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sur 515 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Seul ouvrage écrit par Jean de la Bruyère, ce recueil de textes se veut le témoin de la société française du XVIIè siècle. L'auteur s'est inspiré des Caractères de Théophraste, philosophe grec dont le nom signifie "discours divin", ainsi que l'avait nommé son maître, dont la popularité fut grande parmi les athéniens, en transposant le propos à l'étude des moeurs de sa propre époque.

Il est difficile de lire le tout de façon longitudinale, car le rythme est irrégulier, de courts aphorismes alternant avec de plus longs développements. Par ailleurs un bon nombre de ces textes sont très contextuels et ne peuvent guère évoquer des situations familières à un citoyen du XXIè siècle, sauf s'il est spécialiste de l'histoire sociale du siècle des lumières. Il est sans doute plus profitable de picorer ça et là quelque maxime qui surprend par sa parfaire adéquation à notre monde contemporain :

" Une mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit, et qui ne sera pas la dernière: telle est notre légèreté. Pendant ces révolutions, un siècle s'est écoulé, qui a mis toutes ces parures au rang des choses passées et qui ne sont plus. La mode alors la plus curieuse et qui fait plus de plaisir à voir, c'est la plus ancienne"

Je passe sur le chapitre consacré aux femmes : j'accorde la clémence à l'auteur, prisonnier des préjugés de son époque, bien qu'il s'en défendit au nom de l'objectivité.
Je ne conserve que cette phrase qui clôt le débat :

" Les hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d'une femme: leurs intérêts sont trop différents"

L'un des thèmes le plus intéressant est celui de l'écriture, et du succès qu'elle confère ou non :

"Il n'est pas si aisé de se faire un nom par un ouvrage parfait, que d'en faire valoir un médiocre par le nom qu'on s'est déjà acquis".

L'auteur évoque également la prudence nécessaire devant le succès, et que les éloges comme les critiques doivent être reçues non comme un jugement mais comme un moyen de progresser. le lecteur en prend aussi pour son grade :

Quelques-uns de ceux qui ont lu un ouvrage en rapportent certains traits dont ils n'ont pas compris le sens, et qu'ils altèrent encore par tout ce qu'ils y mettent du leur; et ces traits ainsi corrompus et défigurés, qui ne sont autre chose que leurs propres pensées et leurs expressions, ils les exposent à la censure, soutiennent qu'ils sont mauvais, et tout le monde convient qu'ils sont mauvais; mais l'endroit de l'ouvrage que ces critiques croient citer, et qu'en effet ils ne citent point, n'en est pas pire.

Alors que la solution est simple pour juger de là qualité d'un livre :

Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger l'ouvrage; il est bon, et fait de main d'ouvrier.

Bien d'autres thèmes sont abordés, les plus accessibles se référant à des thèmes universels. La Bruyère est- il toujours enseigné au lycée? Ces textes constituent une pépinière de sujets de réflexion sur les moeurs de l'animal grégaire qu'est l'humain
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Entre portraits fort peu flatteurs et réflexions moralistes, la Bruyère peint une humanité faible, courtisane, nombriliste et ridicule. Trop sérieusement, il blâme, il fait entendre la voix de la morale, de l'ordre, de la soumission au souverain et à l'Eglise. Si les personnages dessinés sont souvent pittoresques, exagérés et justes, il manque à celui qui les prend pour modèle le sens soit du comique, soit de l'empathie. Ce que veut la Bruyère, c'est, par l'exemple du vice, corriger ses contemporains. Cela se sent trop. Il fait la morale et ne s'amuse pas assez de ce qu'il voit, parce qu'il le juge trop, parce qu'il donne trop de poids à ce qu'il nomme vertu, oubliant qu'aimer les êtres humains, c'est d'abord aimer leurs défauts.
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Jean de la Bruyère vécut de 1645 à 1696 et entra à L Académie Française en 1693.
Les Caractères est composé de seize chapitres, traitant chacun d'un grand thème de la société (les biens de fortune, les femmes, la mode, etc). Lesdits chapitres comprennent d'une part des réflexions générales sur le sujet en question, d'autre part le portrait ô combien ironique des grands de la société de l'époque.

