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4,11

sur 588 notes
Ce livre rappelle « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell mais il comprend beaucoup moins de descriptions d'insupportables violences, de crimes de guerre ou d'actions génocidaires. C'est finalement encore pire de suivre les contorsions intellectuelles de celui qui refuse de se voir tel qu'il est. de plus, les salauds dont nous parle Chris Kraus survivent à la guerre et ils rebondissent facilement à l'occasion de la guerre froide, échappant presque tous au châtiment qu'ils méritent. L'auteur est un Allemand qui s'interroge sur le passé de son pays et qui réfléchit à la facilité avec laquelle on fabrique des salauds. D'autres pays, dont la France, ont aussi beaucoup de mal avec leur passé colonial. C'est toujours sain de s'interroger.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La Fabrique des salauds de Chris Kraus est une oeuvre protéiforme : grande fresque historique bien entendu mais aussi tragédie shakespearienne et roman d'espionnage. On a l'impression, à la lecture, de dérouler un écheveau d'événements qui s'enchaînent de façon complexe, alors qu'au fond le fil de l'intrigue repose sur une formule simple : une lutte fratricide entre deux frères Koja et Hub qui aiment la même femme Ev. Canevas on ne peut plus classique d'une tragédie familiale qui va se jouer durant tout le roman. Mais l'histoire de ces trois personnages s'inscrit dans un contexte historique d'une richesse inouïe qui nous fait voyager en Lettonie, en Allemagne, en Russie et en Israël au gré des grands conflits qui ont émaillé le XXe siècle.
J'ai été passionnée par cet aspect du roman qui renvoie aux sombres heures du régime nazi mais aussi de façon beaucoup moins connue aux "dessous des cartes" de l'après-guerre , comme avec la création du BND (service de renseignements allemand) sous la houlette d'un ancien officier de la Wehrmacht, Reinhnard Gehlen, qui, via l'organisation qu'il va mettre en place l'Org, va en faire un véritable repaire d'anciens nazis fraîchement "recyclés". C'est lui qui sera également le chef d'orchestre de toutes les opérations de contre-espionnage durant la Guerre froide. Cette période est longuement évoquée avec la description détaillée des opérations menées d'un côté par les Alliés et de l'autre le bloc soviétique. C'est un des aspects du roman qui m'a beaucoup interrogée avec tous les questionnements et les réserves que l'on peut avoir face à la realpolitik et qui est très présent dans la dernière partie du livre, celle qui retrace notamment toutes les tractations secrètes entre le BND, la CIA et le Mossad, concernant les les livraisons d'armes de l'Allemagne vers Israël, au moment de la guerre d'indépendance. Chris Kraus a fait là un vrai travail d'historien rigoureux et précis, sans que nous soyons lassés car il sait habilement aussi nous faire suivre pas à pas la destinée tragique des trois personnages déjà évoqués, à travers le récit de Koja, couché sur un lit d'hôpital, avec une balle logée dans la tête.
C'est en suivant le fil de son récit que j'ai trouvé le titre du roman particulièrement bien choisi, car Koja, le narrateur, est un parfait salaud mais pas un monstre. Et en élargissant ma réflexion je me suis dit que ce sont peut-être les régimes politiques avec leurs emballements systémiques qui échappent à tout contrôle qui sont les véritables monstres car ils engendrent au fil d'un engrenage devenu inéluctable une série d'événements dont l'horreur est un déni de la condition humaine. le personnage de Koja est une parfaite illustration de cette emprise d'un système monstrueux sur l'humain. Petit agent de renseignement du SD (service de renseignement nazi) au début de la Seconde guerre mondiale, il va se retrouver pris dans les rets de l'horreur nazie et devenir un pion sur l'échiquier d'un jeu politique qui le dépasse complètement. Il va mentir, trahir, tuer, devenir une "taupe" au service de deux, voire trois grandes puissances pour sauver sa peau. Ce qui fait de lui un personnage complexe, c'est qu'il ne peut être réduit à ce côté sombre et indéfendable de sa personne. C'est aussi un personnage tragique qui va faire des efforts désespérés pour sauver ce qu'il y a d'humain en lui, à savoir son amour pour Ev, sa soeur adoptée, Maja, une jeune femme russe et petite Anna, sa fille. Un combat de titan qu'il va perdre bien entendu !
Toute la richesse du roman repose également sur la qualité de l'écriture. L'auteur décline l'humour noir sous toutes ses formes. Tantôt ravageur, au service d'une lucidité désespérée, il touche dans certaines scènes à l'absurdité voire la folie et culmine dans celles où l'horreur décrite sur un autre mode deviendrait inacceptable. Mais la plume de Chris Kraus sait aussi se mettre au service de la tragédie d'une tout autre façon, notamment dans une des scènes clés du roman qui va sceller le destin tragique de Koja, Hub, Ev et petite Anna. Poids des mots, métamorphose de la phrase qui va se faire minimale pour mieux suggérer l'insoutenable intensité de la douleur, on sort de la lecture de cette scène la gorge serrée...
