AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,36

sur 207 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cloé Korman Les presque soeurs
Seuil


La scène s'ouvre sur Anne Laure Mourgue qui habille les trois soeurs tout en jetant un oeil sur le bébé. Son époux Juif se cache, elle se sont les enfants juifs des autres qu'elle cache, et pourtant aujourd'hui la Wehrmacht vient chercher les petites de 3, 5 et 10 ans, mais le bébé ne partira pas. Anne Laure ne le permettra. Elle en sauvera une, au moins cette fois !
26 Juin 42, les premières déportations orchestrées par le régime de Vichy. Réglées comme sur du papier à musique. D'abord les hommes puis les femmes et les enfants.
Les trois soeurs Korman et les trois soeurs Kaminski se connaissaient, elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, non, mais elles se fréquentaient, et voilà que par les hasards et méandres de l'histoire elles vont devenir soeurs, presque soeurs, des soeurs sept mois durant, dans la tourmente de l'histoire.
De Montargis à Beaune la Rolande, elles connaitront, la faim, le froid, l'ennui et la peur et certaines la mort. Parce qu'il y a celles qui en réchapperont et celles qui n'en reviendront pas.
Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose. La narratrice cherche à remonter l'existence des petites filles, cousines de son père qui sera l'avocat des parties civiles dans le procès contre l'officier SS Klaus Barbie.
Un récit difficile à lire, qui met noir sur blanc l'implication du gouvernement français dans la sombre histoire de la guerre.
Une histoire où il n'y a pas de vainqueurs, n'est-ce pas tout autant difficile de s'en sortir ? Mais le passé ne se juge pas à l'aune de ce que l'on sait aujourd'hui...
« Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d'en sortir. »
Un livre qui a frôlé le Goncourt et qui n'aurait pas démérité.
Difficile mais passionnant !

Commenter  J’apprécie          10
6 petites filles, 3 sont parties, 3 sont revenues, 6 presque soeurs sont arrivées dans le tourbillon du nazisme. Cloé Korman nous raconte l'histoire en pointillé de ses 3 petites cousines grâce à ces trois autres petites filles, les presque soeurs, avec lesquelles elles ont été trimballées de foyer en maison d'accueil, réservés aux enfants juifs avant leur déportation vers Drancy puis plus loin. Et si l'histoire de ces six petites filles nous transporte tant, c'est surtout parce que c'est celle de milliers d'enfants pendant cette guerre, auxquels on ne pense souvent que pendant le trajet en train et l'arrivée aux camps. Mais grâce à ce roman, on se retrouve face à face avec la réalité : il a fallu en faire quelque chose, de ces enfants dont les parents avaient déjà été deportés. Et de lire ce récit avec toutes les petites anecdotes d'une vie d'enfant dont on sait déjà l'issue, c'est extrêmement émouvant.

J'aurai bien mis 5 étoiles rien que pour ça, parce que ce récit nous en dit bien plus que ce qu'on pouvait imaginer. Malheureusement j'ai parfois été un peu perdue dans la chronologie des événements. Après j'aurai peut-être dû être plus attentive au fait plutôt qu'à l'émotion dégagée, qui sait ? Malgré tout, je m'en souviendrai de ce livre, même si j'oublie l'histoire des petites Korman et Kaminski, je me souviendrai de ces enfants de la guerre qui ont dû continuer, tant bien que mal, à être des enfants.
Commenter  J’apprécie          10
Livre que je n'aurai jamais lu si je ne l'avais pas reçu. Voilà, c'est dit : je lis très peu de livres sur la seconde guerre mondiale et la déportation, ma propre histoire familiale (trois ans de camp de travail pour mes grands-parents polonais catholiques) me suffit amplement.

