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À la bibliothèque, en me promenant dans les rayonnages, je suis tombé par hasard sur ce bouquin, Journal de l'année du désastre. Puis j'ai remarqué l'auteure, Kathrine Kressmann Taylor. Bien sûr, j'ai lu Inconnu à cette adresse, ça m'avait plu. (Deux autres bouquins également mais le souvenir en est un peu flou.) Je me suis dit pourquoi pas. Avec un titre pareil, et connaissant un peu l'histoire de l'auteure, je m'attendais à une collection de souvenirs sur l'ascension au pouvoir des nazis en Allemagne ou bien au déclenchement de la Seconde guerre mondiale. Eh bien non ! le journal raconte des événements s'étant déroulé une bonne vingtaine d'années plus tard : à l'automne 1966, le 3 novembre pour être précis, le fleuve Arno sort de son lit et inonde la ville de Florence. Et Kressmann Taylor, qui séjournait dans une pensione de la ville à ce moment, est témoin de tout. le centre historique est ravagé, les rues sont embourbées, les sous-sols des maisons sont remplis d'eau. Des milliers de gens sont à la rue. Même le fameux Ponte Vecchio a failli être emporté. D'ailleurs, les artères longeant le fleuve sont ravagées, la chaussée disloquée, certains pans se sont même effondrés. Les arbres déracinés et les voitures emportés par le courant ont ajouté à l'aspect sinistre du désastre. Toutefois, quand on pense à Florence, c'est aux beaux monuments, aux églises décorées de fresques, aux innombrables chefs d'oeuvre qu'elle contient. Sculpture, peintures, etc. Ne dit-on pas de cette ville qu'elle constitue un musée à ciel ouvert ? « Un vrai joyau » (p. 21) Et toutes les autres merveilles, celles qu'on ne peut exposer faute de place, elles sont entreposées dans les entrepôts des diverses galeries. Vous savez, là où l'eau s'est jetée ! Quelle catastrophe ! « Oui, pauvre Florence… » (p. 50) Heureusement, les Florentins, et beaucoup d'autres Italiens, ont retroussé leurs manches, ils ont nettoyé leur ville. D'ailleurs, Kressmann Taylor reste sur place suffisamment longtemps (son Journal se poursuit jusqu'au mois de mars suivant) pour voir leurs efforts se déployer et l'aide internationale se mobiliser. Il s'avère que je suis allé moi-même visiter cette ville l'année dernière, je logeais près de la piazza Santa Croce, en endroit particulièrement malmené par la catastrophe. Je n'en ai remarqué aucune trace. Au contraire, j'ai été ébloui par tout ce que j'ai vu, j'en garde des souvenris précieux et impérissables. Ainsi, Journal de l'année du désastre m'aura permis de replonger dans ces souvenirs et me sentir privilégié d'avoir pu admirer Florence et les trésors qu'elle recèle. Quelle perte pour l'humanité ç'eut été si tout cela avait disparu !
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Florence noyée, Florence dévastée, Florence ressuscitée...

L'Arno s'est déchaîné en novembre 1966, rendu furieux par des pluies diluviennes sur la Toscane. En villégiature dans la ville musée, Kressmann Taylor ( auteure du remarquable Inconnu à cette adresse) a vécu le cataclysme au plus près et en a fait le récit précis et dramatique, longtemps inédit en France.

Près de quatre mètres d'eau dans les rues de la vieille ville, tous les commerces dévastés, des milliers de voitures à la casse, des centaines de carcasses d'animaux, des oeuvres artistiques inestimables perdues, le Ponte Vecchio menaçant de s'écrouler, Santa Croce noyée, plus d'eau potable, plus d'électricité... La ville est exsangue, coupée du monde, recouverte d'immondices et de boue mélangée au mazout des citernes explosées. Et c'est sans compter les morts que le livre n'évoque pas.

A la décrue, le travail est immense, éreintant: l'entraide s'improvise pour aider une population qui n'a plus rien. Les secours "artistiques" arrivent de tous pays pour sauver, nettoyer, restaurer les lieux et oeuvres d'art. Les sols s'escamotent et le David penche sur son piédestal. le crucifix de Santa Croce en garde aujourd'hui les stigmates indélébiles, symbole des souffrances de la belle Florence. .

