Ce roman/essai philosophique de
Kundera est sans doute un de ses livres les plus aboutis. Assez inconditionnel des écrits de cet auteur il fut un temps, j'avais été conquis par de nombreux ouvrages, aux premiers rangs desquels
La valse aux adieux et
La plaisanterie. Cependant,
L'immortalité est celui qui m'a le plus marqué, le plus touché, le plus ému… Et finalement le plus donné matière à réflexion.
Ainsi, le lecteur peut emprunter au fil du déroulement narratif du texte plusieurs niveaux de lectures. Tout au long de sept parties à priori distinctes, mais au final d'une cohérence sans failles, on est conduit dans une réflexion sur le monde moderne, la solitude, l'unicité de l'être humain, le travail de l'écrivain… Tout cela avec, en toile de fond, une critique de la civilisation européenne occidentale, conduisant au regard désabusé et lucide de l'auteur. Travail érudit et d'une grande finesse, ce livre est mûrement élaboré, les idées s'enchaînent, implacables, chaque phrase trouve sa conséquence. On croise au cours du récit
Romain Rolland,
Goethe,
Hemingway,
Rilke... du terrible choix d'Agnès face au peloton d'exécution aux plus risibles mésaventures de celle du notable mort d'éclatement de vessie, tout porte matière à réflexion, sans esbroufe.
Et tout cela se lit sans difficulté. le style si particulier de
Kundera, qui sait tenir en haleine le lecteur au fil d'une narration non linéaire et précise, nous fait perdre de temps à autre le fil de nos pensées pour retomber sur nos pieds quelques pages plus loin. On ressort de ce livre grandi.
Commenter  J’apprécie         334