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Citations sur Je suis un écrivain japonais (47)

Je savais que la littérature comptait pour du beurre dans le nouvel ordre mondial. Il n'y a que les dictateurs du Tiers-Monde qui prennent les écrivains au sérieux en les faisant régulièrement emprisonner, ou fusiller même.
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J'ai quelques noms de filles, un titre, des voix, une ville que je connais trop bien, et une que je ne connais pas. Je n'ai besoin de rien d'autre pour faire un roman.
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Je suis étonné de constater l'attention qu'on accorde à l'origine de l'écrivain. Car, pour moi, Mishima était mon voisin. Je rapatriais, sans y prendre garde, tous les écrivains que je lisais à l'époque. Tous. Flaubert, Goethe, Whitman, Shakespeare, Lope de Vega, Cervantès, Kipling, Senghor, Césaire, Roumain, Amado, Diderot, tous vivaient dans le même village que moi. Sinon que faisaient-ils dans ma chambre? Quand, des années plus tard, je suis devenu moi-même écrivain et qu'on me fit la question : «Êtes-vous un écrivain haïtien, caribéen ou francophone?» je répondis que je prenais la nationalité de mon lecteur. Ce qui veut dire que quand un Japonais me lit, je deviens immédiatement un écrivain japonais.
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Je n'ai aucune obligation de tenir des promesses que je fais à moi-même [...]
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Qu’est-ce qu’un secret?
Une chose qu’on brûle d’envie de hurler sans pouvoir le faire.

(p. 249)
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Le fantasme des hommes hétérosexuels n'a pas bougé depuis le néolithique.
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Après je m'installe dans le bain avec un bouquin de Tolstoï. Il n'y a qu'un chômeur qui vient de payer son loyer qui peut lire Guerre et Paix sans sauter les descriptions de paysages. J'ajoute aussi sur cette courte liste de lecteurs marathoniens les secrétaires de bureau qui naviguent dans les romans fleuves de Stephen Spielberg, avec un châle sur les épaules, à cause du froid glacial qui règne dans les tours de verre du centre-ville. Les gens préfèrent le régime minceur. "Pas plus de deux cents pages sinon je n'ouvre même pas le bouquin", disait dernièrement un célèbre critique littéraire à la télévision allemande. Je fais partie de ces gens qui ne regardent pas la télé, mais qui la citent sans arrêt. C'est comme avec le proverbe chinois, on peut lui faire dire n'importe quoi.
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Le téléphone, de nouveau. J’ai beau dire « Allô », aucune réponse. J’entends pourtant le souffle de la personne au bout du fil. Finalement une petite voix murmure :
– J’étais assise pas loin de vous dans le métro il y a trois jours.
– Vous dites ?
– J’étais sur la même rangée que vous, et vous lisiez Basho.
Je n’arrivais pas à faire un lien entre la voix et le visage. Je m’attendais à un accent asiatique.
– Ah oui, je me souviens…
– Là, vous me confondez avec la chinoise en face de vous que vous n’arrêtiez pas de regarder.
– Cela arrive souvent, fais-je, on regarde quelqu’un alors qu’on est regardé sans le savoir par quelqu’un d’autre.
– Elle, elle est chinoise, mais moi, je suis japonaise. C’est normal, vous étiez dans le quartier asiatique.
– Et comment faites-vous pour savoir qu’elle est chinoise ?
– Ma mère est coréenne et mon père japonais, je sais ce que c’est… Si elle n’est ni coréenne, ni japonaise, c’est qu’elle est chinoise.
Elle rit toujours.
– Et pour les rires… Y a-t-il une différence ?
– Pas tellement. Par contre, le vagin japonais est placé en diagonale et celui de la Coréenne est à l’horizontale. Je ne sais pas pour la Chinoise si ça se trouve elle est verticale. Nous sommes des filles géométriques.
Je ris.
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Basho envisage la marche comme une façon de se laver de toute la crasse de cette réalité. Le haïku n'est qu'un petit savon bon marché. J'étais encore avec Basho quand elle s'est assise en face de moi.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Rien.
- Comment rien ?
- Je termine mes frites.
- Tu lis quoi ?
- Basho.
Regard suspicieux.
- C'est qui lui ?
- Un poète japonais.
- Tu te moques de moi ?
- Non.
- T'es japonais ?
- Non.
- Tu n'es pas de la police par hasard ?
- Même pas.
- On a eu trois descentes de police ici cette semaine. C'est plus que dans toute l'histoire du Dog Café. On est dans la Zone Rouge depuis 54... Tu comprends ?
On se regarde un long moment.
- Pourquoi je serais de la police ?
- Les gens viennent ici pour manger... En dix ans, je n'ai jamais vu quelqu'un avec un livre ici, et toi tu lis un livre en japonais.
- C'est une traduction.
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On sait bien que les nègres sont paresseux. Voilà un cliché. Et quand un blanc travaille trop, il dit qu'il travaille comme un Nègre. Un arrêt. Le cliché franchit le temps et l'espace à la vitesse de l'éclair. Son arrêt provoque toujours un silence. Je regarde à la fenêtre pour voir passer trois jeunes femmes pressées.
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