Nous avons à faire avec un récit minutieux, qui fait suite à une enquête non moins minutieuse, qui nous emmène dans des lieux marquants de l'histoire de la déportation des juifs en France, des lieux oubliés, des lieux dont on ne parle pas, ou peu. Je pourrai presque dire qu'il nous parle de la vie quotidienne dans les camps de transit, dans les centres de « tri », et l'autrice ne nous cache jamais ce que ces mots recouvrent.
Le récit fait des aller et retour entre le présent, celui de l'enquête de l'autrice, interrompue par le confinement, et le passé, le parcours des trois soeurs, les cousines de son père, et des trois « autres » soeurs, qui elles, ont survécu. le récit reste toujours fluide, précis sans être froid, émouvant sans jamais sombrer dans le pathos. Il donne à voir les enfants, les adultes, à redonner des noms, des visages, des morceaux de vie, à des êtres qu'allemands et français (l'autrice ne gomme jamais le rôle des français dans ce récit) ont voué à l'extermination.

Il donne aussi la parole à celles qui ont pu survivre, parce que des personnes, autour d'elles, se sont organisées pour faire tout leur possible pour les sauver. Mention spéciale à Andrée, qui aura tout supporté de l'état français, même après la guerre.

Pour moi, ce fut une des rencontres les plus percutentes de cette rentrée littéraire : quelle soit notre situation, il est des sujets qu'il ne faut pas passer sous silence. L'autrice elle-même était enceinte quand elle a retracé le parcours des cousines de son père, et pourtant, elle ne s'est pas arrêtée aux croyances de certains (= ne pas penser à des événements tragiques pendant une grossesse).
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          160
En préambule et pour l'anecdote, la petite histoire d'une lecture. Début octobre, je suis parti avec ma fiancée, à Wissant pour une semaine. J'avais emporté deux livres. le premier, entamé dès le premier jour « En salle » de Claire Baglin, et achevé à la fin du deuxième jour. Premier roman d'une jeune auteure de 23 ans qui saisit l'occasion d'un travail d'étudiante dans un fast-food pour narrer ses conditions de travail tout en les croisant avec ses souvenirs d'enfance, au temps où avec ses parents et son frère, elle fréquentait les mêmes lieux. Il y a de la qualité dans ce premier livre. Ensuite, j'ai entamé le deuxième, mais qui m'est tombé des mains au bout d'une petite centaine de pages. Il m'avait fallu déjà bien lutter pour parvenir à ce stade. Un peu dépité de n'avoir pas pris d'autres livres, j'ai consulté les livres que ma fiancée avec emportés. J'ai pris le premier, l'ai retourné pour livre le quatrième de couverture. Encore une histoire d'une famille juive durant la seconde Guerre mondiale. J'ai fait la moue. Des livres comme celui-là, j'en ai lu beaucoup. Souvent, ce sont des livres très émouvants. Mais là, à Wissant, je n'en avais pas trop envie. Cependant, les autres me faisaient encore moins envie. Donc, par défaut, j'ai entamé « Les presque soeurs ».

L'histoire est simple et tragique à la fois. L'auteure sait que trois de ses petites-cousines, les Korman, (3, 5 et 10 ans), les trois filles du frère de son grand-père paternel, sont mortes à Auschwitz en juillet 1944. Mais manifestement, dans la famille, on sait peu de chose sur ce qui s'est passé pour ces petites filles durant la guerre. Sinon six lettres écrites par l'aînée des filles et récupérées par le grand-père de l'auteure auprès d'une dame qui les avait cachées chez elle, au début de la guerre. Aussi, Cloé Korman va se mettre en quête de connaître leur parcours de 1942 jusqu'à 1944. L'auteure va alors découvrir que le destin de ses trois petites-cousines est étroitement associé à celui de trois autres petites filles du même âge, les soeurs Kaminsky. D'où le titre « Les presque soeurs ». L'auteure va reconstituer le parcours de ses six petites filles et chercher à comprendre dans quelles circonstances ses petites-cousines sont mortes en camp d'extermination et dans quelles circonstances les filles Kaminsky y ont échappé.

