Le titre de ce livre qu'on pourrait ranger dans la catégorie des romans picaresques fait évidemment référence à la chanson de 1940 à la gloire du maréchal Pétain, héros de l'Histoire avec un grand H pour certains, acteur malgré lui, à la fois invisible et terriblement encombrant, de l'histoire narrée par l'auteur. C'est en effet son cercueil qui, transporté incognito par des "patriotes" puis par des "gauchistes" poursuivis par les patriotes, parcourt la France sur quatre décennies, séjournant parfois longuement en plusieurs endroits plus ou moins provisoires et adaptés. Au départ, au début des années 1970, il s'agit pour les concepteurs du projet de transférer en douce le corps du maréchal de l'île d'Yeu, où il était emprisonné et où il a été enterré, à Douaumont, dernière demeure infiniment plus appropriée pour le grand soldat qu'il était. Mais l'opération capote malencontreusement, le cercueil tombant aux mains de manifestants à l'idéologie bien différente. Un autre récit prend alors le relais, en quelque sorte, celui du parcours de vie de ces militants d'extrême gauche (et de quelques-uns d'extrême droite), de ces féministes, de ces écolos qui ont vécu des luttes emblématiques : le Larzac, Malville... et qui la soixantaine sonnée ont parfois sérieusement bifurqué. Parmi eux nous suivons tout particulièrement Paul et Lena, et
Samuel L enfant de Lena que Paul a élevé sans être persuadé qu'il en était le père biologique.
Appâté par la lecture de "La balade nationale", je dois avouer que le roman de
Laclavetine m'a un peu déçu car je m'attendais à une sorte de road movie littéraire centré sur les tribulations du cercueil de Pétain qui certes prend toute la place dans les premiers chapitres et reste en arrière-plan tout au long de l'histoire, réapparaissant en pleine lumière de temps à autre, mais le récit de ces péripéties plutôt cocasses est à mon avis parasité par les biographies beaucoup plus sérieuses, voire dramatiques, hors sujet pour tout dire, constituant à elles seules la matière d'un autre livre.