Les dernières lueurs du jour disparurent. Le ciel était bleu pigeon. La lune apparut entre les nuages. Des gouttes d'humidité tremblaient sur les branches. Des taches de neige luisaient comme des miroirs dans les creux du terrain.
L'objet de sa visite est comme une troisième personne silencieuse assise entre eux.
Et pendant ce temps, la perdrix des neiges court en éclatant de son rire lugubre, la chouette naine et l'épervière boréale hululent, le renard des montagnes pleure comme un enfant, guettant les campagnols sous la croûte de glace.
Les branches des bouleaux s'inclinent sous leur charge immaculée et scintillante, formant une voûte de château de conte de fées. La lumière est éblouissante et Elina a du mal à garder les yeux ouverts. Est-ce ainsi que vient la cécité des neiges?
- Je ne vais pas pouvoir, s'excusa Rebecka, mon petit ami vient me voir ce week-end.
Et le pire, malheureusement, c'est qu'il risque de le faire, songea-t-elle.
Il ne la quitte pas des yeux un seul instant, ils font l'amour en se regardant. Ils s'aiment et il n'y a rien d'autre à dire.
Un froid automnal mordant s'installe sur la montagne. Les feuilles des bouleaux nains dansent dans la lumière comme des pièces d'or et les tourbières se teintent de rouge.
"il faut prendre soin de l'amour, vous savez?
Tout à coup on s'aperçoit qu'on a aimé pour la dernière fois de sa vie.
Tout le reste n'est que du vent."
" Tant de sentiments l'animent en ce moment.
Tant de voix dans sa tête.
c'est juste de la fatigue, songe-t-elle, lorsque soudain elle sent une boule dans sa gorge et les larmes lui monter aux yeux.
Les voix. Celles des femmes de la ville ou elle a grandi quu disent à sa mère que toute cette lecture va la rendre folle. Que c'est mauvais pour elle...."
Le vent se couche, épuisé, et s'endort. La ville repose, blanche et immobile. La lune s'élève, jaune, immense.