Indomptables Florentins! le récit de l'auteure est vivant, chaleureux, empreint de respect et tendresse pour les habitants, au courage, au flegme et à la persévérance sans faille. Il est aussi gentiment ironique face à un esprit pratique inexistant et à une attitude désinvolte de parer au plus commode. Très italien pour l'esprit cartésien d'une américaine.

Quand on a eu la chance de déambuler dans cette ville magnifique, ce livre est un crève coeur mais reste passionnant. L'image la plus marquante sera pour moi ces milliers d'étudiants, "Angeli del fango", mobilisés pour le sauvetage des livres de bibliothèques, trempés, maculés de boue, séchant dos en l'air.
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Ce témoignage, paru aux États-Unis et en Grande-Bretagne dès 1967, était inédit en France.

En 1966, Kressman Taylor se trouve à Florence au moment du cataclysme qui frappe cette ville : des pluies torrentielles qui font déborder l'Arno, engloutissant une partie de la ville. Après des heures de terreur, pendant lesquelles il monte de 6 mètres, le fleuve se retire. Mais le vrai travail commence car la ville basse n'est plus qu'un champ de ruines. Face à l'eau mazoutée qui ont envahi leurs maisons et détruit leurs boutiques, les Florentins prennent immédiatement leur courage à deux mains et lancent la reconstruction.

Kressman Taylor suit la transformation de la ville, rendant hommage à la persévérance des habitants ainsi que des étrangers sur place qui se sont mis à leur service.

Tel un caméraman, elle se déplace dans la ville, jour après jour et se fait l'écho des avancées : du réaménagement boutique par boutique (6000 ont été balayées), au sauvetage des nombreux trésors artistiques de la ville (et non des moindres, les millions de livres de la bibliothèque centrale qui se trouvaient en sous-sol, sauvés en partie grâce à l'action énergique des étudiants; les fresques des églises, restaurées grâce à l'argent et à l'aide d'experts internationaux prêts à tout pour sauver cette mémoire de l'humanité : "les Florentins, qui n'ont jamais considéré que les trésors artistiques de leur ville leur appartenaient, se considèrent comme les gardiens d'un héritage inestimable qui est le bien commun de l'Occident"), aux problèmes d'alimentation en eau et nourriture; en passant par la grande précarité de personnes ayant perdu leur gagne-pain ; elle ne néglige aucun aspect.

Mais au-delà d'un simple témoignage, Kressman Taylor met tout son talent d'écrivain dans ce texte qui se lit très vite mais qui nous plonge si efficacement dans la tourmente des Florentins. Elle rend parfaitement la violence extrême de l'invasion des eaux (l'eau circulait à plus de 60km/h), qui a fait plus d'une centaine de morts; puis le calme suivant la tempête et l'hébétude des Florentins qui ne s'attendaient pas à une crue de leur fleuve, si calme (la dernière datait des années 1880 ...). "La ville entière témoigne de la précarité de toute chose", face aux grandes catastrophes comme les séismes ou les inondations, l'homme n'y peut rien.

Le plus frappant est peut-être la non-réaction du reste du monde au départ, alors que Florence en est coupée : on ne parle que d'inondations mais personne n'imagine le cataclysme qui a eu lieu. Ce n'est que quelques semaines après, alors que les informations arrivent au compte-compte, que les gens percutent et réagissent pour apporter leur aide.

Un documentaire-roman donc très intéressant sur cet épisode récent que je ne connaissais pas ...
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Dans le cadre de l'opération masse critique...
Merci aux éditions Autrement et à Babelio.

