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Critique de Mimimelie


Voici une bien belle biographie de Bernard Buffet, quoi que j'ai plutôt envie de dire enquête, signée de Jean-Claude Lamy. Il raconte tout : son enfance et ses débuts modestes, sa gloire précoce, son compagnonnage avec Pierre Bergé, la Rolls et les châteaux, le tout Paris de l'époque, les fidèles et les haineux, le rejet de la critique d'art, et l'amour d'Annabel, l'égérie de Saint Germain des Prés… On en croise du monde ! Jean Giono, Cocteau, Aragon, Simenon qui l'admiraient, Jacques Chazot, Françoise Sagan, Mireille Darc, Pompidou et sa femme Claude qui ne l'aimait pas, Malraux et Picasso qui le détestaient, Salvador Dali, itou (qui ironisait « Bernard Buffet froid »), Pierre Descargues, Maurice Garnier son fidèle marchand, Yves Saint Laurent bien sûr…
Au milieu de cette foule hétéroclite et flamboyante autant qu'impressionnante (l'index des noms cités fait 14 pages) apparaît un peintre singulier, farouche et secret, pas vraiment mondain et animé d'une seule passion, la peinture à laquelle il aura consacré les ¾ de sa vie comme un sacerdoce. Vie qu'il choisira de quitter en se suicidant en 1999, par asphyxie avec un sac en plastique noir revêtu de sa signature si singulière.

Pourtant, si Bernard Buffet, qui reçut le prix de la critique à 19 ans, fut reconnu parmi les plus populaires, sinon célèbres peintres du XXe siècle, si le Japon lui consacra un musée, et la Russie deux expositions, à Moscou et Saint-Pétersbourg, il ne fut guère prophète en son pays comme dit le proverbe, et le désamour survint vite et s'installa, et jamais rien ni personne ne réussit à le sortir du purgatoire dans lequel la critique d'art et ses autorités l'avait jeté, et ni sa nomination au grade d'officier de la Légion d'Honneur et son élection à l'Académie ne lui auront été d'aucun secours. Aujourd'hui on dira qu'il était clivant.

Pas étonnant que d'aucuns subodorent que l'actuelle exposition que lui consacre actuellement le Musée d'art moderne de la ville de Paris serait une manoeuvre spéculative de collectionneurs pour remonter leur cote… Mais qu'on ne s'en laisse pas conter, et que surtout ce ne soit pas une raison pour bouder cette magnifique rétrospective d'une oeuvre parmi les plus fascinantes qui soient.

Ne la manquez pas (jusqu'au 5 mars 2017) d'autant que vous pourrez en profiter pour acheter à la boutique cette excellente et touchante biographie en forme d'hommage, de Jean-Claude Lamy, en lieu et place du catalogue de l'expo que, comme chacun sait, on abandonne aussitôt dans un coin.
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