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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les Soleils de Indépendances est le premier roman écrit par Ahmadou Kourouma, publié en 1968.

1968 : cela fait seulement huit ans que la Côte d'Ivoire est indépendante. La colonisation a pourtant laissé des traces dans le pays, Fama Doumbouya a payé pour le savoir. Ruiné par les Soleils des Indépendances, Fama n'a pas d'autre choix que de gagner sa vie en déambulant d'obsèques en obsèques. Ne vous étonnez pas, les obsèques dans certaines tribus africaines, durent quarante jours et tout le monde peut y participer. Y ont lieu des palabres sans fin et une distribution générale de nourriture.
Fama est donc un vautour. Quel sort amer pour ce dernier descendant d'une longue lignée de chefs de tribu malinké ! Salimata, son épouse, travaille dur pour le nourrir mais elle ne le supporte plus. Fama est incapable de lui faire un enfant, alors elle dépense tout son argent chez les marabouts. Quel triste ménage !
Alors Fama décide de retourner au village natal au fin fond des plaines arides et de reprendre les rênes de la tribu.
La suite, vous la saurez en lisant le livre !

Le style de ce livre est très particulier, Ahmadou Kourouma met la langue française au service de sa culture africaine malinké pour nous offrir ce roman. Ne passez pas à côté d'un des plus grand auteurs africains francophones !

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Quelques années après l'indépendance de la Côte d'Ivoire, le peuple sort de ses désillusions. le départ des Français n'a pas apporté la prospérité ni la liberté. La situation au pays se détériore, le respect dû aux traditions et aux vieilles familles princières n'est plus ce qu'il était. Fama Doumbouya, un prince malinké déchu, erre dans la ville, d'un enterrement à l'autre. Même les griots (caste de poètes-musiciens, dépositaires de la culture orale) confondent l'histoire des grandes familles et improvisent des célébrations pour récolter quelques pièces.

Fama Doumbouya se rend compte de tout cela. On se rend compte de son destin tragique, dernier descendant d'une lignée de chefs de tribu, il n'arrive même plus à réaliser quelques profits au marché (ah… le temps des colonies…). Maintenant, il est presque contraint à mendier. Son combat entre sa déchéance et son honneur est triste et terrible. Justement, le roman constitue une longue, extrêment longue diatribe. En fait, ce n'est pas tant des récriminations qu'une lamentation. Écrit ainsi, ça peut paraître barbant mais j'ai bien apprécié cette lecture. C'est le premier roman d'Ahmadou Kourouma que j'ai toléré. le style est moins décousu, on est loin du narrateur enfant-soldat qui crache un lot incohérent de paroles, sautant du coq à l'âne.

Lire Les soleils des indépendances, c'est être témoin de la lente agonie de ce monde, de ces griots et de ces chefs de tribu d'une autre époque et qui éprouvent de sérieuses difficultés à s'adapter à la modernité, au post-colonialisme. Maintenant, la corruption est partout et les politiciens sont davantage concernés à se maintenir en place et toute opposition est frappée durement. le pauvre Fama, qui n'a pas sa langue dans sa poche, se retrouve ne prison. Insulte suprême ! Ahamdou Kourouma a bien rendu ce magistral chant du cygne. À lire.
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Je me rends compte en observant mes lectures que je lis très peu d'auteurs africains. Quelques auteurs du Maghreb, mais quasiment aucun d'Afrique noire. J'ai souvenir de certaines lectures que j'avais trouvé trop "verbeuses" cherchant à atteindre un français encore plus précieux que celui des grands auteurs classiques, comme une sur-correction pour prouver à l'ancien colon que l'auteur africain sait manier la langue. Je comprends la démarche qui amène à ces choix, mais j'avais du mal à entrer dans ces lectures.

Pas De ça ici. Pour mon premier auteur ivoirien , la pioche est particulièrement bonne. Ahmadou Kourouma est un concentré d'Afrique à lui tout seul. Né en Côte d'Ivoire de parents guinéens, ayant fait une partie de ses études supérieures au Mali, envoyé comme tirailleur sénégalais en Indochine... Bref, un auteur tout indiqué pour écrire sur ses Indépendances qui bouleversèrent l'Afrique où il a grandi. Son premier livre, publié en 1968, avait donc son sujet tout trouvé.

