Il détestait combattre. Oh, il affectionnait bien l'exercice physique, adorait la rudesse de l'impact, le coup asséné d'une main sûre, la façon dont son corps agissait sans que son cerveau doive intervenir. Il serait sans doute plus juste de dire qu'il détestait tuer, qu'il répugnait à faire du mal à autrui.
Oh, cet endroit, ces gens... Quel attrait ! S'il avait pu affirmer précisément ce qui ne tournait pas rond dans son existence, ce qu'il aurait aimé y changer, s'il avait pu dire ce qu'il désirait par-dessus tout et voir tout cela devenir réalité en un clin d'oeil, voilà le genre de vie qu'il aurait adopté.
Seul souci, je ne suis pas là où je devrais me trouver, et je suis irrévocablement lié à un Démon Blanc.
Il n'était pas à Karse. Ce peuple n'était pas le sien ; les dieux valdemarans n'étaient pas l'Unique. Admettons, Kantor n'est pas un Démon Blanc, c'est un Compagnon. L'étalon s'arrangeait toutefois pour demeurer invisible, car Albérich frissonnait d'instinct chaque fois qu'il apercevait inopinément l'animal. Et pourtant...
Et pourtant...
Si Kantor n'était pas le meilleur ami qu'il ait jamais connu, il n'en représentait pas moins ce qui s'en rapprochait le plus.
C'est alors que quelque chose d'extraordinaire enfla en lui. Une sensation tellement extraordinaire qu'il ne l'identifia pas immédiatement.
De la joie. Une joie pure, véritable. De tous les événements dont il avait été l'initiateur et auxquels il avait pris part, celui-ci était le seul dont il n'avait résulté que des conséquences positives, le seul qui ne lui laissait aucun regret, aucune envie de revenir en arrière pour procéder différemment.