J'ai choisi ce livre parce que je suis tombée littéralement amoureuse de la Bella Firenze, il y a de cela quelques années. Déambuler dans les rues de ce musée à ciel ouvert fut un pur moment de joie.
Quelle souffrance alors de suivre, au fil des pages, la description de cette catastrophe qui ravagea Florence ce mois de novembre 1966 ! Kathrine Kressmann Taylor, témoin de l'événement, relate dans son journal ce qu'elle a vu. Et si l'on a pris le temps de jeter un coup d'oeil aux photos prises après cette crue exceptionnelle, on constate que le récit est on ne peut plus fidèle :
L'Arno, fleuve tranquille à l'ordinaire, gonflé par les pluies torrentielles, ravage les rues de la plus belle des villes...
Ce récit m'a fortement ému, et cela même si je sais, pour l'avoir vu, que la ville a su renaître de ce bourbier infâme.
L'auteure décrit avec force détails la crue soudaine et partout la destruction, la désolation. Moi qui ait parcouru les rues aux maisons et aux palais magnifiques, qui ait traversé avec une joie enfantine le Ponte Vecchio, qui ait tant admiré la cathédrale Santa Maria del Fiore... comment rester insensible à ce désastre !?!
Après l'énumération insoutenable des dégâts, l'auteure rend hommage aux Florentins qui, avec un courage et une persévérance admirables, ont nettoyé la couche épaisse de boue, de mazout et de déchets qui a recouvert la ville. Elle loue également cette énergie qui meut les centaines d'étudiants et de restaurateurs venus sauver les oeuvres d'art.

Venons-en aux petites choses qui m'ont gênées. Je n'apprécie pas particulièrement les énumérations répétitives. Pourquoi répéter, pour chaque rue, chaque place, chaque commerce le catalogue des dommages. Il s'agit d'un témoignage assez objectif et ... exhaustif ! mais pour le lecteur c'est assez ennuyeux. Je regrette également qu'il n'y ait pas plus d'impressions personnelles, plus de réflexion quant à la fragilité des choses humaines, plus de sentiment. Pour un journal, cela manque singulièrement de... je ne sais pas, de caractère, d'individualité, de style propre. C'est un document exceptionnel d'une auteure rompue aux exercices de fiction, mais qui n'a pas exploité tout le potentiel qu'offrait la narration d'une telle catastrophe.
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Dieu sait que l'auteur est aujourd'hui célèbre après la publication de Inconnu à cette adresse, mais saviez-vous que Kressman Taylor a vécu à Florence et qu'elle y était présente la première semaine de novembre 1966, l'année du désastre ?

Selon votre âge c'est un événement dont vous avez vaguement entendu parlé ou alors comme moi, vous gardez un souvenir précis des images de Florence sous les eaux dans la presse et à la télévision.
En novembre 1966 l'Arno sortit de son lit et plus encore ! Florence fut submergée en quelques heures, des habitants perdirent la vie, bon nombre de florentins perdirent tout leurs biens, musées, églises, palais, bibliothèques, tout se retrouva sous les eaux.
C'est cet épisode que retrace le livre de K Taylor. Elle le fait avec un luxe de précisions que lui permet sa situation privilégiée, hôte de la pensione Consigli et elle a une chambre avec vue sur l'Arno.

Le 3 novembre au soir rien ne laisse présager du désastre imminent
« Six heures du soir à Florence. Une foule d'imperméables regagne ses pénates par les ruelles étroites du centre ville. »
Mais le lendemain matin la chanson a changé de registre :
« Ma première vision est un ciel noir de suie et toujours ces trombes d'eau. L'instant d'après je contemple la rivière bouche bée »
Et oui l'Arno est devenu un fleuve furieux, un torrent qui crache des flots de boue, de déchets, de mazout, d'objets
« Un fauteuil voguant paisiblement, calme et droit » et le flot s'accentue toujours plus au cours des heures « Dans un enchevêtrement de branches vertes passe une vache rouge et blanc »
C'est l'horreur pour cette ville qui est un joyau, la ville « la plus rare, la plus intime » l'eau déferle à 60 km/heure , les habitants sauvent ce qu'ils peuvent, à la pensione Consigli tout le monde monte d'un étage et K Taylor s'endort écoutant « dans un demi-sommeil le grondement de l'Arno »

Le lendemain c'est un sentiment de désolation qui l'emporte, les ponts endommagés ou emportés, les boutiques dévastées « le coeur de la belle Florence n'est plus qu'une morne décharge. »
K Taylor, amoureuse de l'Italie, de Florence va faire le récit des jours suivants, ceux du bilan terrible pour la ville et toute la région, des jours où la ville est coupée du monde, ceux ou les florentins vont devoir avec dignité et courage, faire face au désastre : 6 000 familles sans abri, 6 000 boutiques balayées, 1 300 oeuvres abîmées ou perdues.
Elle va assister à des scènes de désespoir mais aussi de solidarité, voir la vie reprendre le dessus envers et contre tout.