L'auteure réussit ce tour de force de tenir son écriture dans un équilibre difficile entre la restitution historique et l'émotion sans jamais verser dans un dramatisme. Tout au long du récit, elle imagine en permanence les pensées et les émotions qui ont pu être celles de ces enfants à chaque instant de leur parcours fait de ballottements entre des familles et des institutions juives dont le rôle était de recueillir ces enfants dans des pensionnats. de cette façon, elle évite le piège de parler à la place des petites filles. Parallèlement à cela, l'auteure a fait un travail de recherche historique remarquable de précision pour rendre compte du contexte historique de la persécution des Juifs, en France, et à Paris en particulier, durant cette période, notamment au sujet du camp d'internement de Beaune-la-Rolande et des institutions juives. Celles-là même qui accueillaient des enfants pour leur offrir un gîte et du réconfort mais dans lesquelles la Gestapo venait puiser pour remplir les trains de la déportation. Pour faire ce constat implacable coupant court au débat mené par des pseudo-historiens qui consiste à minimiser, voire à nier, la responsabilité de l'Etat français et du régime de Vichy, dans cette tragédie.
" Si j'avais une seule morale à tirer de tout cela, à transmettre à mes enfants ou à n'importe quel ami dont la vie m'est aussi chère que la mienne, ce serait de prendre la mesure des mensonges putrides dont est capable un État jusqu'à assassiner ceux dont il a la protection avec la bonne conscience qui s'autorise des tampons de commissaires, et la respectabilité des signatures de sous-préfets ayant l'honneur de s'adresser à leur préfet, ou de préfets déférant à leur ministre avec des listes de noms d'enfants ".

Au final, "Les presque soeurs", un livre magnifique par l'histoire qu'il raconte, par l'émotion qui s'en dégage, mais surtout aussi par sa qualité d'écriture.
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce livre très documenté et très émouvant, l'autrice évoque un aspect de la Shoah qui nous est sans doute moins connu. Dès 1942, de nombreux parents juifs sont arrêtés puis déportés, laissant derrière eux des milliers d'enfants, souvent en bas-âge, qui se retrouveront « ballotés » de camps en foyers parisiens. Souvent seuls, les fratries étant régulièrement séparées puis parfois réunies, ils sont arrachés à une vie paisible et se retrouvent désemparés, à la merci d'adultes à l'empathie et à la compassion « variables ». C'est ce qui arrive aux trois petites cousines de Cloé Korman, Mireille, Jacqueline et Henriette qui, dans leur malheur se trouveront toutefois réunies avec trois amies, Andrée, Jeanne et Rose Kaminsky.
Au fil des transferts ordonnés par la politique de Vichy qui, sous prétexte de prendre soin d'elles ne fera que reporter mais préparer soigneusement la déportation prévue, elles finiront par être éloignées, se perdant ainsi de vue.
Si grâce à leur évasion, les soeurs Kaminsky parviendront à survivre à cette politique de la honte, les trois petites filles Korman n'auront pas cette chance. Elles feront partie de la rafle de Saint-Mandé, le 22 juillet 1944 et quitteront Drancy le 30 juillet à destination d'Auschwitz.
Au-delà de sont aspect historique, ce roman nous rappelle, si besoin était, jusqu'où est capable d'aller « l'inhumanité » et, surtout, qu'il ne faut jamais cesser de parler, de témoigner et d'évoquer notre histoire pour que jamais l'on oublie.
Commenter  J’apprécie          23
Ce roman puise sa vérité dans deux temporalités, celle de l'autrice et de son présent (entre découverte des archives, exploration de villes françaises, confinement, grossesse) et celle des Presque Soeurs, 6 petites filles ballotées dans la France collaboratrice de Vichy. En revenant sur les lieux mêmes du drame, en réunissant les mots des survivantes et des témoins, Cloé Korman reprend le fil de l'histoire vécue tout en rappelant sa présence. Elle raconte son propre ressenti, sa nécessité toute personnelle de faire entendre ses émotions. Ses mots viennent en écho aux paroles des survivants. Elle ne comble pas le passé mais avec ce nouveau filtre, nourrie des nouvelles rencontres, observe son présent autrement.

