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Jai eu le privilège, il y a quelques années, d'accueillir Ginette dans mon établissement scolaire. Ginette fait partie des quelques rescapés encore vivants des « camps de la mort » : Drancy, Birkenau, Bergen-Belsen, Theresienstadt. Depuis une vingtaine d'années, elle accompagne aussi des classes en visite sur ces lieux lourdement chargés d'histoire :

« Birkenau, maintenant, c'est un décor.
Quelqu'un qui ne connaît pas l'histoire ne peut rien voir. Quand j'y retourne je dis aux élèves : ‘Sous chacun de vos pas, il y a un mort.' »

Dénonciation. Arrestation. Déportation. Déshumanisation.
Famine. Froid. Promiscuité. Puanteur. Humiliations. Injustice. Maladies. Vermine. Corvées. Survie.
Le texte est court (90 pages ) mais dense, avec des non-dits aussi poignants que les descriptions.

Ginette avait 19 ans. Elle en a aujourd'hui 98. Elle fait partie « des derniers » , pour citer le titre de l'ouvrage de Sophie Nahum ; bientôt elle sera trop âgée pour se déplacer. Ginette se confie, et nous confie la mission de devenir, à notre tour, des passeurs de mémoire.

À lire absolument.
Pour ne jamais oublier.
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Ginette Kolinka, née en 1925, est une rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau et une gardienne de sa mémoire. Longtemps discrète sur l'horreur qu'elle a vécue durant les années 1944-1945, progressivement, sur le tard, elle s'est rapprochée des associations d'anciens déportés afin de libérer la parole. Désormais elle participe régulièrement à des visites d'information dans les collèges et à des voyages scolaires à Birkenau. Elle raconte et témoigne auprès des jeunes, afin qu'ils n'oublient jamais.
Aux élèves elle répète: "C'est la haine qui a fait ça, la haine à l'état pur. Les nazis ont exterminé six millions de juifs. Souvenez-vous de ce que vous avez trouvé impensable."

Ce livre très court, écrit en collaboration avec Marion Ruggieri, est le récit simple mais puissant de la déportation de Ginette Kolinka : son arrestation par la Gestapo dans le sud de la France, son transfert à Drancy puis au camp de Birkenau après un long parcours en train dans des conditions sanitaires inhumaines, avec son père (61 ans), son neveu (14 ans) et son petit frère Gilbert (12 ans). Séparés, triés, dès leur arrivée, elle ne les reverra jamais.
Les premières pages sont très fortes, brutales. Elle entend dire : "Vous voyez la fumée, dehors ? Ils sont là ! Ce sont leurs corps, vos familles que l'on brûle."

Ginette Kolinka, avec la candeur de ses 19 ans, s'attendait à être internée dans un camp de travail, elle n'imaginait pas la haine et la violence des traitements infligés aux prisonniers, les maladies, la faim, l'humiliation, l'horreur et l'angoisse de tous les jours. Elle ne doit sa survie qu'au fait d'avoir été déportée en 1944, vers la fin de la seconde guerre mondiale. Bientôt les camps seront libérés par les alliés.
Ginette sera rapatriée vers Lyon dans un avion sanitaire puis Paris. Victime de malnutrition, des poux et du typhus, elle ne pesait plus que 26 kg et dut réapprendre à vivre.

Dans ce témoignage poignant Ginette Kolinka trouve des mots toujours simples et justes. La prose est claire, parfois dure et crue, mais comment pourrait-il en être autrement. J'ai admiré sa force de caractère et son engagement, même à 94 ans (dans ce livre) elle ne faiblit pas et tient inlassablement à transmettre la mémoire, afin de ne jamais oublier.

#Challenge Riquiqui 2023
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Ginette Kolinka retourne à Birkenau un jour de printemps...Elle est indignée par une joggeuse qui foule ce sol où sous chacun de ses pas il y a un mort. Elle est furieuse de trouver beau ce printemps là, où elle a tant souffert.

C'est une femme humble, qui se reproche encore la naïveté de ses 18 ans, de n'avoir pas réalisé ce qui les attendait..de n'avoir pas compris l'incompréhensible..

Elle replonge dans son quotidien d'alors, où l'on ne vit pas au jour le jour mais à la minute, la minute..la suivante pouvant vous effacer à tout jamais.

