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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les avis Babelio sur ce roman sont tous extrêmement élogieux et c'est amplement mérité tant ce roman a du souffle, du coffre, de la chair et du coeur. Rivages de la colère, c'est une histoire d'exil et de révolte, c'est une quête de justice d'une romancière engagée qui conçoit la littérature comme un puissant porte-voix permettant de dénoncer, informer et sensibiliser sur un drame méconnu de la décolonisation.

En 1968, l'accès à l'indépendance est jour de fête pour l'Île Maurice, le début du désastre pour les populations des Chagos. Cet archipel, situé au Sud des Maldives, en plein coeur de l'océan Indien, dépendait jusque là de Maurice qui lui-même dépendait du Royaume-Uni. Sauf que, suite à un accord secret entre les indépendantistes mauriciens et le gouvernement Wilson, les Chagos reste dans l'escarcelle britannique, excisés du territoire mauricien contre compensation financière, sacrifiés sur l'autel de la guerre froide pour être loué aux Etats-Unis qui y installent une base militaire sur l'île principale de Diego Garcia. Les Chagossiens doivent quitter leurs terres pour faire place nette. Sauf qu'ils n'ont pas été consultés, qu'ils ont été expulsés sans préavis ni indemnisation, avec des restrictions de médicaments et nourriture, tous les chiens de l'île gazés. Près de 2000 personnes sont ainsi déportés, livrés à eux-mêmes dans les bidonvilles de Maurice, abandonnés. Tragédie tristement universelle de la pauvreté, du racisme et de l'ignorance.
Ce récit d'un peuple analphabète, pauvre, descendant des esclaves malgaches installés aux Chagos pour travailler dans des plantations de coco, écrasé par l'Histoire est d'autant plus terrible qu'il est vrai. Caroline Laurent, elle-même originaire de Maurice, s'est longuement documentée mais jamais on ne sent le poids de ses recherches. Elle choisit la baguette magique de la fiction et de sa puissance d'incarnation pour entraîner le lecteur dans une autre vie que la sienne et faire naître empathie, indignation et stupéfaction.

Pour cela, il faut des personnages forts aux voix qui portent. La construction, habile, alterne deux arcs narratifs distincts mais fortement reliés. Un premier raconte le parcours de Marie-Pierre Ladouceur et de sa famille à partir de 1967. le deuxième fait passer la narration à son fils Joséphin dans les années 2000.

Marie-Pierre Ladouceur fait partie des superbes héroïnes, presque trop parfaite mais inoubliable. Chagossienne, femme du peuple, noire, ouvrière dans le coprah, n'ayant jamais tenu un livre, un enfant dont le père pourrait être deux hommes, qui tombe éperdument amoureuse de Gabriel Neymorin qui appartient à l'élite créole mauricienne. L'histoire d'amour, déjà compliquée au départ du fait des origines sociales de chacun, est évident secouée dans les affres de la déportation. Péripéties attendues mais efficaces. C'est en tout cas Marie-Pierre qui va sonner l'heure de la révolte, se muant en activiste prête à tout pour retrouver son île, manifestations, grèves de la faim, heurts avec la police s'en suivent.

Le deuxième arc narratif est une histoire de transmission. Joséphin prend le relais dans une tache à la Sisyphe lorsque les Chagossiens entament un marathon judiciaire revendiquant le droit de retourner dans leurs îles, les Chagos étant inaccessibles, totalement verrouillées pour les civils depuis 1968. Ce personnage est inspiré de la lutte d'Olivier Bacoult, président du Groupe Réfugiés Chagos. Sa voix scande le récit pour interpeller directement le lecteur. Ainsi, en 2019, la CIJ ( Cour internationale de justice, plus haute juridiction des Nations-Unies ) reconnaît l'illégalité de la séparation des Chagos de Maurice, résolution à titre consultative invitant le Royaume-Uni à mettre fin à son administration des Chagos, aussitôt déboutée par la Cour suprême britannique.

le bras de fer David contre Goliath est toujours en cours. Caroline Laurent lui donne une visibilité extraordinaire grâce à ce récit poignant et douloureux qui donne dignité à un peuple bafoué chassé de chez lui comme il y en a trop aujourd'hui.

