricide pour décrire une jeunesse sans repères.
Dans une zone résidentielle de Tokyo, quatre copines de 17 ans aident "Le Lombric", voisin d'une des leurs, à fuir après qu'il a massacré sa mère à coups de batte de base-ball. Chaque chapitre adopte le point de vue de l'un des cinq protagonistes.
J'ai eu du mal à entrer dans ce livre à cause de la violence du sujet bien sûr mais aussi à cause du style heurté et du vocabulaire bizarre. Renseignements pris, j'ai vu qu'il s'agissait de la traduction d'une traduction anglaise ! Les célèbres éditions du Seuil ne peuvent-elles pas employer un traducteur de japonais ?

Le livre est terrible car il décrit une jeunesse profondément solitaire et déboussolée. Les adultes sont nuls et hypocrites. Les pères absents, pris par leur travail, très mous. Les mères, lorsqu'elles sont encore en vie, sont surtout préoccupées des apparences et du qu'en dira-t-on. Les adolescents, quand ils ne sont pas en train de bachoter dans un "institut de gavage", vivent en vase clos dans leur monde et communiquent entre eux par portable interposé. Aucune des quatre filles n'éprouve de compassion pour la victime. Aucune. Elles méprisent ou haïssent toutes leurs mère, et sont donc fascinées, du moins au début, par ce gars qui est passé à l'acte. Et puis il les sort de leur existence ordinaire et imposée. Mais le Lombric n'est ni un héros, ni un anti-héros. Comme son surnom l'indique, c' est un grand mou avec... une case de vide. Il n'éprouve aucun remord. Aucun. Mais il va leur servir de révélateur. Elles semblaient déjà se préparer à vivre comme leurs mères. Elles dissimulaient déjà une part de leur identité derrière un maquillage, une apparence, ou un pseudo. A son contact certaines pourront peut-être échapper à cette roue hyper-moderne...

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Riaru Warudo
Titre américain : "Real World"
Traduction de l'anglo-américain : Vincent Delezoide


Une fois de plus, un texte qui nous parvient par le biais de la traduction d'une traduction ! Franchement, quand les éditeurs français comprendront-ils que, même s'ils y trouvent certainement leur profit personnel, cela lèse le lecteur ? Déjà, si habile qu'elle soit, une traduction laisse toujours passer quelque chose mais alors la traduction d'une traduction ! Surtout quand on a une certaine notion de la langue japonaise, si nuancée, si pointilleuse, et qu'on connaît assez bien l'honnête pragmatisme de l'anglais moderne ! de telles pratiques sont, répétons-le, condamnables.

Beaucoup plus court que "Out" et "Monstrueux", "Le Vrai Monde" reprend lui aussi le prétexte d'un assassinat atroce - le meurtre d'une mère par son fils adolescent - pour dénoncer les excès d'un système. Kirino nous permet d'entendre les critiques sur le système scolaire japonais à la base la plus concernée par ces critiques, à savoir les adolescents. Des adolescents qui, à l'issue de la crise provoquée par le crime, passeront à jamais à l'âge adulte.

Si, comme nous, on a lu "Monstrueux" juste avant "Le Vrai Monde", le discours semblera assez désagréablement répétitif. On pourra même avoir l'impression que l'auteur écrit à dessein sur un thème qui, dans son pays, doit cartonner. Ce qui est peut-être exact mais, en l'absence d'une traduction directement issue du japonais, nous ne le saurons jamais.

Au compte des points forts de ce roman, on mettra des héros - les quatre adolescentes et le jeune tueur - assez finement analysés. Leur malaise, cet étouffement progressif qu'ils ressentent au coeur de la société, ce gouffre qui se creuse entre eux-mêmes et le monde des adultes, à commencer par celui de leurs parents, tout cela est pour ainsi dire palpable. D'une manière différente de la jeunesse occidentale mais de façon tout aussi grave, la jeunesse nippone donne l'impression d'une petite planète qui, brusquement, s'est vue arrachée à son orbite naturel et protecteur (l'axe parental et familial, très important dans la culture japonaise) pour se retrouver propulsée dans une solitude aux proportions intersidérales.

Pour y échapper, certains choisissent la violence et la Mort, tant pour les autres que pour eux-mêmes.

