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L'auteure est née en 1979 en Ukraine, mais a déménagé avec sa famille très jeune en Géorgie, la patrie d'origine d'un certain Staline, qui à Tiflis, maintenant Tbilissi, a suivi des cours au petit séminaire ... sans grands effets apparemment.

Sana Krasikov est ensuite partie aux États-Unis, où en 2001, à l'âge de 22 ans elle a été diplômée de l'université de Cornel à Ithaka dans l'État de New York.
En 2009, elle s'est mariée avec le journaliste Gregory Warner, connu pour ses émissions à la radio.
Actuellement, elle est chargée de cours de littérature aux universités de Cornel et d'Iowa.

Son recueil de nouvelles, publié en 2010 et traduit en onze langues a été un succès acclamé à travers les États-Unis. Son second ouvrage "Les patriotes", sorti en 2017 a été immédiatement un véritable best-seller.

Son début "One More Year" en V.O. compte 8 nouvelles d'environ 35 pages chacune.

Je commence mon billet par la nouvelle numéro 3, "L'alternative", tout simplement parce que c'est celle qui m'a plu le plus.

Jeune homme Victor a été amoureux de Mila, une virtuose du piano qui adorait jouer le deuxième concerto pour piano de Rachmaninov. Ambitieux, il décide de marier Vera pour obtenir, comme Ukrainien, une "prospiska" carte de résidence à Saint-Pétersbourg plutôt que de rentrer à Jytomyr, une ville laide plein de béton à l'ouest de Kiev.

Un soir, à un mariage juif orthodoxe, il rencontre la mère de Mila et apprend que sa fille Alina habite New York. Mila elle-même est décédée dans un accident de voiture en rentrant d'un concert, il y a déjà un bon bout de temps.
Bizarrement, il passe un coup de fil à Alina et l'invite à dîner dans un restaurant près de son flat new-yorkais. Surprise, la jeune fille accepte. Il va de soi qu'il ne peut résulter rien de cette rencontre entre une fille qui est au début de ses études de médecine et un vieux monsieur qui a 2 fils de l'âge d'Alina.
Sana Krasikov très habilement nous présente cette initiative irréelle de Victor sans toutefois trancher elle-même. Une situation qu'en Allemand l'on qualifie de "unheimlich" ou d'inquiétante étrangeté.

Dans "Cher et tendre" nous faisons la connaissance d'Anna, originaire de Nijzni Novgorod en Russie et Ryan, un jeune homme du Nouveau Monde.
Ils ont tous deux 22 ans, sont mariés, s'aiment à leur façon, mais leur relation n'est guère simple. Comme l'explique Anna à un moment donné : "Un avenir avec Ryan, ce serait comme rester en Russie."

Je ne compte pas résumer les autres nouvelles ici, mais plutôt souligner leurs caractéristiques principales, qui relèvent d'un déracinement et d'une rupture entre les générations et plus spécialement entre ceux qui ont traversé l'Atlantique et ceux qui sont restés en Russie ou dans une des républiques de l'ancien empire soviétique, telle la Géorgie.

J'ai bien aimé la langue et le style de Sana Krasikov qui sont très variés et souvent subtils. Elle analyse avec la même aisance les particularités psychologiques de ses personnages "victimes de nos illusions", qu'elle s'attaque aux mauvais souvenirs de son ancien monde : "Dans le métro, je fus accueilli par l'habituel océan de mines austères... On aurait dit que tout le monde à Moscou souffrait de la même rage de dents".

Pas étonnant donc que Sana Krasikov fasse partie des 5 jeunes écrivaines russes que la journaliste littéraire du "Moscow Times", Michele A. Berdy nous conseille vivement de suivre dans un article du 5-11-2018. Les autres sélectionnées s'appellent : Gouzel Iakhina (°1977) auteure de "Zouleikha ouvre les yeux" et "Mes enfants" ; Maria Stepanova (°1972) auteure de "In memory of memory" ; Yevgenia Nekrasova (°1985) auteure de "Kalechina-Malechina" et
Anna Kozlova (°1981) auteure de "F20" et "Comme une envie de foutre le feu".
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Une série de nouvelles en direct de l'Ex Europe de l'Est. Six des huit nouvelles ont pour personnages principales des femmes Russes, Géorgienne, ou de toute autre ex république soviétique. C'est très bien écrit. Il y est question de nostalgie, d'exil, de pertes, d'avenir meilleur. C'est toute l'ambiance de cette région qui est retranscrite. C'est à la fois oppressant et typique.