Le roman, construit en plusieurs parties selon les lieux visités (Montargis, Orléans pour le Cercil, Beaune-la-Rolande, Paris), est un parcours qui se rapproche de la chronologie des vies évoquées. Face aux vestiges du temps, elle laisse parler sa sensibilité, son émoi, sa détermination. Compte tenu du sujet, il est bien sûr question de transmission, de devoir de mémoire. Les années de guerre marquent encore et toujours la chair des survivants, qu'ils aient été observateurs malgré eux ou victimes, encore plus injustement. Quelle place avoir quand on écrit et que les mots choisis ne peuvent se rattacher au vécu directement ? L'imaginaire ne doit rien étouffer, la mièvrerie non plus. La douceur des images, la tendresse des évocations ne tombent jamais dans le larmoyant ou le spectaculaire. Son roman parle autant des absents que des présents, de celles et ceux qui ont survécu, de celles et ceux qui sont nés tout de même, de celles et ceux qu'il ne faut pas oublier. Avec une écriture très cinématographique, Cloé Korman accompagne le lecteur dans sa découverte de cette période historique sans jamais se perdre dans le surplus d'émotions.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          40
La plus âgée a 13 ans, la plus jeune vient de naître. Toutes les sept sont juives, orphelines: un des pères se cache en zone libre et quelques mois plus tard, l'autre père et les deux mères sont arrêtés, internés, gazés.
On a procédé par étape, tout était planifié et organisé: les parents d'abord, les enfants ensuite.

Alors ces petites filles, comme des milliers d'autres enfants, restent en France, orphelines, en attendant que leur sort soit scellé, trimballées de camps en centre de tri, de centre de tri en foyers, de foyers à Drancy, de Drancy à Auschwitz.

Ces deux années d'errance entre les mains des adultes qui décident de leur destinée vont permettre aux filles de devenir des presque soeurs.
Elles se retrouvent autour du bébé, première petite fille sauvée, puis dans le camp de Beaune-la-Rolande où elles échappent aux maladies, à la folie et l'inanition.
Elles sont ensuite envoyées à Paris et assistent aux rafles ponctuelles de leurs camarades d'infortune jusqu'au jour où leur tour arrive.

Cloé Korman, sous l'impulsion de sa soeur, retrouve la trace de ces petites filles. Trois d'entre elles sont ses petites cousines assassinées. Les trois autres étaient leurs amies.

L'autrice explore Paris, ces lieux oubliés où ont été parqués ces enfants en transit et passe beaucoup de temps avec Andrée, une des soeurs qui se souvient de tant de choses.

Ce récit est magnifique, bouleversant et très bien écrit. Il vous faudra prendre des notes sur les 50 premières pages pour ne pas vous perdre dans les noms, les dates et les liens de parenté, mais rien d'insurmontable et surtout indispensable car cette enquête c'est LE récit des enfants.

À travers ses cousines, Cloé Korman raconte tous les enfants. Qu'a-t-on fait d'eux pendant ces longs mois? Qui les gardait? Comment étaient-ils convoyés ? La partie historique est indispensable et dramatiquement captivante.

J'ai quitté ces petites filles avec tristesse et je suis nostalgique de leur présence. Comme tous les récits de la Shoah, je le garderai précieusement en moi.
Commenter  J’apprécie          60
Cloé Korman remonte la piste de ses 3 petites cousines victimes du Nazisme et déportées comme des milliers d'autres enfants...
Leur destin semble lié à jamais à celui des 3 soeurs Kaminsky, compagnes d'infortune à multiples reprises lors des rafles...
Un roman chargé d'émotions
Commenter  J’apprécie          150
« Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d'en sortir. D'autres peuvent servir à atteindre des îles, des ailleurs. Qu'elles soient barques ou forêts, elles sont faites du même bois. »


Si l'auteur est entrée dans la forêt obscure, sur les traces des enfants morts de la Shoah, c'est sur l'invitation de sa soeur Esther, qui, s'étant découverte voisine d'un témoin des faits, avait commencé à reconstituer l'histoire de leurs trois petites cousines, mortes en déportation à la toute fin de la guerre. Cloé Korman s'est alors lancée dans une enquête qui, du Loiret à Paris, l'a menée pas à pas là où la France de Vichy a fait passé les soeurs Korman – Mireille, Jacqueline et Henriette – et leurs « presque soeurs » – Andrée, Jeanne et Rose Kaminsky –, toutes les six raflées à Montargis en 1942, internées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, puis plusieurs fois séparées et réunies au hasard de leurs affectations dans différents foyers d'accueil parisiens où, recensées sur les listes juives des préfectures, elles attendirent que leur sort, apparemment encore indécis, se scellât au bon vouloir des autorités.


