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Citations sur De l'amour et de la solitude (31)

Nous devons observer nos relations mutuelles telles qu'elles sont maintenant, tous les jours ; et en observant ce qui est, nous découvrirons comment amener une modification dans cet état de fait. Donc nous décrivons ce qui est vraiment. Chacun vit dans son monde à lui, son monde d'ambition, d'avidité, de peur, de soif de réussite — avec tout ce que cela suppose. Si je suis marié, j'ai des responsabilités, des enfants ; je me rends au bureau ou ailleurs pour travailler ; puis mari et femme, garçon et fille, se rencontrent au lit. Et c'est ce que nous appelons l'amour: nous vivons des vies séparées, isolées, nous dressons autour de nous des murailles de résistance, nous poursuivons une activité égocentrique. Chacun recherche psychologiquement une sécurité ; chacun dépend de l'autre pour son confort, son plaisir, sa compagnie. Parce que chacun d'entre nous est profondément seul, chacun exige d'être aimé, chéri, chacun cherche à dominer l'autre. Vous pouvez en faire la constatation si vous vous observez vous-même. Existe-t-il aucune relation authentique? Il n'y en a aucune entre deux êtres humains ; ils ont beau avoir des enfants, vivre sous le même toit, en fait ils ne sont pas vraiment reliés l'un à l'autre. S'ils ont des projets communs, ces projets les soutiennent, les lient, mais ce n'est pas là une vraie relation.
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L'amour et la solitude ne peuvent cohabiter: lorsqu'il y a ce sentiment de solitude, l'amour n'est point. Vous pouvez cacher le vide sous le mot solitude, mais lorsque l'objet de votre amour n'est plus là ou ne répond plus, alors vous avez conscience du vide, vous êtes frustré. Nous utilisons le mot amour comme un moyen d'échapper à nous-mêmes, à notre propre insuffisance. Nous nous accrochons à l'être aimé, nous sommes jaloux, dès qu'il n'est pas là il nous manque, et sa mort nous plonge dans la détresse la plus totale. Alors, nous cherchons des consolations, sous d'autres formes, dans des croyances, dans des objets de substitution. Tout cela, est-ce l'amour? L'amour n'est pas une idée, le résultat d'une association ; l'amour n'est pas une chose que l'on peut utiliser pour échapper à notre misère, et lorsque nous en faisons un tel usage, nous créons des problèmes qui sont sans solution. L'amour n'est pas une abstraction, mais on ne peut éprouver sa réalité que lorsque l'idée, l'esprit, n'est plus le facteur essentiel.
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Quelle chose étrange que la solitude, et comme elle est effrayante ! Nous n’osons jamais l’approcher de trop près ; et si par hasard cela nous arrive, nous la fuyons très vite. Nous sommes prêts à tout pour échapper à la solitude, pour l’étouffer. Nous avons, semble t-il, pour préoccupation majeure — consciente ou inconsciente — de l’éviter ou de la vaincre. Mais il est également vain de vouloir éviter ou vaincre la solitude ; nous avons beau museler la douleur, ignorer le problème — il n’en demeure pas moins. Vous pouvez vous perdre dans la foule, et vous sentir pourtant infiniment seul. Vous pouvez avoir une activité intense, mais la solitude s’insinue en vous à bas bruit — posez le livre, elle est la.
Ni les distractions ni les boissons ne parviennent à noyer la solitude : vous pouvez momentanément vous en évader, mais quand les rires s’éteignent et que les effets de l’alcool se dissipent, la peur de la solitude revient. Vous pouvez être ambitieux et réussir, vous pouvez avoir sur les autres un immense pouvoir, vous pouvez être pétri de connaissances, vous pouvez donner dans la vénération, et vous perdre dans le galimatias des rituels ; mais vous aurez beau faire, la torture de la solitude continuera. Vous pouvez ne vivre que pour votre fils, pour le Maître, ou pour l’expression de votre talent ; la solitude, pourtant, vous enveloppe comme une nuit profonde.
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Nous sommes vides et seuls et cela nous fait peur, nous essayons donc d’étouffer cette solitude par divers moyens — La méditation, la quête de Dieu, l’action sociale, la radio, l’alcool, que sais-je encore — nous sommes prêts à tout plutôt que de lui faire face, de la côtoyer, de la comprendre.
(…)
L’essentiel n’est pas de vaincre la solitude, mais de la comprendre, et nous ne pouvons pas la comprendre si nous ne l’affrontons pas, si nous ne la regardons pas en face, si nous la fuyons sans cesse. Or toute notre vie est un long processus de fuite devant la solitude. Dans nos relations, nous nous servons des autres pour masquer notre solitude ; notre quête de connaissances, nos expériences accumulées, tout ce que nous faisons n’est que distraction et fuite face à ce vide.