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En 1967, les Mauriciens sont appelés aux urnes pour décider de leur indépendance après 157 ans de présence coloniale britannique. Mais si l'archipel des Chagos dépend de Maurice, il ne va pas bénéficier du même sort. L'indépendance de Maurice étant conditionnée au « détachement » de l'archipel des Chagos, les Chagos vont rester aux mains des Anglais. Dont Diego Garcia, que les Anglais ont loué aux Américains pour cinquante ans reconductibles. le but étant d'en faire une base militaire, qui plus est, vierge de tout habitants autochtones.

Le jour où Les îlois de Diego Garcia l'apprennent, ils ont une heure pour faire leurs bagages. Rassembler le peu de choses qu'ils peuvent porter (leurs chiens seront gazés avant même qu'ils aient quitté leur île). Parmi eux, Marie, une basse-classe, une fille-mère chagossienne tombée amoureuse de Gabriel, un créole mauricien bon teint qui travaille pour le gouverneur. Marie et sa famille qui, malgré cet amour, comme beaucoup de Chagossiens, vont se retrouver après une traversée éprouvante exilés à Maurice, livrés à eux-mêmes, sans espoir de retour.

Partant d'une histoire d'amour impossible, Caroline Laurent nous plonge dans le drame historique des Chagossiens — vendus aux Anglais par le gouvernement mauricien. Un drame qui dure encore. En 2000, la Haute Cour de Londres a reconnu le dépeuplement des Chagos « illégal », accordant (en théorie du moins) aux Chagossiens le droit de retrouver leurs îles sauf Diego Garcia. Droit auquel, en 2004, deux décrets de la Reine Elisabeth ont mis un terme. Par la suite des procès ont eu lieu qui leur ont donné raison, mais comme les îlois n'ont pas encore retrouvé leurs terres, ils continuent à se battre. Nul doute que dans leur juste lutte ils peuvent compter sur le beau talent de Caroline Laurent pour porter leur parole.

Caroline qui raconte que ce magnifique roman a eu pour origine une histoire que lui racontait sa mère. Celle de sa famille qui a fait partie des derniers visiteurs libres des Chagos, alors qu'ils allaient aux Seychelles où son grand-père venait d'être nommé.
« C'est une histoire que me racontait ma mère. Pas un conte pour enfants, non, une histoire vraie, qu'elle grattait de temps en temps comme une vilaine plaie. Une tragédie insulaire. Les mères connaissent les berceuses et les sortilèges. Parfois aussi, d'une lumière dans le regard, d'une fêlure dans la voix, elles se trahissent. L'enfant devine un secret. ... ce secret c'est celui d'une souffrance. D'un arrachement. Une fille ne laisse pas sa mère souffrir. Alors, elle écrit. »
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Je ne connaissais pas du tout les îles Chagos et l'histoire de cette population.
Un récit effroyable, dure, indigne.

Une population pauvre et mal traité qui en une heure de temps fût exclu, embarqué de force et exilé sur une autre île, sans rien. Perdant leurs vies, et leurs dignités.

J'ai apprécié l'histoire de Marie, de Gabriel et de Joséphin… Une belle histoire de courage, d'amour et de combat.

Un roman à lire pour « encore » découvrir l'injustice faites aux plus faible.

Bonne lecture !

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Un très beau roman et un roman également très important sur un conflit diplomatique larvé (un scandale devrais-je dire) qui dure depuis trop longtemps, celui des îles Chagos. Une lecture touchante et qui reste longtemps en soi une fois la dernière page tournée.
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Marie-Pierre Ladouceur dit Marie-gros-pieds vit sur l'île de Diego Garcia, dans l'océan Indien. Elle est jolie, très jolie même, libre, épousant la vague et le vent elle va d'un amant à un autre.
« Les hommes ne sont pas des pères, presque pas des maris, au mieux des souvenirs, au pire des regrets. Elle fait aller sans hommes. »

Quand Gabriel débarque pour prendre son poste de secrétaire de l'administrateur il est évident pour Marie que ce jeune homme est beau. de l'union d'un maître et d'une esclave, il n'était jamais rien sorti de bon. Lorsque l'île Maurice accède à l'indépendance en 1967, le destin de ses habitants, ainsi que celui de Marie-Pierre et Gabriel, va être bouleversé.