Dans la première nouvelle : Ilona, Géorgienne divorcée doit faire face à un divorce et des difficultés financières. Il y est question de solitude, de profiter des uns et des autres mais qui profite de qui ?? Il y est aussi question de renoncement.

Dans la seconde nouvelle : Maia est également Géorgienne. Récemment immigrée reçoit la visite de son fils adolescent. Comment rester en contact avec ses proches lorsque l'on est déraciné.

« L'alternative » traite de choix non assumés, mais aussi d'options, de choses qui auraient pu être mais qui ne seront jamais. Toujours des choix matériels versus des choix de coeur. Un homme doit faire face à son passé.

« Asal » illustre la montée de la place de l'Islam à Tachkent et le choc de deux civilisations. C'est l'exploitation de la femme mais aussi les faiblesses de l'homme qui subit ou du moins qui ne sait pas échapper à la tradition.

« Cher et tendre » est une histoire de papiers et d'émigration. Mais également une histoire de misère vue par différents angles.

« Dettes » traite également de l'exil et de la famille mais cette fois il s'agit de savoir qui s'est le mieux adapté et de l'entraide entre immigrés.

« Les rapatriés » est l'histoire peu ordinaire d'un divorce. Cela commence comme une histoire d'amour et de retour au pays et cela finit par une séparation peu glorieuse et un retour aux US. C'est une de mes nouvelles préférées. On y retrouve la décadence, le mal du pays qui poussé à l'extrême donne au pays d'origine une aura inattendue, la trahison pour l'argent, …

« Il n'y aura pas de quatrième Rome » est la dernière nouvelle. Il y est également question de trahisons passées, à venir. C'est également une histoire de naissance voire de renaissance.

C'est une écriture qui rend à merveille cette atmosphère très particulière que j'ai pu ressentir quand je me suis rendue à Moscou et/ou en côtoyant des personnes des ces pays. On pourrait sans doute le définir comme le coté sombre slave. C'est oppressant.

Bref un bon livre à lire pour connaître / appréhender le sort / les dilemmes de ces femmes de l'Europe de l'Est. Bien que les hommes soient peu présents dans ce livre ou alors en filagramme, leur sort n'a rien de vraiment enviable. On trouve également en filigrane un portrait des US peu flatteur.

La première phrase de la première nouvelle :

"Depuis son arrivée en Amérique et son divorce, on avait à trois reprises essayé de caser Ilona Siegal."
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Les personnages de ce recueil ont presque tous voulu fuir leur pays d'origine, la Géorgie ou la Russie, pour s'exiler en Amérique, mais leur nouvelle vie ne correspond pas vraiment à leurs attentes. Il en est de même pour ceux qui sont restés là-bas qui regrettent de ne pas être partis.
Alors pour avancer dans la vie, tous s'accrochent à leurs rêves...

En fait je devrais dire "toutes" car ce sont essentiellement les personnages féminins que j'ai aimé dans ce recueil. Les hommes sont peu présents et leur vie n'est racontée qu'à travers le regard de leur compagne.
Ilona se retrouve dame de compagnie à son insu.
Maia est déçue par la venue de son fils Gogi qui ne comprend que tout ce qu'elle fait c'est pour lui mais qu'elle n'est pas riche pour autant et ne peut donc pas tout lui acheter et céder au moindre de ses caprices.
Victor veut faire la connaissance d'Alina parce qu'il a été dans sa jeunesse amoureux de sa mère, mais aucun lien ne peut pour autant exister entre eux.
Rachid est pris entre deux femmes, Asal et Goulia et les aiment toutes les deux.
Anya et Ryon s'aimaient mais il est devenu violent...
Quand Lev accueille sa nièce chez lui, il comprend qu'elle n'a fait de détour que pour lui soutirer de l'argent, pas pour le voir.
Lera se fait tout voler par son mari parce qu'elle lui faisait une confiance aveugle.
Larissa vient passer quelques jours chez sa tante, et profite pour revoir son ancienne amie. Elle a fui son amant américain qui l'a entraîné dans une affaire pas très claire. Pour elle qui est comptable, impossible pour autant de fuir la réalité de sa faute...
Chacune de ses huit nouvelles profondément humaines, est teintée de l'espoir d'une vie meilleure et de regrets pour ce, et ceux, qu'on a laissé là-bas. C'est ce qui fait toute la force de ces récits de vie.
Ces femmes sont prêtes à tout, même à s'unir avec un homme qu'elles n'aiment pas, pour obtenir leur carte de séjour. Elles acceptent n'importe quel boulot et travaillent souvent dans des conditions totalement inhumaines.
L'exil les oblige à vivre éternellement entre deux mondes, deux cultures, comme si elles-mêmes étaient des êtres doubles pour toujours.

