Citations sur En sacrifice à Moloch (79)
On est le 15 avril 1914. Elina Pettersson, institutrice de son état, est assise dans le train qui l'emmène de Stockholm jusqu'à la lointaine ville de Kiruna. Selon sa fiche horaire, le voyage est censé durer trente six heures et vingt cinq minutes, .....
Il faut prendre soin de l'amour, vous savez ? Tout à coup, on s'aperçoit qu'on a aimé pour la dernière fois de sa vie.
Tout le reste n'est que du vent.
La honte la pince partout de ses doigts de mégère. Ce sont les bonnes femmes de son ancienne vie qui la pincent. Qui tirent sur son joli corsage avec leurs doigts crochus. Qui chuchotent entre elles au-dessus du cercueil de sa mère qu'Elina l'a laissée se tuer à la tâche pour lui permettre de "faire des études". Ces femmes de son passé qui parlaient des filles qui sont devenues folles à force de lire des livres et ont fini à l'hôpital psychiatrique.
La misère est un animal tapi dans les bois autour de la compagnie minière, prêt à dévorer celui ou celle qui perd un bras, un mari, sa vertu.
La vertu. Evidemment, c'est de cela qu'il s'agit.
Dehors, l'obscurité avait cette profondeur qu'elle réserve à la fin de l'automne, peu avant l'arrivée des premières neiges. Ce noir qui absorbait la pâle lueur de la lune et les lumières électriques des maisons du village où les gens continuaient de vivre leur vie, comme si de rien n'était.
Le chiot galopait comme un troll à qui on aurait mis de la moutarde dans le cul [...].
En quelques décennies (nous sommes en 1914), la Suède est parvenue à s'extraire de la pauvreté. Il y a très peu de temps que la vaccination, la paix et la pomme de terre ont permis à la population de s'accroître. Le pays vit une véritable explosion démographique. Tous ces pauvres gens. Il n'y avait pas de place pour eux au siècle dernier. Les villes étaient encore trop petites. La population émigrait hors de Suède.
Krister posa sa joue sur les cheveux de Marcus.
N'aie pas peur, petit chien perdu, je suis là, songeait-il. Je vais veiller sur toi.
"Tu es très fort ! Tu peux me porter, chuchota Marcus tout près de son oreille. Et les chasseurs ne me verront pas.
- Non, les chasseurs ne verront rien du tout."
Krister sentit ses yeux s'embuer.
Oser venir ici ! crache Flisan. Après toutes ces années !"...
Elle reprend son souffle. Elle va enfin pouvoir lui dire sa façon de penser...
"Figurez-vous que je pensais à vous aujourd'hui. Dans son sermon, le pasteur a parlé de Moloch, la fausse divinité à qui on sacrifiait des petits enfants pour obtenir des richesses. J'étais là, sur le banc à me dire que je connaissais une personne comme ça. Vous !"
Elle avait tellement d'affection pour ce vieil homme...
J'aurais pu le toucher comme ma grand-mère me touchait, se dit-elle. Une petite tape sur l'épaule ou une caresse sur le bras quand elle passait à côté d'elle dans la cuisine. Quand elle l'aidait à remonter la fermeture éclair de son anorak, ou à enfiler ses gants. Quand elle brossait la neige de ses vêtements sur le perron avant de la laisser entrer.