Aussi chaotique que le parcours de ces fillettes ballottées de lieux en lieux puissent paraître, le récit mène pourtant à un constat implacable : en fait de tergiversation quant à leur destin, il n'y eut jamais qu'une question d'organisation et de logistique. Si les enfants ne furent pas déportés dès le début avec leurs parents, restant orphelins à la charge d'un Etat français impatient de s'en débarrasser, ce fut uniquement pour ne pas encombrer les camps de travail en attendant que la machinerie d'extermination nazie eût atteint le niveau capacitaire requis. Alors, dans l'intervalle, on les casa, peu importe comment, dans des lieux d'attente, puisant dans leurs listes pour optimiser les convois d'adultes lorsqu'ils étaient incomplets… Pour les soeurs Korman, l'heure du départ fatal sonna en 1944, dénotant, de la part des responsables français, un « acharnement à faire des victimes alors que la défaite nazie était acquise ».


Nous faisant « prendre la mesure des mensonges putrides dont est capable un État jusqu'à assassiner ceux dont il a la protection avec la bonne conscience qui s'autorise des tampons de commissaires, et la respectabilité des signatures de sous-préfets ayant l'honneur de s'adresser à leur préfet, ou de préfets déférant à leur ministre avec des listes de noms d'enfants », établissant tristement le rôle « de mise à feu du génocide » joué par la France, la narration s'éclaire aussi fugitivement des actes individuels de révolte, des coups de pouce rencontrés ça et là qui ont pu renverser la fatalité et sauver des vies, comme celles des soeurs Kaminsky, enfuies après six tentatives manquées. Ainsi, sur les « presque soeurs » promises au même destin par la barbarie des hommes, trois auront pu emprunter une traverse vers la vie...


Moins introspectif et, du coup, peut-être moins chargé émotionnellement que la bouleversante Carte postale d'Anne Berest, le livre de Cloé Korman n'en frappe pas moins l'esprit en abordant la Shoah sous un angle demeuré méconnu : le sort très hypocritement réservé par la France de Vichy aux orphelins laissés par les adultes juifs déportés. Aussi soigneusement documenté qu'admirablement écrit, le récit très concret a de quoi ébranler profondément le lecteur, aussi averti soit-il déjà de la part de responsabilité de l'administration française dans le génocide. Et puis, déjà horrifié par le sujet dans son ensemble, comment ne pas rester songeur face aux bifurcations du destin, qui d'une pichenette condamne ou sauve, à partir de situations strictement identiques… Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          948
" Ce sont les faits, entre 1942 et 1944, des milliers d'enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement français de Vichy."
Raconter cette période de l'histoire sordide restera nécessaire au fil du temps, on en dira jamais assez, on n'a pas le droit d'arrêter de témoigner.
Parmi ces enfants internés, sans mère ni père, les soeurs Korman, petites cousines de l'auteure, elles sont trois soeurs : Mireille (10 ans), Jacqueline (5 ans) et Henriette (3 ans) et une autre fratrie de trois soeurs, Andrée, Jeanne et Rose Kaminsky qui ont sensiblement le même âge.
Elles se sont fréquentées dans la vie d'avant, se connaissent et se voient dans leur enfance.
Nous voici face à deux familles, et surtout 6 enfants qui vont se côtoyer durant 7 mois dans cet enfer de foyers, d'internement dans plusieurs lieux d'enfermement à Paris.
Ce sont des enfants "bloqués" du régime de Vichy, elles sont scolarisées, ont une certaine liberté de mouvement mais peuvent à tout moment être emmenées vers un ailleurs et ne jamais revenir.
Elles se nomment elles mêmes presque soeurs.
Véritable enquête minutieuse de C.Korman pour apprendre ses racines, pour rechercher le parcours de ses petites cousines.
Ne pas trop dévoiler ce vif témoignage, ne gâchons pas notre précieuse lecture et nos émotions.
Celle-ci seront suffocantes face à cette réserve de chair humaine, et ce génocide programmé.
J'ai souvent relu certains chapitres, j'ai ralenti ma lecture pour ne pas quitter ou abandonner ces petites filles.


Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (469) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3249 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}