Ou plutôt ces sujets car à travers le personnage principal de Fama, prince malinké déchu de son pouvoir par les colons comme par le nouveau pouvoir, Kourouma aborde de nombreux sujets qui traversent encore aujourd'hui l'Afrique. Apports et méfaits de la colonisation comme des indépendances, rapports à la fois complémentaires et conflictuels des religions traditionnelles des marabouts et de l'islam nouvellement implanté, place des femmes dans la société africaine, notamment via la question de l'excision... Ce livre aurait très bien pu avoir été écrit de nos jours, les questions qu'ils posent ne semblent pas réellement avoir trouvé de réponse.

Et pour revenir au style, qui servait de base à mon introduction, Kourouma choisit de créer son propre langage, s'affranchissant de la comparaison obligatoire avec l'auteur français. Se nourrisant du vocabulaire malinké, construisant ses phrases d'une manière très originale, multipliant les propos parfois outranciers l'auteur fait transparaître efficacement la colère, la frustration de ses personnages. Utilisant de façon métaphorique les animaux comme le paysage qui répondent en miroir aux indignations de ceux qui demandent à être respectés, il trouve une voix très personnelle et une musique particulière dans laquelle on prend un peu de temps pour se couler mais qui finit par rythmer notre lecture de manière très agréable.

L'auteur connaitra la consécration par un prix De l'Académie Française et se consacrera ensuite au théâtre. Il ne reviendra au roman que 20 ans plus tard et attendra 2000 et son Allah n'est pas obligé pour atteindre la reconnaissance plus générale en obtenant le Renaudot et le Goncourt des lycéens. Un auteur que je suis heureux qu'un certain challenge (qui se reconnaitra forcément) m'ait permis de découvrir !
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Dotée d'une écriture particulière (à la fois violente, vulgaire, mais poétique) ce roman de Kourouma permet une véritable immersion dans le pays qu'il a nommé Côte-des-Ebènes qui n'est autre que la Côte d'Ivoire. On y retrouve cette fameuse opposition ville-campagne, ou plutôt devrais-je dire brousse-ville dans ce cas-là. le savoureux mélange entre la langue française et le dialecte régionale (ici le malinké) qui est le propre de la littérature francophone se révèle dans cette oeuvre très intéressant, et parfois très drôle. Une livre à lire et à découvrir
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Fama est le dernier des authentiques princes malinkés, il cherche à représenter véritablement son statut alors que pour leur peuple,c'est la fin d'une lignée... Ahmadou Kourouma fait de Fama, un homme victime d'un destin malheureux, il ne lui sera même pas accordé un héritier...
Kourouma, raconte d'une belle plume avec des scènes très difficiles à lire : le quotidien très dur de Fama et de son épouse, Salimata, et à travers eux, c'est l'époque d'une Afrique, les coutumes, les féticheurs, les tristes excisions des femmes... Apre, dur, l'auteur dénonce avec une féroce ironie la condition humaine de l'Afrique.
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Considéré en Afrique comme un classique, Les soleils des indépendances de l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2003), raconte une descente aux enfers : celle de Fama, dernier représentant d'une lignée princière que le colonialisme, puis l'indépendance ont pratiquement réduit à la mendicité. Comme celui de Dante, cet enfer tropical a ses différents cercles (social, conjugal, culturel, politique…), que le pauvre Fama parcourt l'un après l'autre, jusqu'à sa déchéance finale.

En toile de fond, un pays d'Afrique livré à la griffe d'un dictateur, où l'on peut écoper de vingt ans de prison simplement pour avoir rêvé d'un opposant au régime, et puis se retrouver libre du jour au lendemain, sans aucune raison particulière. Un pays où l'allégeance servile (et obligatoire) au parti unique est en passe d'anéantir toute la richesse des sociétés traditionnelles.
Attention, l'auteur est aussi sans concession envers ces dernières, qui excisent les petites filles et les transforment en esclaves, dès le lendemain de leur mariage.