Paru quelques mois après l'inondation en anglais, c'est une excellent chose que les éditions autrement choisissent de traduire et éditer ce livre car le récit est très vivant, toujours plein d'empathie pour la population et son courage extraordinaire. Les anecdotes sont parfois drôles, parfois émouvantes et l'on est aux premières loges. Amoureux de l'Italie ajoutez ce livre à votre bibliothèque.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ce livre est le récit de la catastrophe du 4 novembre 1966. A Florence, le fleuve Arno coulant habituellement paisible sous les magnifiques ponts ( entre autres Ponte Vecchio) est subitement sorti de son lit et le niveau de l'eau a atteint presque 7 mètres, entrainant dans sa course folle habitations, bêtes, arbres, automobiles...
En ville, l'eau pénètre les rues en entre dans les superbes vestiges du passé: églises, musées, bibliothèques, palais..
Il va falloir des mois de travail et de solidarité pour rendre à Florence sa superbe.
Le livre est très documenté, écrit par une américaine qui séjournait dans une pension de famille à cette date.
Les descriptions sont soignées, riches, les images sont fortes. C'est une formidable renaissance de la ville réalisée par des florentins qui se sont tournés vers l'avenir.
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04 novembre 1966- l'Arno envahit Florence, charriant boues, arbres, terres, sables, carcasses de fer et de chair, et torrent de mazout. Firenze connaît la plus grande inondation de son histoire. L' Oltarno et Lungarno se rejoignent. le peuple de Florence plonge dans la nuit. Peintures, sculptures, livres, fresques, architecture, bois, or, fer, bronze, pierre, marbre se retrouvent pris dans une gangue visqueuse boueuse et putride. Florence, l'intelligente, la secrète, la divine, la rebelle, la somptueuse, la riche, la sulfureuse, la magnifique devient prisonnière du fango.
Florence renaîtra des mains de son peuple, ce peuple, qui durant les siècles l'avait construite.
Firenze se retrouve sans eau, sans chauffage, sans électricité, sans approvisionnement, sans téléphone, sans toits, sans lumières, sans routes. Durant plusieurs jours elle sera seule et coupée du monde. Cinquante mille familles sont sans abris. Les eaux de l'Arno se retirent et ce que découvrent les habitants de Florence est effroyable.
Richesse et pouvoir ne sont rien face à la force d'une idée.Et c'est l'idée de Florence, symbole de renaissance et de beauté, qui permettra à son peuple de trouver la force de se relever. Nettoyer, laver, gratter, déblayer, renforcer, reconstruire, sécher, restaurer. Les « anges de la boue » sauvèrent des milliers de livres.
Au de là du récit d'un désastre, c'est l'idée du refus, d'une résistance, d'un espoir, d'un dépassement.
Ce fut l'année où ils firent renaître Florence grâce à la puissance d'une mémoire qu'elle avait su leur confier.