Son récit me touche au plus profond du coeur, me laisse sans voix, sans force. Il nourrit ma mémoire encore une fois de ces histoires, jamais les mêmes qui ne doivent pas se reproduire.
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Récit d'une rescapée du camp de Birkenau, Ginette Kolinka nous livre les souvenirs de la jeune femme naïve de 19 ans qu'elle était au moment de sa déportation en 1942, ainsi que le recul qu'elle a pu prendre en accompagnant des écoliers dans ce qu'il reste de ce camp.

On est dans un témoignage, loin du récit littéraire qu'a laissé Primo Levi, mais cela , l'auteure ne le cache pas. Elle le dit elle-même : elle n'est pas une intello, elle n'intellectualise pas les choses et n'essaye pas de se les expliquer, et c'est ce qui selon elle m'a aidé à tenir pendant et après.

La première partie consacrée aux souvenirs du camp apporte "peu" d'informations, cette dernière ayant été déportée au même endroit que Simone Veil et Marceline Loridan Ivens, on retrouve quelques épisodes, si ce n'est connus, "déjà lus" dirait-on. En revanche, les passages sur le rapport au corps et à la confrontation forcée à sa propre nudité et celle des autres vécue comme un choc pour une jeune fille éduquée dans la France des années 30 apportent une piste de réflexion et de questionnements intéressants.

Pour ma part, les passages que j'ai trouvé les plus marquants sont ceux situés dans la seconde prtie du récit où elle parle de son retour dans sa famille, un thème assez peu exploré dans cette littérature et qui mériterait sans doute qu'on s'y intéresse davantage.
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Ce livre est dans ma pal, depuis sa sortie en 2019. Chaque fois que j'ai vu Ginette Kolinka, lors d'une interview, j'ai été émue par sa personnalité et sa manière franche et sincère de raconter l'indicible. Dans Retour à Birkenau, avec spontanéité et des mots pudiques, elle livre son histoire, celle de sa famille et celle de milliers de personnes. Son écartèlement personnel entre son envie de dire, pour ne pas oublier, pour alerter les jeunes générations, et sa peur de déranger se ressent dans ce récit authentique et bouleversant. Elle est touchante d'humilité et de véracité. Certains passages au sujet de sa famille, mais aussi de sa première visite à Birkenau, au début des années 2000, quand elle confie son impression que le site, trop propre, a effacé la mémoire des victimes, sont gravés en moi. J'ai été bouleversée par cette femme extrêmement touchante.


Cette lecture a été faite dans le cadre de ma participation à la semaine de lectures autour de l'Holocauste, du 27 janvier au 3 février, organisée par Si on bouquinait et par Passage à l'Est.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Ginette Kolinka fait partie de ces personnes qui sont revenues vivantes de l'enfer de Birkenau, et elle témoigne, pour que l'on n'oublie jamais. Pas de fiction, de témoignage romancé ici. Non, c'est bien son vécu qu'elle raconte, en tout cas ce dont elle se souvient, ce que sa mémoire n'a pas occulté pour lui permettre de continuer à vivre. Elle n'en a pas parlé pendant des années, jusqu'à ce qu'on lui demande d'accompagner des classes d'adolescents dans des visites de mémoire. Là, sa langue s'est déliée, et depuis elle ne s'est pas arrêtée. Parce qu'elle sait, elle, qu'il ne suffit pas d'aller à Birkenau pour comprendre, que ce qui s'est passé là est bien pire que tout ce qu'on peut imaginer, et qu'il ne faut jamais oublier pour ne pas que ça recommence. Un récit court et poignant à mettre entre toutes les mains.
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Retour à Birkenau, bienvenue aux cauchemars.
Dans la même veine que Primo levi, mais plus court et moins foisonnant, ce qui ne change rien bien évidemment à la valeur et à la force du récit de Madame Kolinka.
Une horreur ce camp.
Bienvenue en enfer.
Bienvenue au froid, à la fatigue, aux coups, à la faim, et à la culpabilité.
Celle dont ne parle pas vraiment l'auteure, mais qui est bien là, bien présente, troublante, gluante, poisseuse.
Car Mme Kolinka pensait bien faire en conseillant son père, son frère et son neveu de se placer dans la file d'à-côté. Malheureusement, c'était la mauvaise file, celle qui part vers les "douches", les fameuses... D'ailleurs, j'ai appris qu'il fallait 25 minutes pour que le zyklon B fasse son oeuvre. À la fin, on les retrouve tous entassés dans un coin, ils ont essayé dans la panique, dans le noir ( oui, des ingénieurs allemands ont été rémunérés pour des études bien précises, du style vaut-il mieux laisser la lumière allumée dans les douches plutôt que de l'éteindre), de respirer l'air pur qui se trouvait plutôt en hauteur.
25 minutes d'agonie.
Très beau texte, pas larmoyant le moins du monde, qui raconte avec courage, passion, et force son histoire, sa déportation. J'ai beaucoup de respect car ce n'est pas facile, de se raconter, de s'écrire, de revivre tout ça, cette infamie, toutes ces horreurs.
Pour encore une fois, ne jamais oublier.

