Raphaél Larrère a écrit ce passionnant ouvrage en 1985.
Il décrit avec le talent d'un ethnologue écologiste le monde des cueilleurs de Montagne, monde qui s'est développé dans un système agropastoral finissant.
Il analyse avec finesse grâce aux contacts qu'il a su nouer avec les habitants la sociabilité des hautes-terres. La cueillette était réservée autrefois aux plus pauvres. Elle est devenue un complément de revenus pour les petits paysans mais aussi d'autres professions ayant du temps de libre quand ce ne ne sont pas des équipes qui viennent razzier la montagne.
Il explique en détail la nature des cueillettes (myrtilles, lichens mais surtout champignons), il décode le réseau de collecte des coquetiers au départ puis des leveurs et des expéditeurs, il révèle la stratégie d'approvisionnement des transformateurs qui s'approvisionnent à l'Est de l'Europe désormais pour disposer d'apports réguliers à un moindre coût. Il analyse avec justesse le sentiment d'appartenance et de territoire des habitants qui n'hésitent pas à refouler les "étrangers à la commune".
Cette analyse vaut avec quelques ajustement pour la Margeride, théâtre principal des enquêtes mais aussi pour le Plateau de Millevaches voire le Périgord pour les champignons.
Il serait intéressant de disposer d'une analyse comparable aujourd'hui où les petits paysans ont quasiment disparu, où la forêt replantée s'est étendue partout "fermant" les paysages.
Comme toutes les éditions de la manufacture la qualité est au rendez-vous.