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EAN : 9791032901830
250 pages
Humensis (21/02/2018)
3.7/5   10 notes
Résumé :
« Et toutes ces belles idées sur la liberté, elles sont appliquées quelque part ? Ensemble, non. Mais par petits bouts, oui. Enfin, je crois. Hé bien, tu n'as qu à aller voir. »

C'est ainsi que je fus arraché à la torpeur de ma bibliothèque. Depuis lors, je voyage à travers le monde avec une ambition simple : étudier les thèmes de philosophie politique qui me sont chers là où ils sont mis en oeuvre. Faire apparaître derrière les concepts des histoires... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai choisi ce livre dans le cadre de "masse critique ; essais et livres documentaires", parce que le titre m'avait plu, évoquant vaguement les voyages imaginaires prétextes à critique sociale et politique du XVIIIème siècle.

Mais je ne connaissais pas Gaspard Koenig... la confrontation fut immédiate. Tout d'abord, je jugeai l'homme comme pur produit de l'intelligentsia cultivée à la française, notant ses remarques déplacées sur la pauvre décoration des maisons des favellas, son admiration pour le "bon goût" de politiciens ou activistes locaux, aux liens parfois troubles avec le régime de leur pays, une écriture aux bons mots faciles -reliquat de son ancien métier d'écrivain de discours ministériels ?... - .

Dès le 1er chapitre surtout, on réalise que ces récits de voyages n'ont rien à voir avec les Méharées de Théodore Monod : M. Koenig semble voyager en première, et ne faire qu'observer en touriste économique les effets de telle ou telle politique sur le bon petit peuple, s'en tenant en guise d'approfondissement à la validation des thèses de leurs auteurs, que lui-même partage a priori, bien avant d'aller les vérifier sur place.

Enfin, tout semblait m'éloigner des thèses libérales de M. Koenig, que j'assimilais à celles de Pascal Salin, et d'Alain Madelin, issues de cette théorie destructrice du marché de concurrence pure et parfaite défendue par les économistes Hayek et Friedman. Je ne comprenais même pas qu'il prétende défendre des principes économiques en péril, là où ces bases d'un capitalisme sauvage gonflant les inégalités me semblaient au contraire triompher actuellement partout dans le monde.

J'en étais à un tel degré de rejet après les 30 premières pages que je m'interrogeais déjà sur l'art et la manière de "dégommer" avec sincérité sur babelio -m'en tenant ainsi aux engagements Masse Critique-, tout en ménageant la susceptibilité d'un penseur politique influent, certainement bien meilleur débatteur que moi. de plus, bien qu'il ait tardé à me parvenir, cet ouvrage m'était tout de même gracieusement adressé par les Editions de l'Observatoire le Point, dont le directeur de collection de Facto n'est autre que Gaspard Koenig... j'ai donc poursuivi ma lecture, par correction et politesse...

Bien m'en a pris ! Et je dois à Gaspard Koenig de plates excuses pour certains des jugements portés plus haut ; belle leçon pour moi de tolérance dans le débat d'idées...

Après quelques recherches internet pour mieux connaitre l'auteur et ses thèses politiques, après avoir fait de même à partir des interviews de praticiens, d'économistes, et des citations philosophiques dont il émaille son ouvrage, j'ai totalement revu mon jugement.

Avec des limites propres à chacun de nous, Gaspard Koenig tente réellement, sincèrement, de sortir de sa zone de confort, et son humour acide que j'avais interprété comme de la prétention se révèle au final englober une forme d'autodérision, de recul cynique sur l'expérience, qui invite chacun, y compris lui-même, à se remettre en question. Ainsi, il est clair que ses voyages sont clairement orientés pour démontrer les vertus du libéralisme tel qu'il le conçoit, mais derrière les affirmations perce une réelle ouverture au questionnement, presque au second degré, et la prise en compte des errements du capitalisme sauvage, l'empathie au delà des froids concepts du marché, qui me manquaient dans le 1er chapitre, s'avèrent finalement bien présents, conceptualisés d'une manière originale. J'avais déjà rencontré cette forme d'empathie mêlée à un pragmatisme anglo-saxon chez Stuart Mill et les utilitaristes.

