Issu de recherches particulièrement détaillées, ce livre est une importante contribution à la connaissance de l'organisation des territoires humains au cours des 5 millénaires qui ont précédé la conquête romaine, en France, dans le bassin versant de la Loire.
Les habitats, les activités, les sépultures, les fortifications donnent, jusqu'au dernier âge du fer (conquête romaine) un point de vue assez complet de cette organisation territoriale, autour des concentrations d'habitat qui iront jusqu'à structurer de véritables villes.
Extrêmement argumenté, étayé sur des bases de données d'analyses de fouilles, l'ouvrage, bien écrit de manière pédagogique, démontre que nos ancêtres les gaulois et leurs ancetres du néolithique ont été, au même moment que les romains, à l'origine de nombreuses oppidae, précurseurs de nos villes.
Sous réserve de persévérance, c'est abordable par tout les lecteurs, sans grands mots ni concepts compliqués.
On en apprend aussi sur les biais de l'archéologie préventive, sur l'histoire de l'archéologie, sur l'ampleur de ce qui n'est pas encore exploré, autant que sur notre civilisation protohistorique.
3 sites sont analysés sur 3 grandes périodes, et avec des fouilles très parcellaires, la formalisation des hypothèses d'organisation et d'architecture sont très détaillées et leur expression laisse la place à notre propre imagination pour visualiser les sites, les espaces, les routes...
Le plus intéressant est le chapitre de conclusion sur les voies de formation des états, croisant des écrits (ceux de Jules Cesar notamment), des études ethnographiques et les résultats des fouilles. On comprend comment sont apparus les modes de gouvernement, puis les conflits intra-communautés, voire la guerre civile qui faisait rage quand Jules Cesar a conquis la Gaule.
On peut juste regretter l'absence d'un tableau récapitulatif des périodes, et un lexique des termes spécifiques, qui oblige à se tourner vers internet. Mais je chipote !
Accessoirement ça met aussi en exergue l'indigence des programmes d'histoire tels qu'enseignés à l'école (en tout cas il y a quelques années)
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En ce début de XXIe siècle, les données archéologiques n'ont jamais été aussi abondantes et diversifiées, et les sciences humaines offrent aujourd'hui aux archéologues des outils de plus en plus performants pour faire évoluer leurs problématiques de recherche. Entre héritage et modernité, l'archéologie protohistorique approche désormais, au plus près, et plus que jamais, les fondements des sociétés humaines.
Ce qui distingue finalement un espace habité d'un territoire occupé relève des comportements et des règles commandées par le monde social