Astrid Shriqui Garain

Lien : https://dutremblementdesarch..
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1966...
C'est loin.
C'est vieux !
Mais ce compte rendu au jour le jour de l'année de la grande inondation de Florence, une des plus belle ville du monde, nous rapproche de la catastrophe, de la désolation et du courage des Florentins qui ont vu les plus belles oeuvres d'arts de leur ville-musée emportées par leur fleuve.
Je dois vous avouer que pour être vraiment touché par le texte, il faut connaitre la ville, si on veut suivre pas à pas la narratrice il me semble qu'il faut avoir vu la statuaire semée dans les ruelles étroites, les palais, la cathédrale des fleurs et son campanile si blanc, si élégant, si élancé.
J'ai vu.
Au mois de juin j'ai flané le long de l'Arno, j'ai toqué à la porte de la maison toute de guingois de Dante Alighieri, j'ai longé la belle et longue rue que Galilée empruntait chaque soir pour aller observer les étoiles et je me suis reposée dans l'ombre fraiche et colorée des petites églises de quartier.
Allez à Florence avec l'amour de votre vie puis lisez ce petit roman tout simple, c'est divin :)
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Paru aux Etats-Unis en 1967 - l'année qui suivit les événements - ce livre était curieusement resté inédit en France jusqu'en 2012. L'auteur d'Inconnu à cette adresse y relatait la crue de l'Arno survenue tandis qu'elle résidait à Florence.
Moi qui suis une grande amoureuse de l'Italie et qui ai effectué plusieurs séjours à Florence, j'avoue être restée très longtemps ignorante de cette catastrophe. On ne peut qu'être saisi d'effroi à l'idée des dégâts et des pertes engendrés par cette inondation et l'on tremble à l'idée que tant de chefs-d'oeuvre pourraient disparaître à jamais.

Parce qu'elle était sur place, Kressmann Taylor a écrit un texte empreint d'émotions, au plus proche de l'événement et de la manière dont les habitants l'ont vécu. de la veille, où le ciel se faisait menaçant, aux semaines qui suivirent, on accompagne les Florentins dans leur désarroi, mais aussi leur courage et leur pugnacité. Car c'est à cela que s'attache tout particulièrement l'auteur : elle rend hommage à une population qui s'est révélée digne et combative dans l'adversité.

Au lendemain de la catastrophe, c'est une ville dévastée que découvrent les Florentins. Non seulement l'eau a tout emporté sur son passage, charriant avec elle limons et mazout, privant les habitants d'électricité et d'eau potable, mais la boue s'est désormais déposée de toute part et recouvre nombre d'oeuvres d'art et de manuscrits. La Bibliothèque nationale, en particulier, située à proximité du fleuve, enregistre des pertes abyssales. Des milliers de livres et de manuscrits enluminés sont gorgés d'humidité. Tous ne pourront être sauvés...
Florence se transforme alors en une sorte de laboratoire expérimental : jamais on n'a eu à traiter des oeuvres ayant été touchées par des nappes de mazout. Il faut imaginer des traitements inédits et espérer que ceux-ci fonctionnent. Espérer. C'est ce que ne cessent de faire les Florentins et c'est ce qui les porte : «esperiamo» ne cessent-ils de répéter, alors que nombre d'entre eux ont tout perdu et n'ont plus de quoi se vêtir, se nourrir et parfois se loger. Mais ils ne perdent pas pour autant leur foi en l'avenir ni leur sens de l'humour. Un homme à qui l'on demandait s'il y avait beaucoup d'eau chez lui put ainsi répondre : «Oh non, vous savez, l'appartement n'est pas bien grand !».
Des étudiants, étrangers et italiens, viennent de tout le pays pour aider à sauver ce qui peut l'être. On assiste à une mobilisation internationale pour venir en aide à ce peuple meurtri. L'émotion est à son comble : au-delà des victimes - on déplorera trente-quatre morts -, des dégâts matériels et des ravages économiques, l'idée que des oeuvres appartenant au patrimoine de l'humanité, qui sont notre mémoire et le témoignage tangible de notre histoire, puissent être irrémédiablement détruits apparaît comme un véritable désastre.

Si ce drame, qui fut d'abord humain, peut aujourd'hui encore, rétrospectivement, nous affecter, c'est bien parce que Florence est un lieu unique qui, par ses trésors, incarne une part de chacun de nous, un moment de notre Histoire. Lorsque des réalisations humaines sont détruites, que cela soit d'origine accidentelle ou criminelle, c'est comme si l'on nous privait de nos repères et de tout un pan de ce qui fait notre identité. C'est sans doute ce qui explique que cela puisse être aussi douloureux. Et c'est aussi pourquoi, aujourd'hui encore, bien des années après le drame, ce livre nous fait encore trembler.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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L'histoire:

Le soir du 3 novembre 1966, Florence est engloutie par son fleuve, l'Arno. La ville manque d'être rayée de la carte. Kathrine Kressmann Taylor, en retraite dans une petite pension florentine, consigne ce désastre dans son journal...

