Jean-Claude Lamy

Le vieux militant anarchiste a encore besoin d'argent. Georges Brassens, qui a les moyens de sa générosité, avancera la somme manquante.
Lecoin lui dit :
__ Je vais te signer un reçu.
Brassens lui a répondu :
__ C'est inutile. J'ai confiance en toi.
__ Oui, mais je peux mourir.
Et Brassens a rétorqué :
__ Si tu mourais, Louis, crois-tu que c'est l'argent que je regretterais ?

Pierre Béarn, ami de Pierre Mac Orlan, s'est remarié en mai 2004 avec sa muse Brigitte Egger, quelques semaines avant de fêter ses cent deux ans.

Les poètes n'ont pas d'âge quand ils écoutent le chant des sirènes.

Le sourire de Brassens est le plus beau sourire d'homme que je connaisse.
A la disparition de Brel, le 9 octobre 1978, Georges Brassens fera cette déclaration : " Je ne crois pas qu'il soit mort.
Quand on aime les gens ils meurent bien sûr, c'est à dire qu'ils s'absentent un petit peu.
Jamais personne de ceux que j'ai aimés, n'est mort.
Brel, il sera facile pour moi et pour ses amis de le faire revivre. Il n'y aura qu'à écouter ses disques.

Autrefois quand j'étais marmot
J'avais la phobie des gros mots
Et si j'pensais merde tout bas
Je ne le disais pas
Mais
Aujourd'hui que mon gagne-pain
C'est d'parler comme un turlupin
J'n'pense plus merde pardi
Mais je le dis.

(Le Pornographe 1958)

Brassens est d'une grande sagesse malgré quelques aventures douloureuses qui lui inspireront "Putain de toi" et "Une jolie fleur dans une peau de vache".
"J'ai connu toutes espèces de femmes. J'ai connu des bonnes fées et j'ai connu aussi des fées Carabosse.
Mais comme je suis plutôt d'une nature optimiste, je ne retiens des choses que le meilleur, quoi !

Un jour, tu verras
On se rencontrera,
Quelque part, n'importe où
Guidés par le hasard :
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main
Par les rues nous irons.

(chanson de Mouloudji)

Le chanteur Marcel Amont, ancien des Trois Baudets, et de La Fontaine des Quatre-Saisons, à qui Georges offrira une chanson sur mesure " Le chapeau de Mireille", a incarné l'univers de Peynet en interprétant "Les Amoureux de papier". Il se verra également offrir une soixantaine de feuillets du brouillon de la chanson "Le Vingt-Deux Septembre", l'une des plus romantiques du poète.

Un vingt-e-deux septembre au diable vous partîtes,
Et depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous ...

Jadis, ouvrant mes bras, comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous ...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne
Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Je te présente Blonde Chenille". Georges Brassens est arrivé à Victor Laville, rue Notre-Dame-des-Champs, accompagné de Joha Heiman juchée sur ses hauts talons. Presque toujours habillée de noir, ce petit bout de femme - elle mesure un mètre cinquante et un -, née à Tallinn (Estonie) préférait le sobriquet de Püppchen qui lui correspondait mieux. Mais Georges tenait à sa Chenille comme le prouve cette dédicace :
" A ma Chenille, à l'occasion de ses vingt ans ... afin qu'elle comprenne que son "incompétence artistique" ne m'empêche point de l'aimer. La véritable poésie réside dans une main qu'on serre, un sein qu'on dévore, un os ou des hanches où l'on s'accroche, une arène où l'on va combattre ".

Le Parapluie

Il pleuvait fort sur la grand-route
Ell' cheminait sans parapluie,
J'en avais un, volé sans doute,
Le matin même à un ami :
Courant alors à sa rescousse,
Je lui propose un peu d'abri,
En séchant l'eau de sa frimousse,
D'un air très doux, ell' m'a dit "oui".

(Un p'tit coin de paradis , contre un coin d' parapluie ......)

Déférence gardée envers Paul Valéry ,
Moi l'humble troubadour, sur lui je renchéris ,
Le bon maître me le pardonne ,
Et qu'au moins , si ses vers valent mieux que les miens ,
Mon cimetière soit plus marin que le sien ,
Et n'en déplaise aux autochtones .

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Ils ne savent pas ce qu'ils perdent ,
Tous ces fichus calotins ,
Sans le latin , sans le latin ,
La messe nous emmerde .

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Je suis anarchiste au point de toujours traverser dans les clous pour ne pas avoir à discuter avec la maréchaussée .

Un jour viendra , qu'on se le persuade , où le soleil se lèvera sur un monde dépourvu de gendarmes .

Ce n'est pas le gendarme que je hais , c'est ce qu'il représente . C'est la loi qui me gêne ; en réalité c'est la loi . si un jour on vivait sans lois , je serais très heureux .... on peut être gendarme et être un brave type , comme on peut être un honnête homme et être une franche crapule .

Géo Cedille ( pseudo de Brassens au " Libertaire ) : Les staliniens sont des êtres extrêmement spirituels . Et altruistes , par dessus le marché , ce qui ne gâte rien ( ceux d'entre eux qui insultent le Libertaire chaque semaine ) , ce qui confère de la valeur à leurs insultes hebdomadaires , c'est qu'ils sont anonymes . En effet , trouvant que joindre son nom à un geste généreux , c'est lui retirer d'un seul coup plus de la moitié de sa valeur , notre donateur s'abstient de signer . Quelle magnanimité !
Dans le Libertaire du 18 octobre 1946 , Géo Cedille : Aragon a-t-il cambriolé l'église de Bon-Secours ? C'est arrivé à Blaneville-Bon-Secours , aux environs de Rouen. Trouvant que les calices en or et les colliers de pierres précieuses sont inutiles à la pratique du culte de la religion de Jésus-Christ ( lequel préconisait la pauvreté ) , des inconnus ont fracturé les portes de la basilique et ont raflé les susdits objets . Des policiers amateurs s'avisent d'établir une corrélation entre ce vol et celui commis par le poète Louis Aragon , en 1927 au préjudice de l'église de Melun .... Aragon ne voudrait pour rien au monde frustrer la force capitaliste du moindre centime , et d'ailleurs , lui , quand il volait ce n'était pas dans un dessein de lucre , il volait pour voler , tout simplement . Alors qu'il n'a pas besoin de voler , pour se procurer des subsides , il lui suffit de se baisser aux pieds de ses maître . C'est facile et c'est moins dangereux .