Dans ce récit romanesque au souffle puissant, Caroline Laurent nous dévoile un pan méconnu de la décolonisation dans l'océan Indien. C'est tout d'abord une formidable histoire d'amour, portée par une écriture sensuelle.

Caroline Laurent nous fait partager la culture, la cuisine, les rites, les joies et les peines des habitants de ce collier d'îlots au sable blanc, à l'eau transparente et pure. Un peuple, dont les ancêtres étaient des esclaves, des nègres, menant une vie paisible, à leur rythme, en harmonie avec la nature, loin de toute considération économique.

Caroline Laurent sait trouver les mots justes pour nous décrire la souffrance d'un déracinement, d'un arrachement. Ces hommes et ces femmes devenus apatrides, elle nous raconte la perte de leurs emplois, de leur dignité, de leur identité, de leur bonheur tout simplement. Leur nouvelle vie dans un bidonville, entassés comme des fils de rien, la saleté, l'inactivité et l'alcool et les cyclones qui détruisent tout.

C'est aussi l'histoire d'une lutte pour faire reconnaître par les instances internationales leur déplacement abusif et leur droit de retourner vivre dans leur île. le pot de terre contre le pot de fer. C'est la voix de Joséphin le fils de Marie et Gabriel qui nous raconte ce combat.

