Certains livres sont nécessaires. Pour la mémoire collective, pour la mémoire de leur auteur, pour lutter.
Par ses digressions journalistiques et personnelles,
le Lambeau nous plonge dans l'actualité de ces 40 dernières années, celle qui nous a doucement mais sûrement fait glisser vers notre nouveau monde. Une actualité vue par un journaliste, un humain, une victime.
Il nous plonge aussi dans le cerveau et les chairs de celui qui a été déchiqueté de toutes parts et qui doit se réparer et devenir une seconde version de lui-même.
Violent, beau, acerbe, résigné parfois, c'est un livre qui bouscule et qui bouleverse.
Un livre nécessaire.
"Si j'écris une phrase comme : j'ai cru un instant que nous avions des visiteurs imprévus, peut-être indésirables, voire tout à fait indésirables, je voudrais aussitôt la corriger selon une grammaire qui n'existe pas. Elle unirait toutes ces propositions et, en même temps, les éloignerait assez pour qu'elles n'appartiennent plus ni à la même phrase, ni à la même page, ni au même livre, ni au même monde. Sans doute avais-je déjà comme les autres basculé dans un univers où tout arrive sous une forme si violente que c'en est comme atténué, ralenti, la conscience n'ayant plus d'autre moyen de percevoir l'instant qui la détruit."