Le discours s'enrichit au fil de la lecture. Les bases libérales sont complétées d'une approche résolument moderne sur la tolérance, le revenu universel, le droit à l'errance. Les citations s'avèrent ne pas être qu'un vernis "science-posard", mais bel et bien un substrat culturel riche, dans lequel l'auteur puise sa pensée et son interprétation des applications observées.

Aussi séduisante soit-elle - cf l'excellent article "Trop séduisant capitalisme" paru dans Libé-, on n'est pas obligé d'adhérer à la pensée libérale de Gaspard Koenig, mais forcé de reconnaître qu'il réalise un véritable effort de dépassement des positions politiques gauche-droit qui sclérosent notre pays et révèlent la paresse intellectuelle ambiante, incapable de sortir de la pensée unique.

Gaspard Koenig le fait, lui, brillamment, en métissant son libéralisme de nombreuses autres influences.

Bref, ce fut au final une rencontre inattendue et riche. On apprend souvent plus de la confrontation -dans un esprit ouvert- avec qui pense différemment de nous qu'en restant dans le cercle de sa propre culture.

Je maintiens que l'enquête de Gaspard Koenig n'a rien à voir avec Tintin au pays des soviets -houpette ou pas, Gaspard Koenig y serait-il allé ? cf la promo du Point- , s'agissant d'un essai politique où les expériences servent à enrichir une thèse libérale clairement assumée. Mais cette thèse n'est pas celle que nous vendent nos élites politiques habituelles ; elle puise ses racines dans réflexion approfondie, et suscite un dialogue intelligent.

En bon libertarien -heureusement me dira-t-on !-, Gaspard Koenig, fait oeuvre de conviction mais laisse libre chacun, après s'être enrichi de ses observations et éclairages, de donner plus ou moins de poids aux problèmes d'injustice, d'inégalités ou de pauvreté que pose la liberté érigée en dogme, et d'estimer ou non avec lui que ces problèmes "se résolvent par... davantage de liberté".

Pour finir, donc, merci aux Editions de L'Observatoire, à Gaspard Koenig, et à Babelio, pour cette lecture inattendue, cette invitation à une critique difficile, et cette confrontation intellectuelle dynamisante.
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Projet libéral

Bouge de là Gaspard.K, et c'est ce qu'il a fait. Il nous raconte son voyage.
Vous y croyez aussi à cette très chère liberté, pour vous, pour les autres ?

La liberté des êtres humains s'exerce différemment. Ailleurs, les hommes et les femmes peuvent consommer des drogues douces dans un cadre réglementaire et taxé, ils sont beaucoup plus tolérant vis-à-vis des différentes pratiques religieuses, et même à la suite d'une erreur d'un délit commis ils sont moins enfermés moins punis bêtement. Les prisons dites classiques fabriquent les délinquants. Ils sont aidés pour être remis sur le droit chemin d'une meilleure liberté.
Ailleurs vous pouvez aussi toucher de l'argent sans rien faire ? Ou plutôt cet argent vous offre les moyens de ne pas plonger dans l'oisiveté, l'abandon des autres et de soi-même, la ruine.
Voyage au pays des libertés offre un remarquable rapport sur son travail.
En lisant ce rapport c'est un débat intérieur qui s'installe entre vous, ce que vous pensez de la liberté et la liberté des autres citoyens.
Merci Gaspard.K un débat important s'ouvre grâce à ton travail.
Je suis vague dans cette chronique, c'est fait exprès, votre curiosité fera le reste.

Du même auteur :
- Un baiser à la russe, 2006, un roman cette fois.
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Gaspard Koenig, professeur de philosophie, est parti à travers le monde pour tester sur le terrain des exemples concrets de solutions libertaires aux problèmes du monde. Chaque pays illustrent ainsi une idée, un courent de pensée, une solution.

Lima et le micro crédit : Parfois dans un langage assez jargonnant d'économiste Gaspard Koenig adhère mi figue mi raisin au concept du micro crédit. Il souhaiterai la propriété pour tous même les plus pauvres et conçois le cadastre comme le prolégomènes à l'émancipation des peuples. C'est le chapitre le plus mesuré et intéressant.

