Citations sur Blast, tome 3 : La tête la première (43)
Jacky pensait que les choses n'ont d'autre sens que celui qu'on leur accorde. Pour tentante que soit cette hypothèse, je ne pouvais cependant y adhérer d'abord parce que c'était, pour lui, un moyen facile de s'exonérer de toute responsabilité face à ses actes ... Mon voyage à moi démontrait le contraire ... Tout a un sens, alors j'attendis.
Uniquement des portraits. Des dizaines de portraits grimaçants, douloureux, magnifiques.
J'étais parmi eux comme en famille. S'il y a une universalité de la souffrance, le cantonnier qui les a peints a su la cerner puis la révéler.
Cette prouesse ne semblait malheureusement pas lui avoir apporté le repos de l'âme...
A l’hôpital, je n’éprouvais plus la nécessité de boire. Peut-être était-ce l’effet des nombreux médicaments qui nous étaient distribués. Ils me provoquaient des sensations inhabituelles. J’étais constamment fatigué, engourdi, passif… Ça n’était pas désagréable. Grâce à eux, j’étais capable de véritables exploits ! Par exemple, il m’est arrivé de me réveiller le matin avec l’idée de ne pas bouger de la journée… Il me suffisait alors de fixer le vide et d’attendre. Rapidement, tout disparaissait. Débarrassé de tout projet, de tout dessein, je n’étais qu’un corps, qu’un tas.
Uniquement des portraits, des dizaines de portraits grimaçant, douloureux, magnifiques.
J'étais parmi eux comme en famille.
S'il y a une universalité de la souffrance, le cantonnier qui les a peints a su la cerner puis la révéler.
Cette prouesse ne semblait malheureusement pas lui avoir apporté le repos de l'âme.
J'avais cru tout quitter pour vivre mieux,
je m'étais trompé...
c'était pour mourir plus vite.
J'avais cru tout quitter pour vivre mieux, je m'étais trompé...c'était pour mourir plus vite.
Les voitures me frôlent, bourrasques assourdissantes. J’étais impatient. Etre persécuté par l’une d’elles était la fin parfaite de mon voyage. Je me souviens avoir eu une pensée amusée pour la petite famille qui, rentrant de week-end, me retrouvera soudain éparpillé sur son pare-brise ! J’aimais l’idée qu’ils se souviennent de moi toute leur vie… même si, une fois de plus, ce serait uniquement pour mon corps.
Quand j'ai entrepris mon voyage, j'étais poussé par l'urgence, ça n'est que plus tard que l'évidence m'a sauté aux yeux... Ce genre de vacances n'appelle aucun retour. J'étais bel et bien parti pour mourir moi aussi... Père, frère, comme eux. Peut-être d'une façon plus exubérante, poétique, mais finalement tout aussi sordide.
- OH POLZA ! Écoute-moi !! Après nous, tu vas t’effacer… Le tribunal, la prison… La justice est une machine plus grosse que toi ! Et qui ne s’embarrasse pas des singularités… Nous deux, on n’est pas comme eux : on t’a couru après ! Ça a duré des mois. On t’a étudié, pisté, cerné, imaginé… On a même fini par t’attraper ! C’est dire si tu nous intéresses !… Mais on est les derniers Polza… On est les derniers à nous intéresser à toi au-delà de ce que tu as fait. Si tu ne nous dis rien ici et maintenant, tu disparaîtra avec ton histoire.
Elle avait cette bonhomie exaspérante de ceux qui pensent par tradition familiale ou faiblesse d'esprit que la vie est simple pour peu qu'on sache la prendre du bon côté.