« La nature se montrait généreuse .Les glycines ombrageaient les jardins sur les devants de porte. L’herbe levait dans les prairies et s’aquarellait de mille reflets multicolores.Le vert puissant des arbres de la forêt moutonnait comme des vagues à la surface du Plateau.
Le soleil nimbait l’horizon d’une lumière magique .
Ils sentaient sur leur visage les caresses de l’air et se moquaient du danger » .
« Sarah n’avait jamais tenté de découvrir les circonstances de sa naissance . Ana ne lui avait pas livré le jardin secret de ses souvenirs. Elle ignorait donc l’histoire de sa famille et qui était son père . Elle possédait très peu de détails sur ses grands - parents . « Mon seul héritage , aimait -elle répéter à Gilles , c’est mon nom .
Je ferai donc tout pour qu’il ne se perde pas dans l’oubli » ....
Un monde où rien n’avait changé depuis longtemps, où tout paraissait immuable, comme si la nature s’était cristallisée. La vie elle-même semblait s’être arrêtée. Les oiseaux s’ébattaient en silence, osant à peine émettre quelques pépiements discrets.
Ana évoquait rarement ses parents, leurs origines, leur vie. Elle ne faisait jamais allusion aux années de son enfance, qu’elle gardait dans sa mémoire comme un jardin secret auquel même Philippe n’avait pas accès. En revanche, elle ne cachait pas la fierté qu’elle éprouvait pour sa fille. Elle l’avait élevée seule, après sa naissance en 1945. Elle ne lui avait compté ni son temps ni sa peine afin qu’elle ne manque de rien et n’ait pas à souffrir de l’absence du père qu’elle n’avait pu lui donner. Elle ne s’était jamais étendue devant elle sur ce sujet. Et Sarah avait toujours respecté les silences de sa mère.
Dans les yeux d'Ana, Adrienne lut toute la misère du monde s'imprimer à l'encre de ses larmes.
Vous êtes chrétien. Moi, je suis juive. Nous sommes les enfants de la Bible, lui répondit-elle. Nous avons les mêmes valeurs.
Nul n'est responsable des actes de ses parents. Il n'est aucunement coupable de ce qu'a fait son père. De plus, il ne s'agit que de son père biologique. Il ne l'a jamais connu.
Tout être humain a besoin de savoir d'où il vient et qui il est vraiment.
Nous pensons que l'école, en général, ne doit pas être assujettie à un ordre politique. Elle doit rester neutre.
Gilles eut beau lui expliquer que le devoir de mémoire ne devait en rien entacher le présent et qu'il était au contraire un gage de l'avenir, il n'était jamais parvenu à la raisonner.