J'ai un penchant pour les éditions Zulma qui publient souvent des romans aussi atypiques que leurs couvertures, aussi quand j'ai vu celui-ci en librairie, je m'en suis emparée pour lire la quatrième de couverture. Cet assemblage me semblait prometteur et je n'ai donc pas hésité à l'ajouter à ma liste de futurs achats. Grand bien m'en fasse, je n'ai pas craqué et j'ai eu l'occasion de le recevoir via Les Matchs de la Rentrée Littéraire organisés par Price Minister – Rakuten. Aussitôt reçu, aussitôt commencé.
Auyong
C'est le premier personnage qu'on découvre. Loin d'avoir la folie à laquelle le lecteur s'attend après avoir lu la quatrième de couverture, Auyong est un homme d'un certain âge qui a décidé de se retirer dans le petit village de Lubok Sayong où il dirige une conserverie de litchis en attendant la retraite. Même s'il manque cruellement d'excentricité le personnage est assez aguerri pour avoir un point de vue intéressant sur les habitants de Lubok et sur lui-même. Sa force réside dans son aptitude à rendre des événements complètement loufoques parfaitement ordinaires grâce à la tranquillité avec laquelle il les raconte.
Beevi
Pour moi, la véritable héroïne du roman. Cela aurait été tellement plus intéressant, plus original si elle avait été la narratrice. Pourtant, le lecteur ne peut l'observer qu'à travers les yeux de Auyong, son ami d'enfance, et de Mary Anne, l'enfant adoptée par sa soeur. Elle aurait pourtant eu beaucoup de choses à dire et j'ai regretté de ne pas être une cliente de sa maison d'hôte en mesure d'écouter une de ces histoires « inconcevables ».
Lubok Sayong
Quitte à faire une véritable somme des folies, le roman aurait aussi pu mettre cela en avant à travers le regard du village lui-même, car n'en déplaise aux autres, c'est au village que revient le titre de personnage principal. C'est entre ces bornes que se jouent les situations les plus improbables, les plus tristes et les plus joyeuses. C'est le village qui est un peu fou et qui mène tous les personnages au rythme de ses crues et décrues.
Mary Anne
La deuxième narratrice du roman est certes une originale, mais c'est une enfant dans la majeure partie du récit et en conséquences, ses folies sont vraiment toutes petites, voire insignifiantes. Si la quatrième de couverture l'a décrit comme facétieuse, je cherche encore ces facéties… Son statut d'enfant la relègue en effet au rôle d'observateur la plupart du temps, un observateur un peu en retrait qui ne saisit pas tout, voire pas grand-chose, et dont le point de vue n'apporte pas rien au récit lui-même.
En somme, je suis plutôt déçue de ce roman. L'auteure n'a pas su adopter un style différent pour Auyong et Mary Anne, et si ce n'était grâce à la grammaire française, le lecteur ne pourrait pas vraiment dire qui est le narrateur à certains moments. L'accent n'est pas suffisamment mis sur les événements « fous » et, j'ai donc passé la majeure partie du roman à m'ennuyer ferme. Pour raconter une histoire où il ne se passe rien finalement, il faut un véritable talent de conteur et d'écrivain que je n'ai malheureusement pas retrouvé chez
Shih-Li Kow.
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