J'ai trouvé que l'auteur avait beaucoup de talent, car c'est difficile d'écrire des nouvelles. Or elle arrive très vite en quelques mots et quelques phrases à nous faire entrer dans la vie de ses personnages, dans leur maison ou leur lieu de travail, à nous faire partager les moments de joie, les incidents, les drames...
Il faut dire que l'auteur sait de quoi elle parle puisque à l'âge de huit ans, elle a tout quitté pour émigrer aux Etats-Unis avec sa famille.
Elle nous décrit avec beaucoup de finesse et de sensibilité, mais aussi beaucoup de justesse, l'instant où tout a basculé dans leur vie, où les personnages ont compris que rien ne serait plus comme avant, qu'ils avaient été trompés parfois par ceux qu'ils aimaient le plus, mais où ils ont tenté tout de même de continuer à vivre et à espérer.
Ne vous attendez pas à une chute vertigineuse pour chacune de ces nouvelles, juste un élément parfois a changé, un espoir est apparu, ou bien la vie continue tout simplement, comme avant.
J'apprends en rédigeant ses lignes que ces nouvelles avant d'être réunies dans ce recueil, ont toutes été publiées dans le "New Yorker" et "The Atlantic Monthly".
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Voici, entre deux lectures de rentrée littéraire, un recueil de nouvelles paru l'année dernière et qui mérite votre attention cinq minutes ! Dans ces textes, il est souvent question de déracinés, d'expatriés russes, ukrainiens ou géorgiens installés aux Etats-Unis, sans envie de retour ou au contraire tentés par l'idée de revoir leur pays maternel. Les personnages en sont souvent des femmes, et leurs relations avec les hommes se compliquent du fait de la différence de culture, de l'éloignement ou de leur soif d'aisance matérielle. Les nouvelles sont racontées davantage comme des chapitres de romans, des tranches de vie, il ne faut pas s'attendre à une chute spectaculaire à la fin, la situation a simplement un peu évolué, un espoir se profile ou au contraire s'éloigne. L'auteure a un talent certain pour entrer dans le vif du sujet, présenter tous les protagonistes en peu de mots, décrire leur situation avec sensibilité et précision à la fois. On reconnaît le style américain d'écritures de nouvelles, façon Lorrie Moore ou Lauren Groff, avec un petit quelque chose en plus avec le thème de l'immigration et de ces familles transplantées que l'auteur semble bien connaître, comme l'indiquent les dialogues plein de vivacité...
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Huit nouvelles, qui racontent des bouts de vie, des gens venus de l'ex-URSS aux Etats-Unis. Ils y ont plus ou moins « réussi », tout au moins sur le plan matériel ou social. Parce que tous portent un eux un manque, une nostalgie, la blessure plus ou moins profonde du déracinement. Ils sont orthodoxes, juifs, musulmans, ils ont vécu ou pas des expériences difficiles dans leur pays d'origine, ils en vivent parfois dans leur pays d'adoption. Mais au-delà du factuel, Sana Krasikov parvient à capter l'instant fugace de la sensation et du ressenti le plus profond et indicible, une sorte de faille profonde, un manque difficile à définir de quelque chose de perdu en route. Par le fait d'émigrer bien sûr. Mais pas seulement, parce que pour ceux qui tentent le retour les choses ne sont pas plus faciles. Et au-delà des solitudes de ces personnes déplacées, il y a les solitudes non moins fortes des autochtones qu'ils côtoient dans leur vie quotidiennes, pas moins réelles et pathétiques.

