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Les Lance flammes me laisse perplexe.

Face à ces quelques 500 pages, j'ai tout d'abord été un peu perdue car la narration alterne entre deux époques : le New York des années 70 dans lequel on suit Reno, jeune femme aspirant à devenir artiste ; la fin de la Première Guerre mondiale, en Italie, à laquelle participe Valera au sein d'un escadron motorisé. le lien entre les deux époques et ces personnages n'apparaît pas immédiatement. On comprendra par la suite que le Valera de ce début du XXe siècle n'est autre que le père du petit ami de Reno dont on va suivre le parcours à travers les décennies durant lesquelles il construira un empire industriel basé sur la fabrication de motos et de pneus.

Le deuxième aspect qui ne m'a pas convaincue tient au fait que la grande majorité des personnages que croise Reno lorsqu'elle vit à Soho est tout simplement insupportable : qu'ils aient déjà acquis une reconnaissance dans le milieu artistique ou qu'ils cherchent à s'y faire une réputation, ils sont imbus de leur personne et aiment s'entendre discourir. Nous avons donc droit à de multiples divagations à propos de sujets divers qui pour ma part m'ont généralement laissée de marbre. Il en est de même lorsque Reno part en Italie et y rencontre la famille de Sandro Valera, la palme d'or du personnage haïssable revenant sans conteste à la mère !

Enfin, le dernier point négatif (et non des moindres) tient au personnage de Reno lui-même. Jeune femme ayant quitté son Nevada natal pour un haut lieu artistique de New-York, elle souhaite y percer grâce à la vidéo. Or, si elle a de vagues projets, elle ne réalise finalement pas grand chose à ce niveau. D'autre part, sa relation aux hommes (en particulier Sandro), toujours plus âgés qu'elle, m'a agacée. Elle semble se laisser conduire, porter par les faits et les gens, passivement. le seul trait de caractère positif qu'on peut lui reconnaitre est le fait qu'elle s'adapte rapidement à des milieux sociaux radicalement différents.

Si je m'arrêtais là, on pourrait croire que j'ai détesté ce roman de bout en bout. Or, ce n'est pas le cas. Et c'est bien pour ça que je ne sais pas quoi en penser. Car au milieu de tout ce qui m'est apparu comme des aspects négatifs, certains passages et personnages sont de franches réussites. Par exemple, la description de la participation de Reno à une course de vitesse, la Speed Week, à Bonneville, sur une immense plaine de sel. Ou encore les scènes de pillages lors d'une coupure d'électricité à New York. le récit d'un soulèvement populaire au cours d'une manifestation en Italie est également excellent. le personnage de Burdmoore, ancien membre des Motherfuckers, un gang armé révolutionnaire ayant sévi au milieu des années 60, nous raconte les hauts faits de ce groupe marginal et c'est un plaisir ! Enfin, le récit du parcours du père de Sandro, notamment les manières de procéder en Amérique du Sud afin de récolter le caoutchouc au moindre coût en réduisant en esclavage les indiens autochtones, est franchement intéressant. La qualité et l'originalité de l'écriture sert à merveille la description de scènes hors normes.
Voilà pourquoi ce roman me laisse un sentiment extrêmement mitigé. A découvrir afin de se faire son propre point de vue.

Il m'a été donné de lire ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique, je remercie donc grandement Babelio ainsi que les éditions Stock.
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Reno aime la vitesse. La photographie. le land art*.

Cette ancienne championne de ski a délaissé les pistes enneigées pour les routes de l'Utah, qu'elle parcourt à moto à destination de la plaine de Bonneville.
Cette vaste étendue de sel est chaque année le théâtre d'un concours de vitesse auquel elle a l'intention de participer pour la première fois, et d'y mêler ses trois passions, en filmant les traces que laissera son engin lancé à toute vitesse pour en faire une oeuvre d'art.



Au gré d'une chronologie parfois bouleversée -mais jamais déstabilisante, le fil de l'intrigue étant parfaitement maîtrisé-, nous la suivons de Bonneville à Manhattan, des Etats-Unis à l'Italie. Cette jeune étudiante a en effet quitté son Nevada natal -qui lui a valu son surnom- pour la frénésie New-new-yorkaise, et la possibilité d'approcher le monde de l'art. Nous sommes dans les années 70, les jeunes artistes occupent des loft au loyer modique dans le quartier de Soho. Rompant avec les valeurs et le mode de vie de pères riches et puissants, une partie de la jeune génération se plait à mener une existence bohème, et à afficher ses sympathies gauchistes.
La narratrice porte sur cet univers qu'elle découvre un regard à la fois curieux et ouvert, donne le sentiment qu'elle essaie de capter une énergie par laquelle elle pourra se laisser porter.
Mais dans ce milieu qui cultive l'ironie et le second degré permanent, où la plupart des individus semblent se mettre en scène, rares sont les relations sincères et profondes...



