Vers quoi me tournerai-je lorsqu’il ne restera rien que je n’aie déjà tenté en pure perte ?
Après la pesante promiscuité de l'hôpital, je retrouvai avec soulagement la solitude, le calme, la patience ...
Mes pulsions morbides se mirent naturellement en sommeil, comme pour me laisser profiter pleinement de l'été.
J'étais comme au musée. Je retrouvais au détour de quelques champs, les couleurs inextricablement entremêlées de Bonnard, les vibrations lumineuses de Monet.
Les couleurs s'intensifiaient, se répondaient, au gré de la lumière.
Le monde vibrait à l'unisson, comme un orchestre savamment dirigé. La chaleur enveloppait le tout, anesthésiante.
Quant à moi, je regardais ... Je n'avais plus rien à dire, à réfléchir, je me contentais de suivre paresseusement le flot du monde en marche.
L'été, plus rien ne me retient.
Je passais l'essentiel de la morte saison à marcher.
Exercice à moi très pénible et dont je me serais volontiers passé ...
... s'il ne m'avait permis de connaître des moments uniques de contemplation que d'autres attendront en vain toute une vie.
- Moi c’est Vladimir… lui, c’est mon frère Ilitch… C’est nos prénoms qui te font marrer ? Tu vois où ça mène d’avoir des parents communistes !
- Tu sais qu’est-ce que c’est qu’une tomate avec une cape ? Non ? C’est Super-Tomate !
- Je suis schizophrène, tu sais. C’est une maladie mentale… Mais c’est une vraie maladie, hein !… C’est une peu comme être fou...
- C’est bon, tu peux lâcher ton arme de destruction massive, maintenant ! On n’est pas venu annexer ta Pologne !
- Moi je crois pas que t’es si fou…
- Merci ! C’est gentil !
- Pas forcément...
Il faut absolument que les adolescents d’aujourd’hui sachent qu’avant la révolution hygiéniste, les femmes avaient des poils, et qu’elles n’en étaient que plus belles...
Le bon Docteur Schneider était un fervent défenseur de l’art-thérapie. Il nous cassait les pieds chaque semaine, à heure fixe, à nous faire « prendre contact avec notre vie intérieure de manière non verbale pour en faire jaillir des images analysables. » Je dois avouer qu’à nous voir nous affairer comme des gamins de maternelle autour d’une boîte de feutres, il m’était difficile de ne pas rire !