Ce livre est un véritable miracle de justesse. Rien de trop et rien qui manque. Sana Krasikov décrit ces vies au scalpel, avec une précision quasi chirurgicale, un regard d'une acuité auquel nul geste, nulle parole signifiante n'échappe. Mais en même une empathie et une grande tendresse pour les personnages font que ce n'est jamais cruel ou par trop ironique, elle ne les épingle pas comme des papillons dans une collection, mais les regarde vivre sans complaisance mais douceur. Et ces histoires qui auraient pu être pathétiques ou très tristes ne donnent jamais dans le pathos, parce que la petite touche d'ironie et la précision de la description permettent toujours de l'éviter. C'est profondément humain tout en restant lucide. Un mélange de grands nouvellistes américains et leurs descriptions au plus juste et des grands nouvellistes russes dans le ressenti et la nostalgie. Une alliance à priori impossible, mais au combien réussie.

Il y a peu d'auteurs dont j'attends les prochaines parutions, et bien Sana Krasikov est un des rares écrivains dont je guette le prochain livre.
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Recueil de nouvelles qui ont toutes en commun de mettre en scène des réfugiés, des exilés, des immigrés de l'Europe de l'est vers les Etats-Unis. C'est parfois un peu difficile de se retrouver tant l'auteure place de personnages dans ses histoires. Je suis passé totalement au travers des deux premières nouvelles, pour cette raison, mais aussi parce qu'elle sont construites comme des puzzles. Sana Krasikov distille des informations par morceaux qui doivent s'imbriquer ensuite les uns dans les autres, mais parfois, comme dans ces deux premières nouvelles, j'ai eu 'impression qu'il manquait une ou plusieurs pièces. Ou alors, c'est moi qui ai la comprenette difficile (je vieillis, je vieillis, que voulez-vous, je dois faire face à mes limites !)
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Après une mise en route un peu ardue, j'ai néanmoins persévéré et j'ai bien fait, les six dernières nouvelles me sont plus accessibles (ou alors, j'ai rajeuni ou compris la clef pour entrer dans le monde de l'auteure). La réussite professionnelle et sociale et surtout les apparences de cette réussite sont au coeur de toutes. L'homme se doit d'offrir à la femme confort et biens matériels (a priori deux points communs entre les Etats-Uniens et les nouveaux Russes et ex-résidents de l'URSS). Sana Krasikov construit des petits romans, pas des nouvelles à chute, juste des histoires, des tranches de vies. Ses personnages sont complexes, tiraillés entre leur pays d'origine et leur pays d'adoption. Les hommes sont assez absents, contraints de travailler pour arriver à leurs fins matérielles. Les femmes espèrent des vies de "Desperate housewives", sorte de panacée bourgeoise américaine. Entre espoir, désillusions, tragédies grandes ou mineures, elles avancent bien décidés, à accéder au rêve américain. Entre extrême solitude de celles qui épousent le premier citoyen des Etats-Unis venu pour avoir la green card et le permis de travail et les belles relations des autres pour tenter d'améliorer leurs vies d'exilées, l'auteure brosse des portraits de femmes actuelles, modernes pleines d'envies et de contradictions. Certaines s'en tirent mieux, plus jeunes, plus adaptées à la vie américaine, comme Alina, la jeune étudiante que Victor, loin d'être un jeune homme, aimerait voir beaucoup plus proche de lui
Pas mal du tout ce recueil, même si comme je le disais plus haut, certaines nouvelles sont un peu confuses. Sana Krasikov s'est lancée dans l'écriture d'un roman, son premier, qui ne devrait plus tarder (on va quand même lui laisser le temps de le terminer et celui, pour son éditeur français de le traduire : ici c'est Esther Ménévis qui s'y colle, à la traduction bien sûr !)
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Avec ce premier recueil de nouvelles, Sana Krasikov nous dépeint la vie d'émigrés des pays de l'Est en Amérique. Des nouvelles où les femmes sont les personnages majeurs, les pièces maitresses de ces tranches de vie. Poursuivant le bonheur et d'une vie qui est souvent à construire, le pays d'origine n'est jamais loin. Mari, parents, langue, coutumes … le cordon n'est jamais coupé malgré le déracinement, les espoirs inaboutis. Un rien suffit : se rappeler les études abandonnées, une photo de l'enfant resté au pays.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/10/sana-krasikov-lan-prochain-tbilissi.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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