L'édition que je possède (Classiques illustrés) ne contient que des extraits des Caractères et fait 100 pages. Je pense que, si le livre avait été plus long, j'aurais abandonné.
Il est fort dommage que les annotations ne donnent pas systématiquement le nom du personnage dont La Bruyère fait le portrait. Je ne dirais pas que je me suis ennuyée, loin de là, mais simplement que je n'étais pas dans la disposition d'esprit nécessaire pour apprécier cet ouvrage à sa juste valeur. Tant pis.
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Imitant la démarche du philosophe grec Théophraste en son temps, Jean de la Bruyère ressuscite le principe des « caractères » à la fin du XVIIème siècle, c'est-à-dire des portraits anonymes qui incarnent des passions ou des vices humains. Particulièrement appréciés dans la bonne société d'ancien régime, qui s'amusait à identifier le personnage authentique qui devait être brocardé sous tel ou tel prénom d'inspiration grecque au fil des additions de l'écrivain, les maximes De La Bruyère ont aussi créé une petite révolution sur le plan littéraire par le sens de la formule et l'efficacité syntaxique qui les caractérisent. Les chapitres et les points qui les composent sont de longueur variables et donnent une fausse illusion de bric-à-brac de pensées, allant d'une simple phrase à un paragraphe de plusieurs pages.

Si plusieurs traits prêtent à sourire par leurs piques bien senties (le chapitre « Des Femmes » vaudrait certainement la mort sociale à l'auteur de nos jours, mais m'a quand même bien fait rire), le texte est plutôt sérieux et brosse très largement la société française, passant du jugement artistique aux incohérences de l'aristocratie et du clergé, en passant par la critique de la mode ou des usages bourgeois. Il va jusqu'à se confondre parfois avec la philosophie pure et la théologie : on pense notamment à la longue démonstration de l'existence de Dieu et à l'apologie de la religion chrétienne dans le dernier chapitre où il faut vraiment s'accrocher sur le plan conceptuel. le propos prend évidemment pour référence le siècle de Louis XIV, dont le fonctionnement peut nous paraître bien lointain par rapport au nôtre, et pourtant, il y a en de nombreuses occurrences des résonnances bien involontaires mais tout-à-fait pertinentes avec des réalités nouvelles contemporaines, sans compter toutes les considérations qui relèvent du caractère universel et intemporel de l'Homme.

Il en résulte un plaisir de lecture assez inégal, largement favorable au principe des portraits, entre lesquels on a cependant tendance à s'ennuyer un peu au milieu de considérations souvent très théoriques, quoique pas inintéressantes au cas par cas pour dénicher des principes de vie. Mis à part les exemples infiniment plus parlants que leurs développements, on trouve plutôt son compte dans l'impeccabilité du style dont la sophistication n'est absolument pas synonyme d'aridité et de difficulté.
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Les Caractères de la Bruyère est une oeuvre fragmentée qui a pour but de corriger les moeurs de la société de son temps. La Bruyère parcours la société dans son ensemble en suivant son organisation sociale. Dans son ouvrage, ce grand moraliste mêle maximes, portraits, anecdotes, définitions et descriptions.

Ce recueil m'a fait sortir de ma zone de confort. En effet, je n'avais jamais lu de livre semblable aux Caractères et, il n'est pas dans mes habitudes de lire de la littérature d'idée. C'était donc quelque chose d'assez nouveau pour moi. La Bruyère écrit très bien. Son oeuvre n'est pas aussi ennuyante que je le pensais. En effet, elle est rythmée par les différentes maximes et anecdotes. Néanmoins, ce n'est pas une oeuvre qui se lit pour le plaisir mais elle reste tout de même très intéressante, car comme le fait remarquer La Bruyère, les défauts du monde ne changent pas. Les vices dénoncés par La Bruyère sont exactement les mêmes qu'aujourd'hui et Les Caractères s'applique donc à notre société actuelle. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un lien entre cet ouvrage et La comédie humaine De Balzac. En effet, ces deux auteurs cherchent à corriger les moeurs, et les défauts qu'ils dénoncent sont exactement les mêmes.

Les Caractère demeure une oeuvre intéressante et un classique de la littérature française.
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Si La Bruyères n'avait pas son talent littéraire, ce livre ne serait sans doute qu'un vulgaire guide de bienséance en société. Il y critique, souvent par aphorismes, les sots, les fats, les avares et les dispendieux, les candides et les cyniques, les vulgaires et les précieux etc.

Cela relève tout de même la plupart du temps du truisme. Il dispense aussi ses conseils d'éducation, de gestion, de sentiments etc.
Les nombreux adages sont bien formulés mais, pour la plupart, Lapalisse en eut dit autant...

Le plus décevant est le sempiternel appel à la mesure, selon le triste postulat que la vérité se trouve toujours dans le juste milieu, par exemple : "L'homme de bien est celui qui n'est ni un saint ni un dévot." C'est désespérant de refus de penser...
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