C’était un 12 novembre 1918, le premier jour de paix d’une ultime année de guerre.
De ce jour-là, mon père disait qu’on y avait enterré l’hiver d’un monde… mais sans savoir encore où était le printemps.
Avec le recul, c’est peut-être bien ce jour-là, sur les cendres de l’Europe, que leur est apparue l’idée-même de l’Amérique.
C’est vrai, Guido. Mais tôt ou tard la guerre, ça fait des vaincus. Des armées de vaincus, qui n’entendent plus rien en dehors de la rage qu’ils ont au bide. Et à ceux-là, tu ne peux leur causer qu’avec la même rage. ( page 15)
En réalité ce n'était pas seulement la guerre que tu voulais laisser derrière toi. Mais toute ta vie d'avant, qui ne t'apparaissait plus que comme une étrangère.Être ailleurs de soi.Totalement. Laisser la vie te réinventer et t'ouvrir à une réalité, un autre monde.
Ca t'a fait quoi, Julien, cette nuit-là?
Ca t'a fait quoi, toi qui étais déjà fané avant d'avoir éclos?
Toi qui, pendant quatre ans, n'avais côtoyé que des hommes-bêtes?
Toi qui n'avais que la musique des canons en tête et contre le cœur, la tendresse des brutes effrayées?
Ce n'était plus l'orage d'acier qui te tombait sur le dos. Juste de gros nuages crevés, devenus petits ruisseaux.
Ca t'a fait quoi de n'être si longtemps que la mort qui rôde puis de renaître soudainement à la vie, un soir, à Paris?
Les Etats-Unis d'Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. » (Oscar Wilde).
Ici ou ailleurs, partout où on se lave d'avoir été soldat. Tous les endroits sont bons à prendre, où l'on peut se déshabiller de la guerre.
La conception est le fruit d'une rencontre entre deux personnes...Et en ce qui me concerne l'homme au chapeau étrange aurait pu être l'une d'entre elles.
Mais en réalité, une vie est l'aboutissement de mille hasards précédents.