Un portrait d'une femme attachante, simple, mais fière, une combattante qui va aller jusqu'à mettre en péril sa vie pour redonner l'honneur à son peuple. Une histoire vraie, romancée bien entendu où se mêlent les intérêts politiques et financiers, les trahisons, mais qui nous interpelle sur la souffrance de tous ces peuples opprimés par la colonisation.
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Je poste enfin mon commentaire sur le roman de Caroline Laurent avant de lire les nombreuses autres critiques.
Ce livre prêtée par une amie durant le confinement de mars 2020 m'attendait patiemment car je n'aime pas me précipiter sur les nouveautés comme une affamée qui n'a rien à lire. Je préfère passer la vague des médias.
Dans "Rivage de la colère" l'auteure développe le thème de l'exil et de la spoliation pour nous sensibiliser à la cause des Chagossiens, habitants des îles Chagos dans l'océan indien.
Lorsqu'en 1967 l'île Maurice obtient son indépendance, elle s'engage à laisser aux mains des Britanniques cette colonie.
L'une d'elles Diego Garcia deviendra une base militaire américaine stratégique. Mais avant que les B 52 ne s'installent , le malheur va frapper les îlois ignorants les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni.
A travers une romance entre un couple socialement différent nous découvrons le sort de vies humaines qui n'ont aucune prise sur leurs vies.
De l'île paradisiaque où ils vivaient ils vont se retrouver à Port Louis dans des bidonvilles travaillant dans la canne à sucre pour une misère. Expulsés indignement de leur terre, et dans des conditions déplorables, la vie de Marie aux pieds nus va basculer entraînant la mort de sa fille Suzanne. Elle travaillera comme nénène chez la soeur de son amour Gabriel dont elle croit être abandonnée.
La rage va s'emparer d'elle en se sachant manipulée par le gouvernement et Gabriel. Désormais son espoir de retour s'exerce par un combat que son fils Joséphin va poursuivre en menant des procés.
Ce déchirement que souligne Caroline Laurent est toujours d'actualité car les Chagossiens n'ont toujours pas retrouvé leurs racines.
50 ans après le combat continue car" chaque procès gagné par les Chagossiens a été renversé ensuite par la justice britannique".
Ce roman émouvant et aux personnages attachants souligne les dérives de la décolonisation que tant de gens ont subis.
En tant qu'exilée moi-même je m'interroge.
Après tant d'années de luttes, je ne suis pas sûr que les descendants souhaitent vivre dans une île défigurée par l'asphalte et où ils n'ont jamais mis les pieds.
Cette lutte est donc un combat pour la mémoire de ceux qui ont été simplement ignorés et maltraités.
Souhaitons qu'enfin leur cause soit entendue et que les Britanniques acceptent leurs erreurs.
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Deux narrateurs vont alterner pour raconter l'histoire incroyable des îles Chagos, petit archipel rattaché à l'île Maurice. Dans les chapitres non datés, Joséphin parle à sa mère « absente ». Il se rend à la Cour internationale de justice de la Haye. Les chapitres datés et les réflexions à la première personne vont nous faire découvrir pourquoi. L'histoire commence en mars 1967 et, bien que le roman se termine en 2019, bien qu'un jugement ait été rendu le 22 mai 2019, elle n'est pas encore terminée. Dans Rivage de la colère, Caroline Laurent nous explique comment l'Angleterre et les États-Unis, sans doute avec la complicité de quelques dirigeants de l'île Maurice, ont par divers moyens (et une certaine progression dans l'ignominie) vidé les Chagos de leurs habitants. Leur but : installer une base militaire américaine qui leur facilitera grandement la tâche dans l'océan Indien.
***
L'autrice met en scène Marie-Pierre Ladouceur, une Chagossienne noire originaire de l'île de Diego Garcia, et Gabriel Neymorin, métis mauricien, dans une histoire d'amour contrariée par leur statut social, leur couleur de peau (c'est lié) et l'Histoire qui vient briser leurs rêves en les séparant prématurément. Pour moi, le principal intérêt du roman est historique : je ne connaissais rien de cette histoire affreuse de déportation de toute une population entre 1968 et 1973, et Caroline Laurent organise son intrigue pour que le lecteur en suive les différentes étapes et qu'il voie les Chagossiens livrés à eux-mêmes sombrer dans le plus grand dénuement après leur arrivée à Maurice. Un article de RFI fait le point sur la situation actuelle qui, malgré l'arrêt de la cour en 2019, ne semble pas évoluer : https://www.rfi.fr/fr/europe/20200807-chagos-%C3%AEles-sacrifi%C3%A9es-autel-accord-strat%C3%A9gique-maurice-royaume-uni. Un roman instructif qui fait vivre une tranche d'histoire méconnue.
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Ce livre a le mérite de nous faire découvrir une partie méconnue de l'Histoire contemporaine, un véritable drame humain, scandale humanitaire.
L'auteure, franco mauricienne décrit l'exil forcé des habitants de l'archipel des Chagos en mars 1968, lors de l'accession à l'indépendance de Maurice (accordée par les Britanniques).
Les 2000 chagossiens seront purement « déplacés » par cargo (sans autre choix) vers Maurice et les Seychelles par les Britanniques pour le compte des Américains.
La plus grande des îles de l'archipel des Chagos, Diego Garcia,
devient en 1966, une base militaire conjointe britannique et américaine stratégique et d'importance, au détriment des habitants. Londres avait donc décidé de séparer cet archipel de la colonie qu'il formait avec l'île Maurice.
Les chagossiens, groupe créole également appelés «ilois », dont les ancêtres viennent de Madagascar, du Mozambique, d'Inde et de France sont désormais déracinés, sans ressources, condamnés à survivre dans des bidonvilles.
Ils sont empêchés de façon irréversible de retourner dans leur archipel.

Le 22 mai 2019, l'assemblée générale des Nations Unies adopte une Résolution «  non contraignante » commandant à la Grande Bretagne de restituer les Chagos à Maurice dans les 6 mois... L'archipel sera même mentionné comme territoire mauricien sur la nouvelle carte de L'ONU...
Décision symbolique car non suivie d'effets...
Pour info, Londres a décidé, en 2016, de reconduire pour vingt ans (jusqu'en 2036) le prêt de l'île Diego Garcia aux États-Unis ...
Merci beaucoup à l'auteure de m'avoir fait prendre conscience de cette partie de l'Histoire.
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Voici l'histoire d'un déracinement et d'un paradis perdu.

Ceux du peuple d'un petit archipel de l'Océan Indien vidé de ses habitants pour que s'y installe une base militaire anglo-américaine.
Quand l'Île Maurice accéda à son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1967, les îles Chagos furent sacrifiées, vendues aux anglais par le nouveau gouvernement. Les stratégies politiques internationales les vidèrent manu militari de leur population souvent analphabète, au mépris de toute humanité, abandonnant des familles dans les bidonvilles de Maurice, sans aucune contrepartie.

