AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 125 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quoi de plus logique, de commencer la lecture de Kurt Vonnegut Jr par le petit déjeuner?
Ce Breakfast du champion a été, pour Horusfonck-des-critiques-des-livres-qu'il-a-lu, un sacré gueuleton!.. Et illustré par l'auteur, en plus!
L'ami Kurt emmène le lecteur dans les maux d'une Amérique taraudée par ses démons: le fric, la guerre, le racisme, la destruction de l'environnement... Son porte-parole, son porte-drapeau de la loose anti-conformiste, c'est Kilgore Trout l'écrivain aux innombrables textes publiés-cachés dans des revues cochonnes!
Et voilà Kilgore Trout envoyé, au gré de la fantaisie halluciné de son créateur, dans un improbable festival culturel ... D'ailleurs, ledit créateur (The autor himself!) participe à cet évènement bouffon lors duquel ses personnages lui échappent parfois!..
Alors, mille merci, Kurt, pour cette descente déjantée qui m'enjoint de continuer à parcourir les chemins de votre oeuvre!


Commenter  J’apprécie          661
Totalement déjanté !
Alors que la plupart des romanciers tente de rendre réaliste leur propos, de se rapprocher le plus possible de leurs personnages, d'inciter à l'empathie, à le rendre vivant, sensible, réel, Kurt Vonnegut essaie au contraire de s'en éloigner, de maintenir une distance, tel un écrit d'anthropologue, ce livre est raconté comme s'il était destiné à un public qui ne connaît rien aux humains, vu de l'extérieur de l'humanité, et semble écrit par quelqu'un qui découvre cette humanité (ou inhumanité) d'un oeil totalement neuf et naïf, en même temps que le lecteur. le style est lapidaire, scientifique, sans la moindre emphase, contenant des valeurs numériques (chaque personnage masculin est présenté par les mensurations de son pénis), chaque détail a droit a une explication, même (surtout) si cela n'apporte rien au récit.
Pour cela, il parsème son récit de remarques d'une drôlerie cynique et effrayante et rehausse son propos de petites illustrations, pour vous dire à quoi ressemble une poule ou une pomme, ou pour visualiser les blousons de l'Université de la cacahuète. Il se focalise sur quelques détails sans importance, il apporte autant de soin aux personnages secondaires que principaux, car il échafaude une théorie comme quoi, il n'y aurait pas de personnages secondaires ou principaux : “Quand je compris ce qui faisait de l'Amérique une nation si dangereuse et malheureuse d'individus qui n'avaient plus aucun rapport avec la réalité, je pris la décision de tourner le dos aux histoires. J'écrirais sur la vie. Chaque personnage aurait strictement la même importance que n'importe quel autre. Tous les faits pèseraient aussi le même poids. Rien ne serait laissé de côté. Aux autres d'apporter de l'ordre au chaos. Moi, j'apporterais du chaos à l'ordre, comme je crois y être parvenu.” Et il y parvient parfaitement. Mais ces détails qui ne vont pas faire avancer l'intrigue, bien au contraire, vont par leur accumulation pointer du doigt une société vraiment très étrange, notre société.
On va aussi rencontrer au fil de la lecture un certain nombre de résumés de romans de Kilgore Trout, tous plus déjantés les uns que les autres.
Ce roman est un délire schizophrène totalement délirant : Kurt Vonnegut Jr. s'est créé une alter-ego écrivain de science fiction qui devient personnage de son roman alors que lui même, Kurt Vonnegut Jr. devient lui aussi un personnage dans son roman.
Je me demande si Kurt Vonnegut Jr. n'est pas le plus grand cinglé de la littérature.
Il se pose en démiurge, en prométhée sur ses personnages et tient à nous rappeler qu'il détient le droit de vie ou de mort sur eux, de façon purement gratuite et anodine : “J'aurais pu le tuer, et son pilote aussi, mais je leur laissai la vie sauve. Ainsi leur avion se posa-t-il sans incident”.
Bref, j'ai ri, je me suis éclaté, j'en viens même à vouer une véritable vénération pour cet auteur très particulier.
Dans cette histoire, on se demande qui est le plus fou, Dwayne Hoover qui le deviendra effectivement au cours de ce récit, Kilgore Trout qui écrit des romans tous plus bizarres les uns que les autres, Kurt Vonnegut Jr. lui-même, qui se pose donc en démiurge sur tout ceci, ou carrément toute la société américaine, pour ne pas dire l'humanité toute entière, et d'ailleurs, je crois que je ne me sens pas très bien non plus...
Commenter  J’apprécie          470
Il y a quelques années, ma lecture du roman « Abattoir 5 » de Kurt Vonnegut m'avait enthousiasmée. J'avais trouvé ce texte absolument remarquable, brillant, tant sur la forme que sur le fond. Pourtant, depuis je ne m'étais pas attelée à une autre lecture de Vonnegut. Je m'y colle enfin avec « le breakfast du champion ».