Kerala et la tolérance religieuse : Parti dans le sud ouest de l'inde ou il perdra 8 kilos, pour voir comment cet état "gère" une mosaïque de peuples et de cultures religieuses unique au monde dans une relative sérénité. Chaque cultes s'imbriquant avec les autres dans un syncrétisme ou les fêtes des uns sont également fêtés par les autres et ou il n'y aucun obstacle à l'ostentation de sa propre identité. Gaspard Koenig adhère quasiment sans restriction à ce modèle. Pour lui il faut tout accepter, et chaque groupe doit se vivre en tant que minorité au sein d'un état ou il ne s'aurait y avoir de hiérarchie entre les cultes. Il nous donne sa définition de la laïcité, qui étonnement est la même que celle des sectateurs francophones des frères musulmans (voir Marwan Muhammad)
Doit-on donc accepter au nom de la tolérance religieuse la polygamie, l'excision ou les mariages forcés ? C'est la question à laquelle il ne répond pas. Gaspard Koenig, chantre de l'efficacité et du pragmatisme loue donc un model qui lui aura fait perdre 8 kilos...

Genève, siège de l'OMC : Dans le saint des saints libre échangiste Koenig est comme un poisson dans l'eau. Partisan du village global, il aimerait que les peuples renonce à toutes idée de souveraineté national, pour devenir enfin des citoyens du monde. Mais il n'est pas partisans d'un gouvernement mondial vertical sur le modèle des états nations. Non, son idéal serait plutôt de sortir de la "dictature de la majorité". Contant pour cela sur les grands groupes internationaux, les ONG, et les divers Lobby. Un chapitre que je résumerai d'une phrase : le monde est un hôtel.

Denver, la légalisation des drogues : Pour ce sujet épineux l'exemple de l'état Américain du Colorado est pris. Un succès selon Koenig qui ne manque pas d'arguments en faveur de la légalisation. Il explique les enjeux de la situation américaine et élargie le propos au débat sur l'intervention de l'état dans les libertés individuels. Eternel débat...

Brésil et le revenu universel : Dans ce chapitre on revient sur la genèse de l'idée de revenu universel avec entres autres Paine et Rousseau. On aborde le sujet de la fin du travail et du chômages technologique. L'auteur distingue un revenu universel de droite vecteur de libre arbitre d'un revenu universel de gauche sorte de communisme des temps modernes. Puis l'explications du concept devient assez confuse et rébarbative. L'exemple de ce village Brésilien est trop anecdotique pour êtres représentatif.

Finlande les prisons ouverte : Un model qui semble bien propre à la culture scandinave et bien peu exportable. Argument que l'auteur réfute d'emblée comme trop paresseux. Un chapitre utile pour connaître le positionnement libéral sur cette question.

