Viktor s'élance, tournant sur lui-même, entraînant sa cavalière dans une valse, rue Cazalet, sous le regard émerveillé des passants et de la lumière. Et sa bouche se met à siffler. Il siffle merveilleusement bien, Viktor. C'est vivant quand il siffle, frais, chaud comme une grappe d'eau. Viktor siffle Indifférence de Tony Murena. Pge 91
Voici le lien de la musique : https://www.youtube.com/watch?v=1K698YWuVu0
très joli air d'accordéon.
Je vais ou ?
Chez Gustin : il est au courant. Tu te caches chez lui, et vous attendez la nuit. Dès que la nuit est tombée, il te conduit à la gare de Tarjac. Y'aura qu'un seul train : un train de marchandises. Tu montes dans le train, et tu ne reviens pas. Tu ne reviens jamais.
Pge 10
La nuit pourrait écrire des poèmes sur Léontine Massat, sur la beauté qu’elle qu’elle sauve chaque fois qu’elle se meut. Mais la nuit sent bien que c’est Léontine Massat qui doit être sauvée. Et la nuit fait tout ce qui est en son pouvoir pour qu’elle le soit.
sa robe flottant autour de ses cuisses comme un pétale de coquelicot.
Elle s’approche de la fenêtre, le chien vient d’aboyer. C’est le maire. Il traverse la cour à grandes enjambées.
– Tu dois partir, Tine, ils sont chez Cabarroc, demain ils sont ici: pars!
Tine se tient immobile au milieu de la cuisine, droite comme un I, le plus beau I qui soit. On ne lit dans ses yeux ni surprise ni affolement. Le maire qui a repris son souffle fait un pas vers elle:
– Ils sont fous, Tine. Ce qu’ils font me dégoûte. J’étais chez Cabarroc et je n’ai rien pu faire. Chez Gardère, le curé s’est interposé: ils l’ont jeté à terre. Ils sont fous: pars!