Tout cela pourrait sembler d'un pessimisme absolu sans la verdeur, l'humour et l'inépuisable inventivité verbale d' Ahmadou Kourouma. On songe, en le lisant, au réalisme magique de l'Automne du patriarche, de Garcia Marquez, ou aux premiers romans d'Édouard Glissant, publiés à peu près à la même époque.
Si Kourouma choisit d'écrire en français, ce n'est pas, on le devine, pour refaire du Bossuet. Tordant joyeusement le cou à la syntaxe et au vocabulaire français, il les pare au passage de rythmes, de sonorités et d'images nouvelles – sans que cela cesse pour autant d'être du français, et même du très bon.
Au fil de ces pages, on a parfois l'impression, d'être assis à l'ombre d'un fromager et d'écouter le palabre quotidien du village dont Fama est le prince : il y est question de religion, de politique, de prédictions, voire de scatologie, le tout constamment émaillé de proverbes souvent très drôles.
C'est ainsi qu'on apprend qu' « en politique, le vrai et le faux portent le même pagne », qu' « on ne rassemble pas des oiseaux quand on craint le bruit des ailes » ou bien encore qu'« à renifler avec discrétion le pet de l'effronté, il vous juge sans nez. »

Une livre passionnant.
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Dans ce roman nous suivons les mésaventures d'un homme volubile, un griot coléreux et pas toujours réfléchi, stérile mais ne l'admettant pas, si ce n'est tardivement.
Dans ce conte africain, religion musulmane et croyances animistes sont mêlées, la magie et la duplicité aussi. de nombreux proverbes émaillent ce récit, écrit dans une langue on ne peut plus imagée ; les éléments naturels, en particulier à la campagne, jouent un rôle prédictif et souvent néfaste.
Les têtes de chapitres, qui ne dévoilent pas beaucoup la suite, sont énigmatiques.
La condition féminine est mise en relief, dans toute sa cruauté et avec ses multiples souffrances (cf. la description de l'excision, une lecture difficile pour moi).
Je précise que ce roman date de 1970 mais il reste d'actualité et surtout voici un nouveau livre indispensable pour connaître ce continent, détruit par la colonisation et qui a eut du mal à s'en extraire. C'est d'ailleurs l'époque de ces nouveaux gouvernements indépendants qui tâtonnent et se cherchent qui est évoquée, comme l'indique le titre.
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Découverte d'un auteur africain, de coutumes et croyances africaines, de la vie de l'Afrique de l'ouest et du peuple Malinké peu de temps après l'indépendance...
A la suite des indépendance Fama ancien prince d'une tribu africaine est contraint, pour survivre, de suivre des enterrements dans le mosquées et au domicile des défunts. C'est la tradition...ceux ci peuvent durer jusqu'à quarante jours et réunir des centaines de personnes. Il est marié avec Salimata qui a été excisée, comme le veut la tradition. Elle est stérile malgré, grigris, décoctions, amulettes, mixtures, cornes de béliers, etc.
Critique du quotidien socialiste à la suite de l'indépendance, mais aussi un regard sur cette culture, cette langue, ces superstitions.....le moderne confronté à la tradition.
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Les soleils des indépendances est une allégorie de la période postcoloniale dans un état d'Afrique de l'ouest.
Les modes de vie et de gouvernement traditionnels ont été balayés par la colonisation et l'accession à l'indépendance, quand arrive au pourvoir un parti socialiste unique corrompu.
Fama est le dernier d'une lignée Malinké, il a tout perdu à l'indépendance. Sa femme Salimata caractérise la situation féminine ? Montrée du doit en raison de sa stérilité (à moins que ce ne soit celle de Fama, mais ça, il ne faut même pas le dire), traumatisée par ce qu'elle a subit à l'adolescence, elle a recourt à de multiples superstitions.
Un livre très coloré, une langue imagée très riche qui saisit, une fable politique qui présente la vie africaine, entre vie quotidienne et mythes africains.
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Superbe roman qui donne l'impression d'être un enfant qui écoute le poète raconter son histoire au pied du baobab ou au centre du village. C'est drôle et dérisoire comme une fable, titanesque et cruel comme un récit mythologique.
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