Néanmoins, ici encore, nous ne recommanderons la lecture de ce livre qu'aux inconditionnels de Kirino Natsuo. ;o)
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"Le vrai monde" nous décrit le quotidien d'adolescents en pleine dérive. Perte des valeurs, perte des repères, ils vivent dans une jouissance que l'on pourrait qualifier d'autistique, chacun étant centré dans sa bulle, un monde à part peuplé de fantasmes imaginaires qui leurs permettent de s'évader d'un quotidien trop lourd : pressions aux examens, exigences parentales démesurées, course à la réussite.
Toschiko Yamanaka alias Nina Hori, Yuzan, Kirarin et Terauchi, quatre lycéennes, s'inventent un monde à part, de nouvelles identités pour fuir "le vrai monde" : "Dans notre groupe de quatre filles, tout le monde a un deuxième nom inventé dont on se sert quand on loue un box de karaoké. Faut faire bien gaffe, nous dit toujours Terauchi, sinon on va finir dans une base de données. Et après, les adultes nous contrôleront."
Leur petit groupe va être bouleversé par un événement tragique. le Lombric, voisin de Toschiko, élève médiocre d'un collège privé prestigieux, va assassiner froidement sa daronne car il ne supporte plus ses critiques incessantes. Les quatre adolescentes que la situation intrigue et fascine, vont devenir les complices de l'adolescent coupable de ce matricide et couvrir sa fuite. L'une d'elle ira jusqu'à l'accompagner dans sa dérive. On assiste, impuissants, à une dramatique et inéluctable descente aux enfers dont aucun des adolescents ne sortira indemne.
Natsuo Kirino nous brosse comme dans ses précédents romans, le portrait d'une société japonaise en pleine déliquescence. Dans ce dernier, il est question d'une jeunesse nippone nourrie aux mangas et aux jeux vidéo qui n'arrive plus à faire la distinction entre le monde réel et le monde imaginaire : "Vous ne comprenez donc pas ? avais-je envie de lui dire. C'était comme un jeu entre le lombric et nous. Et le meurtre de votre femme faisait partie de ce jeu auquel nous nous sommes amusées."
Une fois de plus Madame Kirino m'a bluffée par sa plume froide et incisive, toujours aussi subtile et élégante. Je conseillerai cependant à ceux qui ne connaissent pas l'auteur et qui souhaitent faire une incursion dans son univers de commencer par lire l'excellent "Out" qui reste à mon sens, le roman incontournable de l'auteur.