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Qu’est ce que l’amour ? (…) nous le connaissons à travers la jalousie, à travers la domination, la possession, à travers le sentiment de perte, d’absence, quand l’autre n’est plus là. Nous connaissons donc l’amour en tant que sensation n’est-ce pas ? Lorsque nous disons que nous aimons, nous connaissons la jalousie, la peur, l’angoisse. Lorsqu’on dit que l’on aime quelqu’un, cela sous-entend la jalousie, le désir de posséder, d’avoir droit de propriété, de dominer, la peur de perdre, et ainsi de suite. C’est tout cela que nous appelons l’amour, et nous ne connaissons pas un amour qui soit exempt de peur, de jalousie, de possession : ce n’est qu’au niveau discursif que nous évoquons cet état d’amour dénué de toute peur, et nous le définissons comme impersonnel, pur, divin, ou que sais-je encore, mais le fait est que nous sommes jaloux, dominateurs, possessifs.
Nous ne connaîtrons cet autre état d’amour que lorsque la jalousie, l’envie, la possessivité, la domination, auront cessé ; mais tant que nous possèderons, nous n’aimerons jamais.
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L’amour n’est ni le sentiment, ni le romantisme, ni la dépendance envers quoi que ce soit, et un tel état est extrêmement difficile à appréhender, ou à vivre — car notre esprit ne cesse d’interférer, de poser des limites, d’empiéter sur son domaine d’action. Il importe donc de comprendre en priorité l’esprit et ses mécanismes ; faute de quoi nous resterons piégés dans des illusions, dans des mots et des sensations qui n’ont que peu d’importance.
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On ne peut se libérer de la peur que lorsqu’on se connait soi-même. La connaissance de soi est le commencement de la sagesse, c’est-à-dire la fin de toute peur.
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L’amour ne procède donc pas de l’esprit, de la faculté de penser. C’est seulement lorsque l’esprit est tout à fait calme, immobile, silencieux, lorsqu’il n’attend plus, ne demande plus, n’exige plus rien, lorsqu’il cesse d’être possessif, jaloux, peureux, anxieux, ce n’est qu’alors que l’amour devient possible. Quand l’esprit cesse de se projeter, de courir après la satisfaction des sensations, des demandes, des besoins, des peurs secrètes qui lui sont propres, qu’il n’est plus enquête d’accomplissement personnel, ni esclave d’une croyance — c’est alors, et alors seulement que l’amour devient possible. Mais la plupart d’entre-nous croyons que l’amour peut aller de pair avec la jalousie, l’ambition, la recherche de visées et de plaisirs personnels . Or il va de soi que l’existence de tels penchants exclut l’amour.
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Comment trouver, sachant qu'on est blessé, la manière de se délivrer de cette blessure? Il suffit de comprendre totalement, profondément, complètement, une blessure pour les comprendre toutes, car elle les inclut toutes — inutile de les traquer l'une après l'autre.
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Mais lorsque vous réalisez par vos propres moyens que la pensée, que tout ce mécanisme de la pensée ne saura en aucun cas résoudre ce problème de la blessure, alors l'intelligence prend le relais — une intelligence qui n'appartient ni à vous, ni à moi, ni à personne. L'analyse n'effacera pas les blessures. L'analyse est une forme de paralysie et elle ne peut pas éradiquer les blessures. Que vous reste-t-il? Vous voyez très clairement que vous êtes blessé, et que ni la pensée ni l'analyse ne peuvent rien y faire. Que se passe-t-il dans l'esprit qui a compris la vérité de tout le processus de la pensée, avec tout ce qui y est associé? C'est la pensée qui a créé l'image que vous avez de vous-même, et c'est cette image qui a été blessée. Donc, lorsque l'esprit réalise que les activités de la pensée, avec toutes ses images, ses analyses, ses mouvements, ne peut pas éradiquer les blessures, l'esprit, alors, observe la blessure sans le moindre mouvement. Et quand il l'observe totalement, ainsi que nous le décrivons, alors on constate que toute forme de blessure disparaît totalement, parce que la blessure n'est autre que l'image que vous avez de vous-même, et que cette image n'a aucune réalité. Ce n'est qu'une structure verbale, une représentation linguistique, nourrie, alimentée depuis toujours par la pensée, mais dès que l'énergie de la pensée n'agit plus, l'image cesse d'exister. Il est désormais à jamais impossible d'être blessé. Vous avez saisi?
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