- New-York, ce doit être le paradis, dit Mengel .
- Pour vous, c'est bien possible.Pour moi, c'était l'enfer ... ou, non, quelque chose de pire que l'enfer.
- Qu'y-a-t-il de pire que l'enfer ?
- Le purgatoire, dis-je.
J'avais espéré, comme radiodiffuseur, me limiter au burlesque, mais nous vivons dans un monde où le burlesque est un art difficile, avec tant d'êtres humains si réticents à rire, si incapables de penser, si avides de croyance et de rogne et de haine. Tant de gens voulaient me croire !
Vous direz ce que vous voudrez sur le doux miracle de la foi inconditionnelle, j'en considère la propension comme terrifiante et absolument ignoble.
Le Dr Goebbels rêvait de présenter cette reconstitution tous les ans à Varsovie après la guerre, de laisser les ruines du ghetto se dresser à jamais pour lui servir de décor.
- Il y aurait des juifs dans cette reconstitution ? Lui demandai-je.
- Bien entendu..., dit-il, des milliers.
- Sans indiscrétion, monsieur, où espérez-vous trouver le moindre juif après la guerre ?
Il saisit l'humour de cette remarque.
- Très bonne question, répondit-il en pouffant. Il faudra que nous en discutions avec Hoess.
Je doute qu’il ait jamais existé une société sans sa part de jeunes gens fort avides de faire l’expérience de l’homicide, pourvu que les sanctions impliquées ne fussent pas trop graves.
— Tu as bien changé, dit-elle.
— Les gens doivent être changés par les guerres mondiales, sinon à quoi servent-elles ?
«Vous direz ce que vous voudrez sur le doux miracle de la foi inconditionnelle, j'en considère la propension comme terrifiante et terriblement ignoble. »
D'une manière générale, l'espionnage offre à chaque espion l'opportunité de devenir fou de la manière qui lui parait irrésistible.
L'amateurisme de l'oeuvre lui donnait l'aspect d'un vague graffiti sur un mur de toilettes publiques;
les morts n’écrivent souvent pas très bien.
L'Allemagne de l’Ouest demanda poliment au gouvernement des Etats-Unis si je n'étais pas un de ses citoyens. Ils n'avaient aucune preuve dans un sens ou dans l'autre, puisque tous les documents me concernant avaient brûlé pendant la guerre. Si j'étais un de leurs citoyens, disaient-ils, ils seraient tout aussi heureux qu'Israël de m'accueillir dans leurs tribunaux.
Si j’étais allemand, disaient-ils en substance, ils avaient certainement honte de l'Allemand que j’étais.
La Russie soviétique, en des termes brefs qui sonnaient comme des roulements à billes lâchés sur du gravier mouillé, disait qu'un procès n'était pas nécessaire. Un fasciste comme moi, disaient-ils, méritait d'être écrabouillé sous le pied comme une blatte. (p. 135)