Protocole gouvernante

Vous prendrez ce livre, le regarderez sous tous les angles, puis vous l'ouvrirez. Alors vous débuterez sa lecture. Vous serez interpellée par ce procédé littéraire. Vous attendrez de voir disparaître ce "vous" injonctif mais il perdurera. Vous vous demanderez alors comment l'histoire se finira lorsque vous aurez remarqué que la gouvernante agit comme si elle était la marionnette d'un être supérieur. Vous aurez déjà lu 50 pages et attendrez que quelque chose arrive. Vous vous accrocherez. 80 pages. Allez ! Vous persévérerez en vous demandant toutefois comment cela se terminera.
Puis au terme de cette lecture, ce "vous" vous aura lassée. Il aura créé une distance vous rendant spectatrice de l'histoire. Vous serez restée sur le bord de la route.
Vous aurez finalement trouvé le temps bien long et n'aurez pas du tout été convaincue par l'histoire.

Dans une société qui semble dystopique mais guère éloignée de la notre, l'histoire du Protocole est contée par un narrateur qui dicte un scénario très bien orchestré, à une jeune femme. Tout a été analysé, cadencé, et pour que sa mission soit menée à bien, il faut qu'elle en suive fidèlement chaque mot et chaque tempo. le rythme est important, essentiel. Celui qui guide ses pas et qui nous invite à les suivre emploie le « vous ». Par ce pronom, il nous associe encore plus à elle… « Vous irez sonner chez eux un mercredi. Au mois de mai. Vous serez bien habillée, avec ce qu'il faut de sérieux dans votre manière d'être peignée. Vous ressentirez un léger picotement dans le bout des doigts. Il vous faudra tourner la tête et projeter votre regard sur le voisinage pour recouvrer votre calme. Ce qui finira par survenir, à la vue des pelouses bien tondues et du soleil qui dessine les contours de chaque chose… ».
La jeune femme suit à la lettre chacune de ses anticipations et lui voue une admiration et une confiance absolue. Dès les premières lignes, on comprend qu'elle a une mission à accomplir et qu'elle n'est qu'un pion sur l'échiquier. Mais le mystère est total.

Elle se présente pour le poste de gouvernante dans une famille aisée pour s'occuper de leur deuxième enfant, une petite fille de cinq ans qui se nomme Elena. le mari et la femme trop pris par leur travail, ont sollicité ses services pour gérer également le quotidien de la maison. Dans une ambiance aseptisée et très conventionnelle, elle est considérée comme un androïde. Elle suit des rituels, doit se faire très discrète, parler quand on lui demande de parler et se tenir à l'écart ; aucune fantaisie. Cette distance prévue par le protocole est une manigance car au fil des jours, son comportement doit changer. Sans trop de hardiesse, elle doit gagner la confiance du couple et créer une complicité. Habilement, une toile se tisse.

Le narrateur pare au moindre détail, même pour les situations qui s'accompagnent d'un « si ». le souffle s'accélère et l'angoisse monte crescendo. Des connivences avec la femme qui s'extériorise de plus en plus, oubliant ses névroses, et qui la convie à regarder une série télévisée avec elle, instaurant ainsi une familiarité anticonformiste… jusqu'à une entente charnelle avec le mari, le protocole mène la jeune fille au terme de ce qu'il doit se passer.

Sur un ton faussement monotone, l'intrigue captivante devient envoûtante lorsqu'on comprend que la jeune femme n'est pas seule à agir et que d'autres personnes larvées un peu partout n'attendent que le signal final pour se manifester. On parle alors de chaos.
L'auteur nous livre une fiction très originale qui glace le sang. Son univers nous rappelle un peu celui de « La servante écarlate » et les temps anarchiques des révolutions. Dystopie, thriller, conte terroriste, il est un futur que nous n'aimerions pas connaître. Nous refermons le roman, songeur…
Un livre surprenant à recommander !

Bonsoir,
Un livre intrigant ce soir, que j'ai lu dans le cadre des livres voyageurs des Booktrotteuses (sur instagram) « Protocole gouvernante » de Guillaume Lavenant aux Éditions Rivages. Une structure particulière le livre se présente comme un « mode d'emploi » de ce que le personnage principal doit faire. Une atmosphère angoissante se met en place au fur et à mesure de la lecture, on a envie de savoir quelle va être la finalité de ce protocole. Je ne sais pas si j'ai aimé ou pas mais c'est un livre très particulier (déroutant, innovant) qui est à découvrir.
Quatrième de couv. Dans une banlieue paisible, au sein d'une famille en apparence idéale, l'arrivée d'une gouvernante aux desseins mystérieux sème le trouble. Un premier roman hypnotique, très cinématographique et d'une grande puissance narrative.

Depuis « Chanson douce » je sais qu'il faut se méfier des nounous… J'ai voulu croire que l'héroïne de Guillaume Lavenant serait différente…

Je l'ai donc suivi dans sa prise de fonction, au sein d'une famille en apparence idéale, dans une banlieue pavillonnaire, coquette et tranquille. Elle est embauchée pour s'occuper de Emma, une fillette de 4 ans. Elle va tout faire pour se rendre indispensable, devenir à la fois la confidente et l'objet de tous les désirs au sein de cette famille sans histoires…ceci en respectant à la lettre un protocole écrit par le mystérieux Lewis.
Que dire ?... A part que la lecture m'a happé ! Je pense que c'est surtout le style de l'auteur qui m'a déstabilisé et donné envie de savoir. Des chapitres (ou plutôt paragraphes) courts, percutants et un ton très directif : l'auteur s'adresse à nous comme à sa gouvernante en nous dictant les actions à accomplir pour le bien de la mission. On devient spectateur-acteur de ce roman, on est dans la peau de cette gouvernante, on applique les recommandations sans vraiment comprendre pourquoi (la gouvernante, elle, semble le savoir).
Je pense que le plus marquant est cette absence d'émotions. J'avais l'impression que nous étions en « mode automatique », sans faculté de ressentir, réfléchir, juste suivre les règles dictées par le narrateur. La gouvernante, elle non plus, ne semble avoir aucune émotion, comme absente de cette réalité, robotiser.