Il n'empêche que "Les lance-flammes" est un roman foisonnant, en mouvement permanent, dont l'auteure, à l'image de son héroïne, aime prendre des risques, en multipliant les perspectives. Aussi, elle mène son lecteur d'une époque à l'autre, entrecoupant le récit de l'éducation amoureuse, artistique et intellectuelle de Reno d'épisodes où elle met en scène l'aïeul Valera, du coeur du premier conflit mondial à la jungle sud-américaine où, quelques années plus tard, il supervise la récolte du caoutchouc pour le compte de son empire naissant...
Elle n'hésite pas, de même, à nous faire franchir les frontières culturelles et sociales, tantôt assistant à la dernière exposition de quelque nouveau talent dans une galerie new-yorkaise avant-gardiste, et tantôt plongés au sein des affrontements opposant les forces de l'ordre aux jeunes romains en colère, dans l'Italie des années de plomb.

Reno est le fil conducteur qui, au gré des événements et de ses impulsions, nous entraîne dans un tourbillon dont Rachel Kushner contrôle parfaitement la dynamique.

C'est dense et passionnant...c'est A LIRE !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Ce livre est indéniablement un des romans américains contemporains à lire cette année : une grande histoire, des protagonistes inoubliables et une écriture unique !

Si je n'ai pas lu le premier livre de cette auteure qui avait déjà été finaliste du National Book Award, je ne pouvais passer à côté de ce second dont je n'avais entendu que le plus grand bien. le gros point fort de ce livre c'est de nous faire voyager dans l'espace et dans le temps : vous verrez l'Italie fasciste, les USA des 70's... Rachel Kushner réussit le défi de nous raconter tant d'histoires différentes, tant de sensations divergentes et cela sans pour autant que le lecteur se perde.

J'ai vraiment aimé le personnage de Reno, une femme pleine de répartie, de ressources, parfois naïve et parfois énigmatique. Au travers d'elle il nous est permis de découvrir tout le monde de l'art new-yorkais : un portrait réaliste, sincère, critique d'un monde si sûr de lui et qui semble si parfait. le plus impressionnant c'est le contraste entre ce protagoniste débarquant du Nevada, jeune motarde encore pleine d'espoir et cet univers rempli de personnes sophistiqués et superficiels.

Une rencontre va tout chambouler, un être va tout changer : Sandro un italien. le lien est ainsi fait entre les deux pays et le lecteur apprend constamment, s'envole d'un paysage à un autre. Tout cela du fait d'une écriture travaillée, sublime et parfois plus forte que le récit. Ainsi la forme prend le pas sur le fond.

J'ai beaucoup aimé ce livre mais il y a deux points qui m'empêchent d'avoir le coup de coeur : d'une part j'étais plus intéressée sur l'univers américain qu'italien -même si j'ai beaucoup appris et que c'est un point fort indéniable dans une lecture- et d'autre part je trouvais que certains passages étaient trop longs, trop lents, comme si l'auteure voulait absolument nous montrer de quoi elle était capable, que son style relevait du virtuose.

En définitive, une excellente lecture à mettre dans toutes les bibliothèques des amoureux de la littérature américaine !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Un grand merci à l'inégalable Masse critique de Babelio et aux Editions Stock.

Le deuxième roman de Rachel Kushner, Les lance-flammes, a été porté aux nues par plusieurs auteurs anglo-saxons parmi les plus célèbres. Ce qui, au demeurant, est plutôt inquiétant : quand des écrivains adoubent l'un des leurs, le lecteur lambda se sent un peu prisonnier d'opinions de gens qui savent mieux que lui ce qu'est un bon livre. Non ? Non, pas forcément, puisque tous les avis se valent. Les Lance-flammes contient de très bonnes choses à commencer par un portrait très dense d'une héroïne, Reno, qui traverse les années 70 à grande vitesse entre les ateliers d'artistes de New York et une villa bourgeoise dans les environs du lac de Côme, en passant par la Rome des "années de plomb" et le Grand Lac Salé, à moto s'il vous plait. Dans ses meilleurs moments, le livre va à toute berzingue et il est passionnant à lire. Mais, oui car il y a un mais, Rachel Kushner s'arrête parfois à des feux rouges virtuels et nous inflige de longues conversations fastidieuses ou encore s'empêtre dans des digressions sur l'air du temps. On a franchement l'impression que la romancière en remet un peu pour "faire" plus littéraire au point que le style dépasse le fond. A la lire, on se sent un peu comme le cachet d'aspirine au contact de l'eau : effervescent un temps et puis impuissant une fois l'effet initial absorbé. Des qualités d'écrivain, Rachel Kushner en possède, c'est irréfutable, et un remarquable sens du découpage narratif (voir les flashbacks sur le grand-père du fiancé de Reno, qui a fait fortune avec le caoutchouc, du Brésil à l'Italie fasciste). Porté par un bel élan, Les lance-flammes est parfois freiné par un excès de travail sur la forme. Mais Rachel Kushner a le feu sacré, il faudrait aveugle pour ne pas le voir. Et on est curieux de voir l'adaptation que Jane Campion tirera de cette somme de près de 550 pages s'il se confirme qu'elle la tourne bien.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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On perçoit quelque chose de Proust parmi le scintillement d'images que recèle Les lance-flammes. L'auteure nous livre une oeuvre d'art moderne composite - matières et lumières teintées des émotions de personnages aux vies croisées qui s'articulent autour d'une structure implacable.
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