Mon avis:

Après la découverte, il y a quelques années déjà, de Inconnu à cette adresse - une véritable claque- j 'étais prête à tendre l'autre joue pour ce titre... Mais celle-ci ne fut pas tout à fait au rendez-vous!

D'un côté, ce texte est un document historique indéniable. En témoin privilégié, l'auteure nous livre un rapport circonstancié des faits et des dégâts que cette crue monstre, sans précédent, doublée d'une véritable marée noire a accasionnés. A la manière d'un expert, elle répertorie minutieusement, presque chirurgicalement, ce qu'elle voit. En consultant les photos de l'époque, on constate qu'elle a dressé un portrait parfaitement objectif de la situation.

Elle témoigne également, avec beaucoup de respect, du courage des Florentins qui loin de se laisser abattre, retroussent leurs manches et s'attellent à une tâche titanesque: "Leur ville n'est pas réparable? Ils la réparent quand même."

Son journal se clôt quatre mois plus tard par des mots d'espoir et les signes d'une renaissance.

Dans sa chronique, j'ai particulièrement été sensible à son évocation émouvante des "angeli del fango", jeunes bénévoles venus des quatre coins de l'Italie et de l'Europe pour sauver ce patrimoine en péril, notamment les trois à quatre millions de livres, la plupart anciens.

Ses anecdotes concernant la soliditarité mise en oeuvre pour aider les plus faibles m'ont également touchée.

Et pourtant, la magie n'a pas entièrement opéré. Si j'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'auteur, j'ai dû à de maintes reprises m'accrocher (et surtout au début) afin de poursuivre ma lecture. Et cela pour plusieurs raisons. Pour commencer, Kathrine Kressmann Taylor, aux premières loges, nous livre une chronique détaillée, presque rue par rue du désastre. Même si l'ouvrage s'ouvre sur un plan de Florence , n'ayant personnellement jamais eu l'occasion de visiter la ville, j'ai eu bien du mal à la suivre dans ses pérégrinations. Ensuite, son langage est particulièrement soutenu par moments et même si on a droit à certaines notes infrapaginales, toutes les expressions italiennes qu'elle emploie ne sont pas systématiquement traduites. Enfin, j'ai découvert dans la postface du livre, rédigée par Olivier Philipponnat, qu'elle avait réalisé quelques clichés de la ville. Je regrette que ceux-ci n'aient pas illustrés son propos. Même si, il faut l'avouer, ses descriptions sont d'une précision d'horloger.

Pour preuve, ce petit extrait:

"Dans le marché couvert de San Lorenzo, où l'on racle et frotte à l'eau sale les étals déserts, les ordures forment des andains de quinze mètres de long et deux mètres de haut. Cette boue est sertie de pommes et de citrons, de pavés, de valises et de vanity cases cabossés, de bouteilles de vin, de chaussures de chantier, de gants, de vieilles cartes routières déchirées, de paniers de paille, de statuettes et de cendriers-souvenirs cassés; tout au bout, on voit pendouiller des loques crasseuses de lingerie de mousseline noire, rouge ou verte à lacets de mauvaise qualité, à jamais perdue pour une clientèle qu'on imagine assez spéciale. Sur certains tas, on peine à distinguer les détritus de la boue qui les recouvre. Sur le dallage, près des étals, elle est généreusement parsemée de boutons de toutes les tailles et de toutes formes, telle une mini-Voie lactée d'éclats d'os, de verre et de métal luisants."

En conclusion, Journal de l'année du désastre est un cri d'amour d'une auteure à sa ville d'adoption, un témoignage historique considérable. Car, comme l'écrit Olivier Philipponnat dans sa postface, "ce n'est pas seulement l'un des premiers documents consacrés à l'effroyable crue de l'Arno; c'est aussi le seul récit véridique d'un auteur plus connu pour ses oeuvres de fiction, fussent-elles inspirées d'événements réels."
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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