J'ai rarement lu un roman de cette envergure, d'une telle qualité ! Pas un moment mon attention ne s'est relâchée et je ne me suis jamais dit qu'il aurait pu faire plus court. Un exploit à mes yeux !
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Ce roman m'a tellement enthousiasmée que je voulais en faire la critique avant de l'avoir fini.
j'ai bien fait de me calmer et de le terminer !
en effet le récit est prenant , je suis toujours fascinée par cette période de notre histoire (autour de la 2nd guerre mondiale), nous l'étudions depuis le collège mais finalement j'en apprends toujours ; à chaque lecture sur le sujet je complète mes connaissances et je constate mes lacunes c'est vertigineux !
donc il est toujours plaisant de compléter son savoir surtout que dans ce roman, on a pas une seconde pour souffler que les destins des 3 principaux protagonistes s'enchainent rapidement et à chaque nouvelle étape dans le noir de leur action ou la lumière de leur réaction je m'attache et je me détache d'eux....je vis le récit à fond.
peut-être est-ce cela mais je me suis fatiguée, lassée et de mon point de vue l'auteur pouvait écourter de 200 pages.
cela ne m'empêche pas de conseiller vivement la lecture de la "Fabrique des salauds"
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Dans un hôpital de Munich, un ancien nazi veut s'engager sur le chemin de la repentance en racontant, et en illustrant l'entièreté de son histoire personnelle à son voisin de chambre : un hippie mourant, accro au cannabis mais promptement optimiste.

Un tableau qui pourrait être plein d'espoir à première vue, mais qui va vite tourner au fiasco.

Disons le crument, Koja Solm est moralement ignoble. Pour moi, il est pire que ces anciens nazis fermement revendiqués antisémites et théoriciens de la race. Lui, au fond, ces idée ne lui font pas grand chose. La seule chose qu'il recherche sans arrêt c'est de sauver sa peau et (il faut l'admettre car c'est tout de même assez récurrent dans l'intrigue) sauver la peau des quelques personnes qu'il aime (ou croit aimer). Mais cela le jette dans des situations de trahison odieuse. Il y a 2 choses qui, dans ce roman, tendent à déshumaniser Koja : plusieurs dilemmes moraux auxquels il sera confronté et qui se solderont en infamie. Certaines bonnes décisions auraient presque pu racheter sa vie entière tellement les conséquences auraient été représentatives : je pense à une en particulier :
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Ce roman fleuve suit la vie de Koja, un jeune allemand aux aspirations artistiques, vivant en Lituanie. Son frère va l'entrainer peu à peu dans les jeunes hithlériennes, au point d'en faire, les années passant, un membre à part entière du mouvement nazi. Nazi malgré lui ? C'est ce que le héros veut faire croire au hippie contraint de partager sa chambre d'hôtel, lorsqu'en 1970, il revient sur son passé chargé. Entre chemins de vie qu'il n'a pas forcément choisis, actes de sang froid et amours impossibles avec sa soeur adoptive... Et surtout, ses différentes missions avec les plus grands services secrets : KGB, CIA, Mossad. A travers lui, s'enchaînent quelques uns des grands moments du 20e siècle. Un roman riche en Histoire, mais dont la longueur se fait parfois ressentir.
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Dans les années 70, dans un sanatorium allemand, Koja, un vieux homme raconte à vie à son jeune voisin hippie très innocent. Il lui explique comment dès sa jeunesse à Riga en Lettonie, il intègre les jeunesse hitlérienne et devient tout naturellement un bon nazi comme les autres, comment ensuite durant et après la guerre il devient agent double pour le KGB, puis le BND et la CIA et enfin pour le Mossad. Il raconte toujours avec une légèreté décalée les horreurs qu'il voit d'abord, qu'il commet ensuite. Il raconte le passage l'acte, les choix contraints. Son regard est d'abord détaché, plein d'humour, il a la légèreté de la jeunesse qui n'a pas la conscience de ce dans quand quoi s'engage, puis la réalité le rattrape, mais il est trop tard, ces choix deviennent plus lourds, sa vie plus douloureuse, ses trahisons plus graves et son humour plus caustique. Il nous raconte aussi l'histoire de ses amours, de sa famille, de son frère, de sa soeur adoptive qu'il découvrira née juive. Il nous raconte l'histoire de l'Allemagne.
Dans cet énorme roman, Chris Kraus nous embarque dans l'histoire de son pays durant une bonne part du vingtième siècle. Avec son humour et son écriture incisive, il nous infuse la réalité terrible de cette période. Terrifiant et magistrale.
