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Citations sur Le livre que je ne voulais pas écrire (37)

Tu pénètres dans la salle. Sensations familières, plénitude immédiate : un concert de rock. Tu ne les comptes plus mais à chaque fois le même enchantement, la même excitation, allez, vas-y, tu peux bien avouer maintenant que si tu devais avoir un regret, ce serait de ne pas être devenu une rock star.
Tu souris.
À partir de là, ce n’est plus ton histoire. Plus seulement ton histoire.
À partir de là, ce n’est plus seulement ton histoire, c’est aussi la nôtre.
À partir de là, guerre, chaos, gros titres racoleurs et alarmistes – on veut tout savoir, racontez-nous, n’omettez aucun détail.
À partir de là, récupération politique. Mentons volontaires, regards noirs face caméra, déclarations martiales. On va voir ce qu’on va voir. Choisissez votre camp. Aux armes, citoyens !
À partir de là, génération ceci et cela, des philosophes internationalistes redeviennent français, d’autres retrouvent la foi, ou la voix, « Je vous l’avais bien dit », on occupe des créneaux, on pense en double file, sans les warnings.
À partir de là, un avant et un après.
À partir de là, j’omets, je falsifie, je mens peut-être, les pronoms n’ont plus rien de personnel. Il faudra vous y faire.
À partir de la commence une histoire que je ne voulais pas raconter.
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p. 31 sous tes airs assurés et rodomonts, tu n’as ni le sens de l’à-propos ni celui de la répartie. Ecrire des romans te permets d’esquiver ces handicaps
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"Tu leur en veux aux terroristes?" te demande ta cousine de vingt ans. Non. Tu en veux à Julia qui t'a trahi autrefois; tu en veux à François Hollande qui a menti à ses électeurs, tu en veux à la société, à l'organisation du monde, l'oppression économique, à la misère intellectuelle - mais pas plus qu'avant. Tu n'en veux à personne pour cette balle dévirilisante. Tu ne sais pas qui sont tes assaillants. Tu ne connais pas leurs noms. Ils n'existent pas. Parce que si ça n'avait pas été eux , c'aurait été d'autres. Et d'autres viendront, mêmement l'incarnation de notre échec à vivre ensemble, rebuts des simulacres de l'hédonisme consumériste. D'autres viendront affamés orphelins débiles et narcissiques d'un monde sans repères où chacun est à soi-même sa propre loi, où une pub TV s'appelle une respiration, rejetons déjetés d'inégalités toujours plus prononcées. D'autres viendront, ils sont déjà là, hors champs, figurants ou silhouettes coupés au montage, gavés d'injustices à en devenir obèses - on préfère détourner la tête, si on ne les voit........ils n'existent pas. (p225)
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- Et la tête, ça va ?
- La tête ? C'est au cul que j'ai été touché.
(Yeux au ciel.)
- Oui, je sais, mais... tu y repenses ? Tu fais des cauchemars ? Tu as des angoisses ?
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Les HURLEMENTS.
Pas stylisés, pas tarantinesques.
Le sang poisse vraiment.
La mort sent vraiment.
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Un héros aurait surmonté le ridicule de la situation et, malgré la douleur, se serait redressé pour, d’une voix rauque altérée par une souffrance maîtrisée, « envoyer ces enfants de salauds en enfer ! » Super Lavette gît dans son sang et celui de ses voisins, ne peut pas bouger, feint d’être mort. Super Lavette ne cache personne, ne protège personne, n’aide personne à s’enfuir. Super Lavette ne panse aucun blessé, ne comprime aucune artère, ne cautérise aucune plaie. Super Lavette n’est pas habitué au vacarme effrayant des armes de guerre.
Au VACARME EFFRAYANT d’une rafale de kalachnikov.
La guerre. Chez nous. Pas les images dans les écrans, pas ce que ton cerveau a reconstitué entre les lignes du Sang noir, du Voyage au bout de la nuit ou des Bienveillantes. Pas la compassion fugace entre une clope et un coup de fil après avoir entendu à la radio que les combats font rage ici ou là. Dans notre calme démocratico-républicain, dans notre ouate de privilégiés : la barbarie, la peur et les hurlements.
Les HURLEMENTS.
Pas stylisés, pas tarantinesques.
Le sang poisse vraiment.
La mort sent vraiment.
Les détonations pas en Dolby Surround® déchiquètent projets d’avenir et bien-pensance.
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Est-ce un impératif, que « ça sorte » ? Peut-être n’y a-t-il rien à l’intérieur, rien à sortir. Tu peux écrire cette histoire comme une dramatique ; tu as la technique pour le faire. Il te serait facile de verser dans la tragédie, de laisser les mots s’enfler de larmes. Tu ne le feras pas. Tu prémédites de rédiger au pathos un chapitre pastiche, faisant fi de toute pudeur, foin de retenue, pleurs dans les chaumières, pour t’amuser et amuser le lecteur, lui montrer à quoi il a échappé. Tu ne le feras pas.
Un objet littéraire, la bonne blague !
Point positif, te dis-tu quand tu désespères, écrire autour du Bataclan t’oblige à sortir de tes ornières littéraires. Pour t’extraire de toi, désorienter tes questions, leurrer tes doutes, tu as demandé à d’autres de te donner un texte. Quelques très proches et moins proches. Regards extérieurs. Points de vue autres que le tien. Beaucoup ont accepté.
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le corps ne se retape pas sans amour ; il faut lui donner une raison de lutter. Tu bénis ton naturel jovial, qui te fait non pas prendre mais recevoir l'épreuve à la légère. Il existe un mot en occitan : lou ravi
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Elle secoue la tête puis reprend, comme si elle avait eu une illumination :
- Est-ce que vous voulez bien qu’on essaie quelque chose ?
- D’accord.
- Mettez-vous dans la position dans laquelle vous étiez quand la balle est entrée.
- En chien de fusil ?
- Oui.
Elle place alors une main sur la cheville droite et une sur la fesse gauche de l’Ecrivain. Qui commence à haleter, à frémir. Les doigts posés sur la cicatrice d’entrée du projectile lui brûlent la peau ; la brûlure s’enfonce dans la chair. Il vibre de l’intérieur tandis que dévalent de longs sanglots. Sa fesse gauche n’est que lave incandescente. De longues minutes durant, il trépide, il pleure, il se consume. Puis tout se calme. S’apaise. Il a l’impression physique d’avoir retrouvé une fesse normale. Anne-Cécile semble aussi troublée que lui. Elle bafouille un peu en lui expliquant que…
- … votre corps n’avait pas compris que la balle était ressortie. Alors je l’ai retirée. Enfin…je n’ai pas terminé, je finirai lors de la prochaine séance ».
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Un pion qui ôte la vie à d'autres pions pendant que rois et reines de chaque côté de l’échiquier dorment en sécurité à l'abri de leurs tours (p89).
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