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Il y a plusieurs temps dans la vie de Mme Kolinka :
celui de l'insouciance de la jeunesse qui aurait dû durer tranquillement et celui de la vie heureuse avec ses amours de mari et de fils, de la vie active sur les marchés, du presque oubli. Entre les deux, il y a ce temps, ces quelques mois, de l'indicible qu'elle vécut à Birkenau.
Enfin, il y a ce temps de l'après, de maintenant où Mme Kolinka se dévoue pour partager, transmettre et si possible, être utile avant qu'il ne soit trop tard et qu'on oublie ou qu'on ne sache pas.
Avoir vécu l'enfer du camp de Birkenau, avoir survécu tout simplement ne fait pas de Mme Kolinka une héroïne, juste dit elle, a-t-elle eu de la chance, mais ce court récit, coup de poing, fait d'elle une personne précieuse pour nous.
Son témoignage, son récit est fort, brut et direct. Elle ferme les yeux et elle voit, elle sent, elle ressent et nous voyons, sentons et ressentons un peu à travers elle. Elle nous interpelle, "imaginez"
"j'espère que vous ne pensez pas que j'ai exagéré, au moins ? " Non, rien n'est exagéré dans votre récit. La chance de survivre, dites vous, oui, nous vous en remercions pour ce que vous êtes, ce que vous faites.
Mme Kolinka s'est tue longtemps, comme tous ceux et celles qui sont revenu.e.s. Raconter aurait peut-être reouvert des plaies encore vives. Les entendre eut été trop difficile pour tous les autres.
Maintenant, elle se livre " avec moi, c'est tout au rien."
Je sais bien que "sous chacun de vos pas à Birkenau, il ya un mort". de la poussière blanche recouvre mes chaussures, je n'ai pas osé la retirer pendant des mois après cette journée à Auschwitz-Birkenau avec le Mémorial de la Soah.
Je partage totalement son avis, son sentiment sur les lieux et ce qu'ils sont devenus.
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"La dernière fois que je suis retournée à Birkenau, c'était au printemps." Ginette Kolinka commence son récit par ces mots. Ce printemps là, elle accompagnait une classe pour visiter les lieux, et elle nous raconte à la fois son investissement pour que la mémoire de ce qui a été perdure et son histoire pendant ces sombres années. Son retour aussi.

Comme j'ai vu il n'y a pas très longtemps le biopic sur Simone Veil, j'ai reconnu le passage de la roble, et celui où, des années après, Madame la Ministre vient retrouver Ginette Kolinka sur le marché où elle tient son étal.

Le ton de Ginette Kolinka est juste, dans ses descriptions, où elle raconte les faits, tels qu'ils sont, comme dans ses réflexions. Elle est lucide, Ginette. Elle termine son propos par "J'espère que vous ne pensez pas que j'ai exagéré, au moins?"

Pour ma part non, elle n'a pas exagéré, au contraire, elle a "juste" exposé les faits, avec une certaine distance d'ailleurs... On ne ressort pas de la lecture des écrits de Ginette Kolinka bouleversé comme de celle de Si c'est un homme, de Primo Levi, et pourtant, quelque part, on est davantage glacé. Je ne sais pas comment expliquer ça, peut être parce que ce livre, c'est un témoignage, et que Primo Levi a fait de son histoire un roman ? On a plutôt l'impression d'un monologue ici, mais attention, c'est captivant !

Bref, un témoignage essentiel.
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Émouvant témoignage de cette femme de 94 ans rescapée, qui nous raconte toute l'horreur de ce qu'elle a vécu, du poids qu'elle porte du a la disparition de son père et de son frère.
Des conditions de vie dans les camps, de la faim, et de toutes les souffrances dont elle a fait face.
Aujourd'hui cette femme courageuse raconte et plusieurs fois par an enseigne et accompagne des classes d'élèves dans l'histoire de cette horrible période.
Une écriture simple et un récit inoubliable.
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