On se retrouve plongé dans un engrenage dont on sent, dès le départ, qu'il sera dramatique. Une lecture surprenante, addictive, oppressante et très noire. Un petit bémol: je suis restée sur ma faim...sans comprendre le pourquoi de ce protocole et cette action, entre militantisme et secte? je ne sais pas ...

Mais avant, je vous le redis : il faut définitivement se méfier des nounous !!!

La baby-sitter et le motard qui viennent, inexorablement… Un inquiétant tour de force de fantastique politique servi par une écriture méticuleuse.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/05/03/note-de-lecture-protocole-gouvernante-guillaume-lavenant/
Lien : https://charybde2.wordpress...

"Vous irez sonner chez eux un mercredi."
L'auteur s'adresse-t-il à nous, lecteurs,ou à son personnage principal ? Pour moi, cette voix ordonne à la gouvernante, la dirige dans ses moindres actions. Cependant l'auteur joue sur l'ambigüité de son procédé littéraire. Cette voix lancinante dure, dure, c'est angoissant. La gouvernante suit son protocole à la lettre. Que mijote-t-elle ? Quel but doit-elle atteindre ? On a hâte de savoir, un peu peur aussi.
L'aboutissement reste somme toute mystérieux. C'est à la fois un anéantissement et les prémices d'un recommencement. A l'identique ?
Un roman original avec une fin dérangeante.

J'ai beaucoup aimé lire ce "protocole", sorte de manuel à l'usage d'une jeune femme, dont on comprend qu'elle n'est pas seule à appliquer consciencieusement les consignes des énigmatiques leaders d'un "club", Lewis et Strand.

Le narrateur s'adressant directement à la "gouvernante", en anticipant toutes les situations qu'elle rencontrera et en lui intimant avec considération d'y réagir d'une certaine manière, "et ce sera bien ainsi", le rendu est très original et immersif.

Le propos développé est en partie un refrain connu des gauchistes : l'inanité de la petite vie de famille bourgeoise (avec comme buts le statut social, l'argent, le confort, et comme résultats l'insatisfaction, les enfants délaissés, qui ne sont qu'un attribut social de plus, l'individualisme et l'aveuglement face à un monde dévié, qui s'éloigne de la Nature)...

Mais si les bourgeois en question sont ici malmenés, ils le sont en quelque sorte avec bienveillance, sans mépris ni colère.

Le livre traite également des états d'âme des "infiltrés", de la difficulté de garder la foi en ses idéaux et la détermination d'agir pour les "résistants".

La fin n'est pas ce que j'ai préféré du livre... Un certain fantasme d'une certaine frange politique s'y réalise, tout en admettant que les forces conservatrices ne mettraient alors pas longtemps à reprendre le dessus...

Glaçant à souhait ! Ecrit entièrement au futur et à la 2ème personne, c'est le mode d'emploi que doit suivre la gouvernante, embauchée dans cette famille bourgeoise. le but de ceux qui l'envoient : se rendre indispensable à chaque membre de la famille et les déstabiliser jusqu'au chaos final ! Car c'est une apparemment à une entreprise d'envergure qu'on a affaire !
Roman au rythme lent qui laisse monter la tension efficacement et interroge : peut-on aller contre l'ordre
établi ?

Une drôle d'histoire que je n'ai pas complètement saisie mais peut-être était-ce voulu par l'auteur qui parle dans ce roman de la manipulation exercée par les uns sur d'autres. Intriguant mais addictif par sa narration particulière qui explique à l'héroïne les modalités du protocole avec un détachement glaçant.

« Protocole gouvernante », Guillaume Lavenant, RL2019, Rivages

J'ai attendu, j'ai compté les pages, lu l'accroche (au bout de la soixante cinquième page) pour m'aider à comprendre et m'accrocher… mais rien… je n'ai rien compris.
Ni le but du protocole que doit suivre la gouvernante, ni l'organisation mystérieuse qui fomente « l'action », ni l'eau versée dans les lames du parquet, ni le costume emprunté dans l'armoire du mari, ni la poudre versée sur leur nourriture, ni la série télévisée qu'elles regardent et qui est longuement décrite, ni l'histoire lue à l'enfant, ni les travaux dans la maison imposés par l'expert, ni les enfants abandonnés dans la forêt…

S'ajoute à cela l'emploi du « vous » et du futur qui distancie encore plus le récit le rendant lointain et pourtant précis (« Vous éprouverez une troublante impression, presque sacrilège, d'être ainsi assise à ses côtés… »).
J'ai observé froidement ces personnages, sans en comprendre la psychologie, que ce soit celle de la gouvernante, du couple, du fils ainé, du complice à moto.

Quel est le but du protocole ? Quel est le but de leur action ? Qui sont ces gens ? Une révolution ? Un chaos ? L'ennui du lecteur ?
Tout simplement quel est l'intérêt de ce roman ? Une bon bouillon cérébral où tous ceux qui n'auront rien compris seront traités d'imbéciles terre-à-terre ? Je veux bien endosser ce rôle et demander à ce qu'on arrête un peu de se fiche de nous !

L'implicite à outrance tue la compréhension !

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