Lien : http://leslecturesdisabello...
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Un roman de Natsuo Kirino différent des plus longs qu'elle a pu écrire, mais dont l'essence est la même. le talent de cette auteure se ressent toujours autant, et elle parvient à nous faire nous questionner sur une chose : Quel est le vrai monde ? La normalité en apparence -quatre lycéennes- ne serait-elle pas au final plus difficile à regarder que la réalité montrée par les marginaux et les criminels ?
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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Natsuo Kirino, née en 1951 à Kanazawa au Japon, est l'auteur de nombreux romans policiers qui l'ont fait remarquer comme un des talents les plus prometteurs de sa génération. Elle a commencé à écrire en 1984 et n'a cessé depuis lors de remporter prix sur prix. Son oeuvre a été traduite dans 28 pays et plusieurs de ses livres ont également été adaptés au cinéma. Natsuo Kirino vit à présent à Tokyo. le Vrai monde est paru chez nous en 2010.
Dans la banlieue de Tokyo, quatre amies adolescentes,Toshiko (« se donne des airs cool et détachés, mais elle a bâti une Grande Muraille autour de son coeur »),Terauchi (« une fille plutôt mignonne, mais elle a une voix ultra grave et cool »), Yuzan (« je ne peux pas avouer à mon père que je suis lesbienne »), et Kirarin (« des quatre filles de notre bande, je suis la seule à ne pas être vierge »), passent leur mois d'août dans une école de bachotage. Un matin, Toshiko entend un fracas dans la maison de ses voisins et quelques heures plus tard apprend que leur fils, surnommé « le lombric » (« un grand maigrichon aux épaules tombantes, avec de petits yeux sinistres »), a disparu et qu'il est fortement soupçonné d'avoir assassiné sa mère à coups de batte de base-ball. Les quatre jeunes filles vont s'attacher à aider dans sa fuite le jeune assassin, pour des raisons propres à chacune d'elles…
Si le roman est catégorisé thriller et que le résumé ci-dessus en donne la trame narrative générale, ne pensez surtout pas qu'il n'est que cela - la forme n'est qu'un moyen pour l'écrivain. Il s'agit en fait d'un excellent roman, très profond, sur la société japonaise d'aujourd'hui (du moins de celle de 2003, date de parution au Japon du bouquin) et de sa jeunesse adolescente. L'enquête policière et tout ce qui est sensé aller avec, est vite mis de côté, Natsuo Kirino préférant peindre les sentiments et les caractères des cinq jeunes, quatre filles très différentes les unes des autres, gravitant autour d'un garçon qui les attirent inexorablement et en partie à l'insu de son plein gré, dans une spirale destructrice qui fera des dégâts irréversibles.
Roman choral où chaque protagoniste prend la parole successivement, dévoilant progressivement le caractère et la psychologie des unes et des autres, révélant les souffrances morales intérieures ou existentielles de ces jeunes, l'exaltation idéaliste de l'adolescence pour l'attrait du rebelle et l'excitation induite. Mais ce sont aussi ces plans de coupe, nous montrant une société mercantile (« Quand on se balade dans Tokyo, tout ce qu'on voit, c'est des gens qui essaient de nous vendre des trucs ») assommée d'informations en continu diffusées par les chaines de télévision. A moins que ce ne soient les pervers qui vous tripotent dans le métro sous l'oeil indifférent des voyageurs ou bien un travelo qui vous agresse dans un quartier « chaud » de la ville. le réquisitoire est féroce, les parents en prennent gros pour leur grade et si tous les ados ne tuent pas leurs géniteurs, tous y pensent à un moment ou un autre.
L'écriture colle parfaitement au sujet et à ses personnages, rapide et dans le ton de ses jeunes héros, leurs pensées les plus intimes sonnent justes (même si elles agacent) et l'écrivain glisse dans son texte des références culturelles nippones, l'aspect martial de l'écrivain Mishima étant une sorte de référence inconsciente pour « le lombric » dont on suit avec effroi l'aggravation progressive du délire psychologique ou bien encore, peut-être ( ?), cette allusion aux « mondes flottants » (Concept taoïste enseignant la relativité de toute chose) quand l'une des filles hésite entre revenir dans son monde d'avant et celui dans lequel elle vient de s'engager (« Ce n'est pas un sentiment de liberté, ni rien de ce genre. C'est juste que je ne veux pas rentrer. Je veux continuer à flotter quelque part entre les deux. »)
Vous l'aurez compris, thriller certes, mais comme le dit un des personnages de Natsuo Kirino, « les romans sont plus proches de la vraie vie, c'est comme s'ils montraient le monde après en avoir épluché une couche, une réalité qu'on ne pourrait pas voir autrement. Ce que je veux dire, c'est qu'ils ne sont pas superficiels. » Un message parfaitement transmis et reçu cinq sur cinq.
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Ce roman est le deuxième livre que je lis de cette auteur, après Intrusion, en 2011. le point commun entre ses deux livres est qu'ils sont considérés comme des romans policiers, alors qu'ils ne le sont pas à mes yeux. Je considère plutôt le vrai monde comme un état des lieux de la jeunesse japonaise, à l'égal des romans de Ruy Murakami.
Nous avons quatre adolescentes, délaissées par leurs parents. Ceux-ci sont trop pris par leur travail, ou par d'autres centre d'intérêt (les bars semblent avoir leurs attraits). Elles préparent pourtant l'entrée de prestigieuses universités, sachant que l'important, ensuite, est de se trouver un bon mari, qui vous offrira une bonne situation - et non d'avoir un métier qui vous convienne et vous permette de vous épanouir.
C'est peu de dire qu'elles se cherchent. Pour certaines, elles sont même carrément paumés ! La preuve ? Elles aident "le lombric" à prendre la fuite, lui qui vient d'assassiner sa mère, le plus "normalement" du monde. N'essayez même pas d'imaginer une once de remords de son côté, son acte est tout à fait justifier à ses yeux - deux mondes vivent l'un à côté de l'autre, celui des adultes, et celui des enfants.
Le fait que chaque chapitre épouse le point de vue de chacun des protagonistes aide à mieux comprendre le mal-être, la dérive des quatre amies - et du lombric. Même si Thoshiko prend un pseudo pour exister, elle semble plus lucide, plus mûre, moins engluée dans une quête identitaire. Yuzan aussi sait qui elle est - elle a simplement beaucoup de mal à l'assumer. Terauchi et Kirazin n'en sont pas là, elles oscillent entre ce qu'elles paraissent être, et ce qu'elles sont réellement - mais le savent-elles elles-mêmes ? Les adultes qui les côtoient sont soit indifférents, soit extrêmement durs avec eux - quand ils ne cherchent pas à profiter de jeunes étudiantes.
Ce "vrai" monde est froid, inquiétant. le dénouement lui-même est perturbant. Une oeuvre forte.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Le vrai monde” de Natsuo Kirino est un roman narré successivement par ses différents personnages principaux : quatre inséparables amies de collège confrontées à l'un de leur semblable, « le lombric », qui vient d'assassiner sa propre mère.
L'action se situe dans la banlieue de Tokyo au mois d'août. Au lieu d'être synonyme de vacances et de repos, août est pour beaucoup d'ados japonais le mois des cours intensifs pour réussir les concours d'entrée aux universités.
Le Lombric va les entraîner dans sa fuite, chacune n'osant le repousser, mues par des raisons toutes différentes : la plus importante pour les filles étant de leur révéler quelque chose sur elles-mêmes.
Ces ados ne sont pas malheureux, ils font partie de la classe moyenne japonaise.
Filles ou garçons, tous sont perturbés, livrés à eux-mêmes, subissant des pressions : celle de leurs parents à une course effrénée à la réussite et celle de la société japonaise qui ne reconnaît en eux que des consommateurs.
Ils ont en commun, pour différentes raisons, une triste vision de leur avenir et ne se reconnaissent pas dans le monde de leurs parents.
Ce livre nous présente une vision lucide de la jeunesse japonaise, éloignée de cette perfection japonaise tant vantée. Il est naturel que des jeunes cherchent leur voie, leur équilibre, ce que la culture de ce pays n'admet peut-être pas.
Natsuo Kirino parvient à mieux faire comprendre le mal être qui peut habiter les ados et les pousser à être attiré par l'interdit, par la souffrance ou par le déni de soi et qui choisissent de s'investir dans un monde virtuel, sous couvert de pseudonymes et perdent ainsi contact avec la réalité, devenant une sorte de héros dans le monde qui leur est propre.
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