AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Humus (180)

À une époque où le moindre geek prétend réinventer le monde, Arthur trouvait réconfortant de découvrir en Marcel Combe un vrai savant : un esprit curieux qui sait ce qu’il ne sait pas.
Commenter  J’apprécie          90
Présenter un visage à haïr, n'était-ce pas la dernière trace d'humanité dans un processus juridique formalisé à l'extrême ?
Commenter  J’apprécie          80
Cette tribu avait ses rites. Il fallait d'abord préciser de quel clan on était l'émissaire. Après quelques minutes de conversation, on s'enquérait invariablement, par des voies plus ou moins détournées, de son niveau d'études.
- Agro.
- C'est une grande école, ça ?
Oui, avait-il appris à répondre, c'est une grande école. Pas aussi grande que Centrale, Normale, Polytechnique, l'ENA, HEC, ou le graal, la coiffe à double plume : X-Mines. Mais une grande école quand même, avec une adresse sur le plateau de Saclay et un nom qui devenait très à la mode. C'était le clan venu de la forêt lointaine, dont on enviait le sang frais et les mœurs rustiques, même s'il n'était pas encore tout à fait intégré aux familles régnantes.
Commenter  J’apprécie          80
Maintenant qu’il avait sous la main la clé des champs, comme disait Montaigne, chaque jour devenait une prime offerte par le temps. Rien de tel que de se préparer à la mort pour ne plus la désirer.
Commenter  J’apprécie          80
Arthur dissertait ainsi (...) avec ce faux désespoir de la vingtaine, quand on peut s’amuser à ne croire à rien parce qu’on croit encore en soi-même.
Commenter  J’apprécie          80
La nature en sursis les invitait à philosopher. Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l’effondrement à venir.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce milieu étudiant tout sauf insouciant, où l’on guettait déjà les esquisses de carrière des uns et des autres, les agros avaient un statut particulier. Ils étaient passés par la même sélection impitoyable que tous leurs camarades de soirée et personne ne disputait leur valeur intellectuelle. Mais ils semblaient condamnés à s’occuper de la formule du lait en poudre ou des rendements du maïs. Alors que les autres acquéraient une forme d’incompétence généraliste qui leur permettrait ensuite d’occuper n’importe quel poste avec assurance, les agros avaient déjà les mains dans la glaise. C’étaient les paysans des ingénieurs, le tiers état des énarques. Ce qui leur valait une sorte d’aura ambiguë.
Commenter  J’apprécie          80
Arthur marcha une bonne dizaine de minutes sans trouver personne. La nuit ne lui faisait pas peur. Le temps médiéval des loups et des ogres était révolu, remplacé par la conscience plus ancienne encore de trouver dans cet espace touffu un refuge contre les prédateurs. Réunis par la nuit, les arbres coalesçaient en masses compactes d’où émergeait un moucharabieh de branchages, une architecture complexe qui transformait la forêt en palais oriental. Arthur s’y sentait protégé.
Commenter  J’apprécie          70
« À quoi pense un ver de terre ? », se demandait Arthur en jetant son butin grouillant dans le seau. Il se trouve plongé dans un monde aveugle, sans odeur, ni forme, ni goût, ni son. Le seul sens qu’il possède, le toucher, doit être formidablement développé. Anneau par anneau, le ver perçoit le moindre changement de température ou d’humidité. Toujours poussant, engagé tête la première dans les concrétions du sol, il balise son territoire selon des zones plus ou moins compactes, plus ou moins friables. Un mètre cube de terre représente un univers dont il connaît les cavités et les recoins. Il sait où il peut se faufiler et quand il doit rebrousser chemin. Il y retrouve même les petites chambres qu’il a aménagées, où il fait macérer ses propres excréments comme des fromages et où il se réunit parfois avec quelques amis choisis, peau contre peau, pour passer les saisons inclémentes. De même que les grands espaces avec leurs géométries figées nous ont appris à raisonner de manière causale, le ver pense selon les catégories de la masse et de la résistance.
Commenter  J’apprécie          70
Les vers de terre sont des pharaons aveugles. Ils prennent le temps de vivre, souverains d'eux-mêmes et maîtres de leur horloge biologique. Fuyant la lumière, ils sillonnent lentement leur royaume, se rétractant et s'allongeant comme des accordéons. Ils ne risquent pas de s'étouffer : ils respirent par la peau. Pour ne manquer de rien, ils entreposent leurs propres déjections et les réingèrent après fermentation. L'hiver, ils hibernent, roulés en boule dans une léthargie profonde. L'été, ils fuient la chaleur en se regroupant dans des chambres au frais, descendant plus profond à mesure que la température du sol augmente. Ils discutaillent en laissant passer la sécheresse. A leur mort au bout de deux ou trois ans, lorsqu'ils comparaissent devant Osiris qui pèse les cœurs, ils sont les champions : ils en possèdent cinq.
Commenter  J’apprécie          70







    Lecteurs (2685) Voir plus



    Quiz Voir plus

    L'écologiste mystère

    Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

    voile
    branche
    rame
    bois

    11 questions
    263 lecteurs ont répondu
    Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

    {* *}