Je n'aimais pas les idées de Gaspard Koenig et la lecture de ce livre m'a conforté dans cette opinion. Ce type de libéralisme dont il se réclame est somme toute assez naïf. Il à le mérite de croire en l'homme ce qui le situe finalement beaucoup plus à gauche qu'a droite. l'ouvrage à pour principal qualités l'absence de langue de bois et un style globalement assez claire et concis.
Je ne doute pas qu'il agacera plus d'un lecteurs comme il m'a agacé.
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Ayant participé à l'édition “ masse critique” pour des essais et des livres documentaires , j'ai reçu le livre de Gaspard Koenig: "Voyages d'un philosophe aux pays des libertés”. Ce livre prend donc appui sur les différents voyages de l'auteur, entrepris pour l'édition du premier volume: “ Aventuriers de la liberté”. Les reportages sont aussi paru dans le journal le Point.
L'auteur part à la rencontre de “ ceux qui mettent en pratique la liberté individuelle”, à travers le monde: Pérou pour le microcrédit, Inde pour la tolérance, OMC pour le libre-échange, Colorado pour la libéralisation des drogues, Brésil pour le revenu universel, Finlande pour les prisons ouvertes. Pour chaque sujet, l'auteur relate ses rencontres, va sur le terrain voir les expériences menées, et au fil du texte, convoque les grands penseurs contemporains, des spécialistes et les philosophes liés au sujets. Plus que de la philosophie, il me semble que l'angle d'attaque soit plus économique. D'autre part, le premier chapitre, l'introduction s'intitule: “ un spectateur impartial”, or, au fil de ma lecture et ce dès le début, le discours est très engagé: pour la liberté et donc le libéralisme, comme l'indique l'auteur de toute façon. Sur place il n'a peut-être pas donné son avis, mais lecteur, nous comprenons tout de suite le positionnement politique: : “ je reste quant à moi fidèle à l'horizon cosmopolitique kantien, et partisan du village global”. Pour certains chapitres, des antithèses et des avis contraires sont un peu développés, ce qui permet d'avoir des éléments de réflexion si on est étudiant par exemple et qu'on doit faire des recherches sur ce domaine: chapitre sur le microcrédit. le chapitre sur le revenu universel est intéressant et riche, mais c'est une thèse pour le défendre! L'auteur parle aussi pour finir de régulation et d'utilitarisme, pour contrecarrer une vision d'un monde qui est très utopique.
J'attendais de ce livre des reportages sur des expériences à travers le monde, avec un retour d'expériences et des réflexions philosophiques, et même si ce livre s'adresse à un public averti en philosophie, justement c'est à mon avis plus un livre économique, et surtout un programme politique!

L'animatrice du groupe Les2nde8Bookin
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Gaspard Koenig vient d'écrire "Voyages d'un philosophe aux pays des libertés", aux éditions de l'observatoire. le titre n'est pas trompeur, même si l'auteur n'est pas le guide d'une agence de tourisme, mais l'explorateur des libertés que seul le libéralisme permet. C'est le fil conducteur de chacun des chapitres-voyages qui traitent des sujets cruciaux qui font l'actualité, mais que nous connaissons vaguement. Avec G. Koenig, ils deviennent proches, familiers, perdent leur mystère. Il nous raconte ses rencontres, nous fait revivre ses héros avec empathie, justesse, fait une analyse critique et théorique, sans emphase mais clarté, conviction.
Il commence par le microcrédit via une expérience au Pérou. Elle démontre que la lutte contre la pauvreté ne passera pas par la charité, la redistribution de la richesse, façon Marx, mais par la diffusion d'un capitalisme chez les pauvres, seule façon de respecter leur dignité, de créer la responsabilité.
La tolérance au Kerala, les prisons ouvertes en Finlande, la libéralisation des drogues au Colorado, le revenu universel au Brésil, le libre-échange à Genève sont autant d'occasions d'illustrer le problème, de le démonter et d'expliquer sans outrance, mais avec une passion communicative, que les penseurs d'hier et d'aujourd'hui et ceux qui sont allés au charbon préparent notre avenir.
On a pu croire et croire encore – en France tout au moins, car notre pays est caricatural dans ses postures moyenâgeuses - que les archaïsmes, les conservatismes de gauche et de droite, les corporatismes, l'étatisme, enfin tous les immobilismes empêcheraient pour toujours que la société devienne plus humaine avec la liberté, la tolérance pour valeurs.
Gaspard Koenig nous dit que cela est possible, souhaitable, que le changement est en marche ailleurs et qu'il adviendra quoiqu'ils fassent. Rien que pour ce message, son livre est à lire.

Dancharr
Lien : http://leblogadancharr.blogs..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le Kerala n'est pas un melting-pot au goût affadi. C'est une feuille de bananier sur laquelle sont disposés des plats différents, qui gardent chacun leur propre saveur.
La tolérance se mange avec les doigts. Mais il ne faut pas avoir peur des épices.
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Les problèmes posés par la liberté se résolvent par davantage de liberté.
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Videos de Gaspard Koenig (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gaspard Koenig
Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. A la fois cynique et grinçant, drôle et angoissant, miroir fidèle de notre époque et de ses contradictions, le roman de Gaspard Koenig est aussi une histoire d'amitié, de fidélité et de solidarité. Prix Interallié 2023 Coup de Coeur Web TV Culture !
L'émission intégrale sur https://www.web-tv-culture.com
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