Le piège de la haine, c’est qu’elle nous enlace trop étroitement à l’adversaire.
Agnès se dit : " Vivre, il n'y a là aucun bonheur. Vivre : porter de par le monde son moi douloureux.
Mais être, être est bonheur. Etre : se transformer en fontaine, vasque de pierre dans laquelle l'univers descend comme une pluie tiède."
Le fondement du moi n'est pas la pensée mais la souffrance, sentiment le plus élémentaire de tous. Dans la souffrance, même un chat ne peut douter de son moi unique et non interchangeable. Quand la souffrance se fait aiguë, le monde s'évanouit et chacun de nous reste seul avec lui-même. La souffrance est la Grande École de l'égocentrisme
Rien de plus inutile que de vouloir prouver quelque chose aux imbéciles.
Le modernité de demain diffère de celle d’aujourd’hui et pour l’impératif éternel du moderne il faut savoir trahir son contenu provisoire.
Le geste s'était déployé à la verticale comme pour indiquer à ce coin de terre dorée la direction de son envol, si bien que les buissons blancs se métamorphosaient déjà en ailes.
[...]
Et quand vint le moment où elle eut besoin d'exprimer quelque chose d'important à son ami, le geste se raviva en elle pour dire à sa place ce qu'elle n'avait pas su dire.
Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme
« grâce à Soljenitsyne, l’expression « droit de l’homme » a … retrouvé sa place dans le vocabulaire de notre temps… Mais comme en occident on ne vit pas sous la menace des camps de concentration, comme on peut dire ou écrire n’importe quoi, à mesure que la lutte pour les droits de l’homme gagnait en popularité elle perdait tout contenu concret, pour devenir finalement l’attitude commune de tous à l’égard de tout, une sorte d’énergie transformant tous les désirs en droits. Le monde est devenu un droit de l’homme et tout s’est mué en droit : le désir d’amour en droit à l’amour, le désir de repos en droit au repos,… le désir de publier un livre en droit de publier un livre, le désir de crier la nuit dans les rues en droit de crier la nuit dans les rues. » (206)
Il vieillissait à vue d’œil. Il avait soixante-dix ans, bientôt quatre-vingts, et pourtant il se dressait en brandissant son verre comme pour se protéger de cette avalanche d’années qui lui tombait sur la tête : « Je me rappelle une phrase célèbre qu’on répétait dans ma jeunesse », dit-il d’une voix soudain cassée. « La femme est l’avenir de l’homme » ». Au fait, qui a dit ça ? Je ne sais plus.
Lénine ? Kennedy ? Non, un poète.
-« Aragon », soufflai-je.
Le sondage est devenu une sorte de réalité supérieure ; ou pour le dire autrement, il est devenu la vérité.