J'avoue ne pas être une grande adepte des lectures qui tournent autour de cette trop douloureuse période de l'histoire mais c'est à priori un livre incontournable, alors je me suis lancée. le format me convenait, une lecture courte et épistolaire.
Je suis contente d'avoir découvert cette oeuvre inspirée d'une correspondance réelle, mais qui m'a un peu décontenancée et attristée. Deux amis tenaient une affaire aux Etats-Unis, l'un juif, l'autre allemand. Ce dernier repart en Allemagne pendant la montée en puissance du nazisme.
Au fil des échanges nous découvrons à quel point une amitié qui semble si sincère peut se briser. D'un côté, un homme vit sous la coupelle d'un chef d'état qui peu à peu le fait adhérer à son discours. D'un autre côté, son ami est à l'écart de tout ça, mais se sent malgré tout concerné puisque sa soeur est en Allemagne. Petit à petit l'incompréhension va grandir entre eux, jusqu'à la chute finale. Tout, dans ce livre m'a fait mal au coeur, heureusement que c'était bref. C'est un échange destructeur et cruel dans une période très sombre et angoissante.
C'est une lecture que je conseille vivement, car elle est extrêmement rapide et mérite à être connue. Celle-ci fait réfléchir : comment aurions-nous agit dans ce contexte extrême, à la place de l'un et de l'autre, nous ne le saurons jamais et peut-être ne vaut-il mieux pas savoir, car pour moi les deux hommes font preuve de cruauté mais sous des formes et pour des raisons différentes. … les paroles de cette magnifique chanson de
Jean-Jacques Goldman viennent illustrer mon ressenti : « Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt, Sur les ruines d'un champ de bataille, Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, Si j'avais été allemand ? Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance, Nourri de rêves de revanche, Aurais-je été de ces improbables consciences, Larmes au milieu d'un torrent, […] Aurais-je eu la force envers et contre les miens, de trahir : tendre une main. […] On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres, Cachés derrière nos apparences, L'âme d'un brave ou de complice ou d'un bourreau ? […] Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps, D'avoir à choisir un camp. »