Je pense, surtout, que ce livre ne me parle pas parce qu'il traite de sujets qui me laissent complétement froide ; je n'en avais rien à faire des personnages et les analyses philosophiques de
Kundera, telles des « et pendant ce temps, dans l'esprit de
Nietzsche (devenu le 5e personnage du roman à ce train-là) et de moi moi moi » n'ont fait vibrer aucune réflexion (mais moi, pauvre femme, suis bien incapable de m'élever autant intellectuellement, excusez de mon passage). J'ai lu ce livre avec une impression de meh permanente, vaguement rehaussé positivement par la beauté de certaines tournures et phrases bien écrites et / ou senties pour retomber dans un « wiwiwiwiwiwi bruit de fooond mental wiwiwi »
J'entends la portée critique et littéraire de l'invasion Russe de la Tchécoslovaquie, les propos nietzschien, l'ambivalence entre ce que l'on souhaite être et ce que l'on est, la vie sous un régime totalitaire. Mais comme j'en ai déjà fait la critique pour d'autres romans, ça m'insupporte de voir et ressentir l'opinion philosophique, culturelle, politique de l'auteur dans une oeuvre de fiction. Je sais bien qu'on influence son écriture par ses valeurs et croyances, mais si je voulais lire un essai sur l'opinion d'un auteur sur un sujet, j'irais lire un documentaire ou le blog (tribune / interview / questionner la tombe) de l'auteur, pas un roman. Je trouve généralement que c'est desservir son oeuvre que de faire croire que des personnages existent alors qu'ils sont uni-dimensionnellement le véhicule d'une opinion, et n'existent pour ainsi dire pas ou peu au-delà de cette idée.
Il n'y a pas vraiment de place pour la supposition ou la compréhension personnelle, puisque la même réflexion est répétée ad nauseam, de manière explicite à chaque fois.
Les personnages féminins semblent être un défilé de défauts et de critiques, bas de plafonds, sans ambition, vénales, mesquines (la femme de Franz devrait être considérée comme « méchante », tout comme l'ex-femme de Tomas, tout comme la mère de Sabina), tandis que les personnages masculins me font l'effet d'aliens, de cerveaux flottants, rattachés par un mince fil à un pénis, qui dirige toutes leurs actions et leurs pensées.
Tomas couche avec tellement de femmes qu'il ne se souvient pas de la moitié, le mec a un tel problème avec sa libido qu'il a tout un schéma, dont il est particulièrement fier, de temps quand voir laquelle et selon quels critères, pendant que sa femme fait une très convaincante représentation de la plante en pot qui attend un peu d'attention. Tomas n'est pas capable de réfléchir à l'idée même de faire un compromis face aux demandes incessantes de son épouse d'arrêter d'aller tremper son biscuit entre toutes les cuisses qui passent, rendant leur relation de co-dépendance d'autant plus malsaine.
Quant à l'autre dude, là… regarde la paume de sa main Frank ? Franz ? C'est un peu comme un boudin de porte ; c'est un chic type (qui trompe quand même sa femme pendant 1 an) et qui du coup ne supporte pas de devoir en payer les conséquences. Au-delà de ça, il est un peu présenté comme goody two shoes, et disparait dans l'indifférence générale du lectorat et des personnages, pour essayer de prouver quelque chose à un personnage qui a disparu de sa vie des années auparavant.
J'ai quand même bien aimé le chien, qui est un chien, qui fait des choses de chien, avec ses petites habitudes de chien, et est en réalité une chienne, mais Tomas et son épouse ayant décidé de lui donner le nom de Karénine, ont pris le parti de le genrer au masculin pendant tout le reste du roman après l'avoir adopté.
Je me demande aussi quel était le problème de
Kundera avec la merde et le kitsch. Est-ce qu'il se voulait subversif ? Est-ce que c'était une vrai question pour lui ? Est-ce que la profondeur de sa réflexion n'a pas réussi à traverser ma gêne induite socialement par des notions qu'on évoque peu au quotidien avec d'autres ?
Ce livre doit être le produit de son époque, mais ce n'est plus la mienne et je passe complétement à côté de la portée de son message et de son histoire.