Je n'étais pas peu fière, à l'époque de ma lecture d'«Abattoir 5 », d'avoir réussi à proposer un petit résumé de ce roman pourtant déstructuré et inclassable. Je ne vais pas réitérer l'exploit avec « le breakfast du champion ». Ce bouquin est impossible à résumer. Il y a bien un fil narratif mais le récit part dans tellement de directions et utilise des procédés narratifs tellement originaux qu'il serait réducteur de tenter de limiter le roman de Vonnegut à cette intrigue.
Le ton d'«Abattoir 5 » était plutôt sombre, difficile d'évoquer Dresde massacrée en se prêtant à la rigolade. le ton du « Breakfast du champion » est nettement plus léger, même si l'auteur se sert de son récit pour pointer du doigt les travers de l'Amérique. Mais il le fait avec une ironie, un cynisme et un humour qui rendent cette lecture très drôle.
Mais le plus remarquable dans ce texte, c'est l'audace dont fait preuve Vonnegut. L'auteur se permet toutes les fantaisies narratives, c'est bien simple je n'avais jamais lu quelque chose comme ça. Non seulement le fil narratif est très ténu mais en plus on en connait les tenants et les aboutissants depuis le départ. Ensuite, Vonnegut s'attache à ne respecter aucune des règles qui régissent l'écriture de récits. le voyage du héros et le monomythe, très peu pour Vonnegut, il dynamite les conventions littéraires. Ainsi, il va s'amuser à se perdre dans des détails, rappelant au lecteur ce qu'est une cigogne par exemple, va parsemer son récit de petits dessins qui n'apportent rien à l'intrigue, va décrire la taille du pénis de chaque personnage masculin, va dire que ce qu'il a raconté quelques pages auparavant n'est pas très crédible, etc… Vonnegut se permet aussi l'audace suprême de se placer lui-même dans le récit, mais d'une façon totalement inédite. le récit va plus loin que la classique mise en abyme, je trouve qu'on se rapproche plus de ce qu'au cinéma on appelle « briser le 4ème mur » sauf que là l'auteur ne s'adresse pas seulement à son lecteur mais aussi à ses personnages. Cela donne l'impression que l'auteur s'adresse aux personnages du roman qu'il est en train d'écrire au moment même où il le fait, comme si ce roman n'avait presque pas d'existence et était une sorte d'entité mouvante, informelle. Ce livre est tout simplement dingue.

Cette seconde lecture de Vonnegut m'a réjouie. J'ai adoré me faire promener par l'auteur dans ce récit satirique où l'absurde le dispute à l'audace formelle. Evidemment, je lirai d'autres bouquins du Monsieur.
Commenter  J’apprécie          344
Je m'attendais à lire un roman de Sf et bien pas du tout! C'est un joyeux mélange de pamphlet anti-étasunien, de critique sociale et de réflexion sur l'acte d'écriture. L'intrigue avance par ricochets, en très courts chapitres, et en rebondissant sur un mot ou une idée. Cela donne un texte alerte, dévastateur et extrêmement drôle. Pourtant ce n'est pas uniquement un roman comique : la mise en abyme qui fait se rencontrer l'écrivain et sa création donne à tout ce patchwork délirant une cohérence et une profondeur remarquable.
Commenter  J’apprécie          260
Un bordel conceptuel, thématique et narratif complet, une oeuvre clairement iconoclaste et punk, avec tout ce que ça suggère de transgressions pas toujours finaudes et de jusqu'au-boutisme un peu couillon par moments.
Mais au final, un bouquin satirique d'une grande force et d'une sincérité assez implacable.
Pas un bouquin pour tout le monde, clairement, mais si la longueur d'ondes est la bonne, l'essentiel passe avec plaisir, voire enthousiasme.
Lien : https://syndromequickson.com..
Commenter  J’apprécie          70
Un petit chef d' oeuvre de la littérature "perchée".
Un petit déjeuner à consommer sans modération...
Commenter  J’apprécie          50
Publié initialement en 1973, j'ai trouvé ce roman très actuel pourtant. Vonnegut dresse un portrait un vitriole de notre époque, qui asservit les homme l'Amérique soit disant un pays de liberté, mais qui plutôt nous faisait croire au sentiment de liberté, à l'écologie, au racisme, tout en parlant de trouble mentaux, bref des sujets super à la mode en ce moment.
Mais quelques réflexions en somme toute très commun à notre époque n'aurait pas fait de livre un petit bijou. Ce qui fait de ce livre une merveille, c'est son style. Kurt Vonnegut manie son histoire avec habileté, absurdité, et on en redemande. Il écrit pourtant de manière simple. Pas de grande envolée lyrique, mais des digressions. Beaucoup de digressions. Sur tout.
Vous l'avez compris, ce livre plein d'ironie a été un très bon moment de lecture pour moi. J'ai bien l'intention de continuer à lire sa bibliographie, et vous recommande chaudement de faire de même si vous êtes adepte du second degré.
Lien : https://cyberlecture.wordpre..
Commenter  J’apprécie          50


Lecteurs (344) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4878 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}