Une rapide recherche sur internet fait apparaître le combat de 50 ans pour les déplacés revendiquant leur appartenance au sol et leur légitime reconnaissance de sinistrés pour raisons d'Etat. Fin de non-recevoir pour l'instant, en dépit du soutien de L'ONU.

Rien de mieux qu'une fiction romanesque pour évoquer cette page méconnue de la décolonisation.
Avec des personnages attachants, une solide documentation et un sens aigu de la dramaturgie page après page, Caroline Laurent partage l'histoire d'une injustice, avec la légitimité de ses propres racines familiales. Un excellent livre porté par l'amour, la fidélité et la persévérance, où s'évoquent l'exil et la révolte.

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Dès la première page, j'ai été transportée sur les ilots paradisiaques de l'Archipel des Chagos. Fermez les yeux et imaginez une plage immaculée bordée de cocotiers, un beau lagon aux eaux turquoise et transparentes.
Là, résident, quelques familles, descendant des esclaves déportés de Madagascar, vivant paisiblement et dignement, en accord avec la nature, de la pêche et de la culture du coprah issu de la noix de coco.
*
Préservé de la civilisation moderne, ce bel endroit aux allures de carte postale va être le théâtre d'un drame.
Nous sommes en 1967, la vie des Chagossiens est rythmée par la vie à la plantation et l'arrivée de bateaux de ravitaillement apportant des denrées de première nécessité et parfois quelques visiteurs. Ils ne s'inquiètent pas des envies d'autonomie de Maurice, et ne se préoccupent pas non plus des manoeuvres politiques, de la corruption et sont loin de se douter que leur destin est en train de jouer et virer au cauchemar.
*
Le 7 août 1967, l'île Maurice devient indépendante par referendum, après 157 ans de colonialisme britannique. Mais l'indépendance est conditionnée au détachement de l'archipel des Chagos. Ces petites îles restent donc propriété du Royaume-Unis qui vont louer le territoire des Chagos, vierge de tout habitant, pour une période de cinquante ans renouvelable aux Etats-Unis qui veulent y implanter une base militaire !
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En 1971, par une magnifique journée, les Chagossiens, sans aucune explication, sous la menace armée de soldats anglais, vont être sauvagement arrachés à leurs terres, leur maison, leur identité, leur culture, leurs chers disparus.

Caroline Laurent retrace cet épisode méconnu de la décolonisation à travers l'histoire tragique et émouvante d'une famille chagossienne dominée par la personnalité de Marie, une jeune femme rebelle et attachante. Chaque tête de chapitre s'ouvre sur une date et des moments heureux ou plus sombres de sa vie. C'est un roman féministe qui laisse la place à des destins de femmes fortes.
*
Comme Marie, j'ai ressenti tout au long du roman la peur, l'incompréhension, l'injustice, la colère. Comment ne pas être révoltée lorsque les îlois, hommes, femmes, enfants, seront jetés dans les cales d'un navire, comme au XIXème siècle lorsque les esclaves noirs étaient envoyés en Amérique dans des bateaux négriers, et qu'ils seront abandonnés à Port-Louis sans aucun soutien ?
*
« Rivage de la colère » est un cri de douleur et de rage face au déracinement d'un peuple.
Je ne connaissais pas l'histoire des Chagossiens et c'est donc révoltée que j'ai suivi leur combat pour retrouver leurs îles. de nombreuses années de procédures judiciaires et d'actions pour que leurs revendications soient reconnues comme légitimes.
*
Nourrie par sa propre histoire, l'autrice signe un beau roman bien documenté qui parle d'amour, de souffrance, de doute, d'espoir, d'exil, de perte identitaire, de courage, de lutte, de droit, de justice. Une histoire poignante à découvrir.
*

"Tout n'est pas à vendre. On n'achète passa la dignité. On n'achète pas un pays. On n'achète pas l'âme ou la foi. Certains choses sont sacrées et doivent le rester."
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