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Ce n'est pas un livre que j'ai dévoré... J'ai pris mon temps, rien d'urgent à lire ce roman. J'avais parfois la sensation d'être Swami : j'attendais quelque chose, une action, un geste humain qui me rende le narrateur plus attachant. Il joue continuellement avec un côté victime qui a du mal à lui coller à la peau quand même. Une belle fabrique de salauds ! Il n'est pas difficile d'imaginer que le passage entre le réel et la fiction est tout à fait possible. Heureusement qu'il y a un peu d'amour à travers tout ça, mais même ça reste glauque.
En tous cas, je n'ai pas envie de lire un autre bouquin de cet auteur, du moins pas pour le moment.
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Je ne sais pas par quoi commencer...
Quand je vois toutes ces critiques positives alors que j'ai détesté je me dis que je dois être bizarre.
Mais je vais vous expliquer pourquoi.
On suit la longue histoire de Koja Solm un homme qui a travaillé pour l'Allemagne nazie mais pas que... Espion à plusieurs visages il va nous raconter ses aventures.
Ça aurai pu être rempli d'action, mais ça ne l'est pas.
C'est plutôt un gros pavé historique qui, j'en suis sûre, plaira à tous ceux qui sont passionnés d'Histoire. C'est lourd, long, épuisant. le personnage de Koja est un salaud fini (titre bien trouvé). J'ai eu du mal avec son personnage du début jusqu'à la fin : un nazi qui n'avait pas envie d'en être un mais qui tire plusieurs fois sur un bébé agonisant au fond d'une fosse. Un homme soi-disant rempli de remords mais qui tue sans ciller. C'est aberrant, c'est même énervant cette capacité à tout tourner à la dérision, à tout tenir à distance. C'est certainement l'effet voulu : qu'on déteste ce salaud. Mais j'ai eu l'impression de lire 1100 pages de répétitions. 1100 pages d'un recueil historique. 1100 pages d'un mec qui se plaint de sa pauvre vie, qu'il a choisi en grande partie. Il a choisi le mensonge.
Je ressors totalement épuisée de cette lecture car j'ai voulu aller jusqu'au bout, en me disant que peut être quelque chose de bon allait ressortir. Mais pas pour moi.
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Je savais en ouvrant ce roman que j'allais découvrir la vie de Koja Solm, la soixantaine, et que sa vie allait être passionnante. En effet il la raconte à son camarde de chambre, un hippie heureux de vivre, optimiste, malgré la vis qui est fixée dans son crâne.
Quant à Koja lui, il est là car il a une balle de revolver logée dans sa tête ... inopérable. Qu'est-il arrivé à cet allemand, né en 1909 en Lettonie?
On va le découvrir peu à peu et plus les années passent, plus c'est effarant! On passe d'un enfant passionné par la peinture à un nazi participant à un massacre de juifs, puis à un espion pour l'URSS puis pour la CIA puis pour le Mossad ... Bref une vie passée à marcher sur un fil, un équilibre instable tant pour lui que pour ses proches : son frère Hub, sa soeur adoptive Ev ou les autres personnages nazis/espions/civils qu'ils côtoient.
C'est un véritable coup de coeur : sans vouloir trouver des excuses à cet homme, l'auteur nous présente son parcours chaotique et nous offre en prime un rappel des 70 ans d'histoire.
1100 pages qui se dévorent.
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Par quel bout attaquer ce pavé de 1.110 pages?
Par le récit de sa vie d'un vieil homme, soigné pour une balle dans la tête, à son compagnon de chambre?
Par une vie de famille paisible chez les Solm,  avec un père lunaire et artiste, une mère descendante de la noblesse , et les deux fils, Hubsi et Koja?
Par la  gouvernante qui introduit une petite orpheline dans leur foyer, Ev,  qui s'y fait ensuite adopter?

Mais le trio va nouer des liens qui se resserrent et se défont et les détruisent au fil des aléas de l'Histoire. On découvre comment un mécanisme insidieux  amène des allemands "normaux" dans le Nazisme, mais non par idéologie, au travers d'une fresque qui s'étend sur des décennies,  dans l'Allemagne nazie, dans la chasse aux bourreaux de l'après-guerre, dans  la création des services secrets israéliens.
Koja est tout en ambiguïté,  et le destin des deux frères devenus ennemis est passionnant. Foisonnant,  compliqué parfois, j'avoue que je me suis perdue par moment dans les couvertures, identité double ou triple..et au fil du temps, je lui ai trouvé des longueurs. Certes, l'ironie du ton  et l'enseignement des faits historiques en font un roman intéressant,  que je suis contente d'avoir découvert,mais je n'ai pas accroché au final aux personnages,  hormis Maja, et j'en ressors un peu déçue par rapport à toutes les bonnes critiques lues.
Lien : https://instagram.com/danygi..
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