il y a des hommes qui sont toujours comme enveloppés d’un nuage, et qui, littéralement, ont des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre. La vision interne leur cache la vision externe ; le tourbillon des réalités passe autour d’eux, sans pouvoir les distraire du rêve. Mais si leur conscience, enfermée en son centre obscur, ne laisse rien arriver jusqu’à soi, la sensation ne reste pas moins maîtresse des dehors, des centres nerveux secondaires qui en sont comme des ouvrages avancés.
La pauvreté, l’obscurité, la' souffrance physique, ne sont point les plus grands des maux, pour les nations non plus que pour les individus. La vraie honte, c’est d’être infidèle à soi-même, de ne point tenir sa conduite au niveau de son idéal; le vrai malheur, c’est l’obscurcissement graduel des lumières de la vie cachée, la paralysie delà conscience, l’aveuglement de la raison, la mort de l’âme.
La curiosité philosophique souffre de la désolante ignorance des sciences expérimentales; elle a pour tant, ce semble, quelque profit à tirer de leurs observations incomplètes. Avant de franchir le vestibule de la pensée, elle doit visiter les centres nerveux secondaires rangés symétriquement sur l’axe du corps ou semés en désordre parmi les organes les-plus essentiels de la vie.