Citations sur Histoire du fils (225)
André, posé au bord du lit, dans la chambre nue, s’était soudain senti très las, comme accablé d’un poids de silence et de secret qui était son lot de fils ; père inconnu et mère à double fond.
Paul racontait que la mort d’Armand avait acculé sa mère et sa tante à la religion, son frère Georges, même s’il n’avait que trois ans et demi, à la perfection, son père à l’ambition et lui à la sauvagerie. Gabrielle eût volontiers mêlé les deux derniers termes mais se taisait encore. (page 75)
On se régalait surtout de la joie contagieuse qu’ils avaient toujours eue dans cette maison, c’était une bonne maladie quand on en connaissait tant de mauvaises, et cet André, né sans père, avait eu de la chance dans son malheur. Il avait transformé l’essai…
Le langage est notre sol, notre chair. Je me représente toujours le chantier comme un creux, une ouverture du sol, et l’avancée d’un texte, sa progression, comme une marche en montagne.
Valère Novarina,
entretien sur L’Animal imaginaire,
2019. »
Sa mère n'imagine pas sa vie et devine à peine sa passion pour les femmes. Par égard pour elle, il modère ses ardeurs pendant les trois semaines de ses séjours estivaux, se bornant à renouer furtivement, et pour l'hygiène, avec une connaissance ancienne, accommodante et légère, quoiqu'un peu défraîchie, qui vit à Nice mais passe le mois d'août dans une propriété de famille au Vaysset de Condat.
Léon parle comme ça, il a ses mots à lui qu'André aime bien; ce sont des mots qui arrangent les choses, font rire , ou sourire, et consolent le monde. (p. 59)
[…] la coulée rousse de ses cheveux sucrés, [...]
Les femmes étaient interdites, du moins les jeunes filles de son milieu, gardées comme des reliquaires, bardées de mères alarmées, de tantes répulsives et de principes épineux.
Ouvrant les deux battants de la penderie, ils avaient été assaillis par l’immarcescible parfum de Gabrielle, vivace, pimpant, âcre et sucré à la fois, et par cette savante composition de couleurs.
Il se savait beau, il avait faim, il était jeune, et cette femme, qui ne l'était plus tout à fait, le voyait.