j’en étais arrivé à la conclusion qu’il n’y avait rien de sacré en moi-même ou en n’importe quel être humain, que nous étions tous des machines, condamnées à entrer en collision après collision après collision.
La planète sur laquelle se déroulait l’histoire de Trout était nommée Bagnialto, et un “Gaffneur du ban” était un haut fonctionnaire qui, une fois par an, faisait tourner une roue du hasard. Les citoyens soumettaient des œuvres d’art au gouvernement, et celles-ci recevaient un numéro, puis elles se voyaient attribuer une valeur marchande en fonction des caprices de la roue du Gaffneur du ban.
Le point de vue de la narration n’était pas celui du Gaffneur du ban, mais celui d’un humble cordonnier nommé Gooz. Gooz vivait seul et il peignait un tableau de son chat. C’était le seul tableau qu’il avait peint de sa vie. Il le portait au Gaffneur du ban, qui le numérotait et le rangeait dans un entrepôt bourré d’œuvres d’art.
La peinture de Gooz avait un coup de chance sans précédent à la roue. Sa valeur atteignait 18 000 lambos, l’équivalent sur Terre d’un milliard de dollars. Le Gaffneur du ban décernait à Gooz un chèque du montant en question, dont l’essentiel était immédiatement récupéré par le percepteur des impôts. Le tableau était mis à l’honneur à la Galerie nationale, et les visiteurs faisaient la queue sur des kilomètres pour avoir la chance de contempler une peinture à un milliard de dollars.
Il n’y avait pas d’immunité sur Terre contre les idées toquées.
Le Vietnam était un pays dans lequel l’Amérique essayait d’empêcher la population d’être communiste en lui larguant diverses choses de ses avions. Les produits chimiques auxquels le conducteur faisait allusion servaient à détruire tout le feuillage, afin qu’il soit plus difficile pour les communistes de se cacher des avions.
Et quand on pense aux saloperies qu’ils fabriquent dans la plupart de ces usines : lessive, nourriture pour chats, sodas…
C’était pertinent. Ces procédés de fabrication étaient en train de détruire la planète, et les produits fabriqués étaient nuls, dans l’ensemble.
Les criminels pointaient un revolver sur les gens et disaient : “Donne-moi tout ton argent”, et généralement les gens s’exécutaient. Et les policiers pointaient leur revolver sur les criminels et disaient : “stop”, ou autre chose suivant la situation, et généralement les criminels s’exécutaient. Parfois non. Parfois une épouse se mettait dans une telle colère contre son époux qu’elle lui faisait un trou dans le corps à l’aide d’un revolver. Parfois un époux se mettait dans une telle colère contre son épouse qu’il lui faisait un trou dans son corps à elle. Et ainsi de suite.
Certains disent qu’il n’y a rien de mieux que le progrès. Le fait que les êtres humains soient aujourd’hui la seule espèce encore vivante sur Terre, je dois l’avouer, me paraît être une victoire assez déconcertante.
Les idées, sur la Terre, sont des emblèmes d'amitié ou d'hostilité. Leur contenu n'a pas la moindre importance. Les amis s'accordent dans l'expression de leur mutuelle amitié. Les ennemis s'opposent mutuellement dans l'expression de leur hostilité.
Je gagne aujourd’hui ma vie en étant impoli.
Sa femme s'était suicidée en avalant du Drano, produit destiné à décrasser les éviers !... Le corps humain est constitué de substances très voisines de celles qui encrassent les éviers !!!